Stèle du Mont Gerbier de Jonc, Saint-Martial (Ardèche)
Légende :
Le long de la D378 au pied du Mont Gerbier de Jonc sur la commune de Saint-Martial (Ardèche) se trouve cette stèle commémorative érigée en mémoire des maquisards et de l’État-Major Drôme-Ardèche de la section Atterrissage-Parachutages hébergés à partir de l’été 1943 dans un chalet situé à quelques mètres du monument.
Genre : Image
Type : Monument
Producteur : Frantz Malassis
Source : © Coll. Frantz Malassis Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Mai 2018
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Saint-Martial
Analyse média
Texte de la plaque centrale : « Furent hébergés dans ce chalet dès l’été 1943, des maquisards pourchassés ainsi que l’État-Major Drôme Ardèche de la section Atterrissages Parachutages. Les équipes Armée Secrète d’Aubenas et FTP Ardèche réceptionnaient d’importants colis (armes et personnels) sur les terrains Adjoint et Acanthe situés à proximité. »
La plaque commémorative est fixée sur la représentation d’un poste radio émetteur surmonté d’une croix de Lorraine noire et d’un parachute blanc.
Auteur : Frantz Malassis
Cette sculpture, oeuvre du ferronnier d’art Philippe Poulard, de Lamastre, a été inaugurée le 24 juin 2017 par Hervé Saulignac, président du Département de l’Ardèche et Bernadette Roche, conseillère départementale déléguée à la ruralité et à la forêt, présidente du Syndicat mixte de la montagne ardéchoise.
Présentation de l’œuvre réalisée pour le mémorial de la résistance du Gerbier.
RESISTANCE.
Aucun autre mot n’aurait davantage pu éveiller l’élan créatif de Philippe Poulard.
Reprendre le fil de l’histoire, être à l’écoute des jours noirs et du combat des justes.
L’homme aux mains de métal s’est plongé dans l’âme des résistants.
Lui-même, lutteur de l’existence, sait que pour avancer il faut, quelquefois, lever les poings.
Cette œuvre, il l’a voulu intemporelle, universelle et pourtant, elle ne pourrait être ailleurs qu’ici.
Une invitation à scruter la ligne d’horizon, à tendre l’oreille pour les entendre arriver.
Les résistants d’ici et de partout n’ont demandé ni stature, ni honneur.
Cette œuvre est de l’un des leurs, d’un de ceux qui les tiennent en estime.
Elle s’est posée en ce lieu pour le temps long, le temps de la mémoire.
Cet hommage, dans lequel le ferronnier d’art Philippe Poulard a mis tout son cœur, tient en trois mots : RESISTANCE, RESISTANCE, RESISTANCE.
Site de Philippe Poulard : https://www.le-fer-savoir.fr
Contexte historique
Parachutages en Ardèche : le SAP (Service d'atterrissages et de parachutages)
Ce service, en relation avec Londres, est mis en place à compter du mois d'août 1943. Il comprend un responsable national, un responsable par région qui supervise des responsables départementaux qui sont tous des résistants locaux, présentant les meilleurs garanties de sérieux et d'efficacité. La Drôme et l'Ardèche ont un chef commun, Henri Faure : "Gérard", secondé par trois adjoints : Firmin Faure: "Etienne", Léon Faille : "Constant " et Maxime Junique : "Marius". Ils sont basés dans la Drôme qui a reçu les premiers parachutages de matériel, dont une partie infime a été remise aux résistants ardéchois, à la fin du mois d'octobre.
Le 12 novembre, deux membres de l'équipe SAP, Henri Faure et Léon Faille, récupèrent John Brough, seul rescapé de l'équipage d'un appareil de la RAF en mission de parachutage dans la Drôme, mais qui a percuté une montagne près de Marcols-les-Eaux, en Ardèche. Ils le ramènent à Valence via Lyon, le chef national du SAP le renvoie en Angleterre.
Dans l'Ardèche, la prospection de terrains a été entreprise sur le plateau, dans les environs du Gerbier des Joncs, par différents réseaux mais sans coordination. A la fin de l'année 1943, le SAP reprend cette prospection. Henri Faure a pris contact avec Michel Bancilhon, qui, aidé par Pierre Fournier, Pierre Bertrand et toute une équipe, établit un réseau de terrains remplissant les conditions exigées : dimensions, aptitudes à la réception et des caches pour les armes reçues.
Les coordonnées des terrains sont transmises au délégué régional SAP, puis proposées aux Britanniques qui homologuent les terrains, en leur affectant un numéro à la suite du nom conventionnel.
Au Gerbier des Joncs : "Acanthes 201" ; "Adjoint 202".
A Lanas (Aubenas) : "Acier 242"
A Plats (sud Tournon) : "Ail 206" ; "Grand-Duc 323"
A Bourg-Saint-Andéol : "Albatros 236" ; "Argus".
Au Cheylard : "Afficheur"
A Quintenas : "Jade"
Ces terrains étant presque tous dans la partie sud du département, c'est le groupe de résistants d'Aubenas, sous les ordres de Bancilhon, qui est chargé de l'organisation des opérations de signalisation et de réception des parachutages et du stockage du matériel récupéré. Pour les terrains "Acanthes" et "Adjoint", le maquis du Gerbier des Joncs, installé à la Chave de Fialon, assure la protection et aide au ramassage des containers.
Le plateau ardéchois, avec des chutes de neige abondantes, et la "burle" qui souffle souvent n'est pas un bon choix pour les parachutages hivernaux. Malgré la souffrance des hommes qui se rendent sur place chaque fois qu'un parachutage est annoncé, les échecs se succèdent pendant tout le mois de février 1944. Le premier parachutage réussi à lieu sur le terrain "Ail" à basse altitude, bien dégagé et sec, le 8 mars 1944. Le terrain "Acier" est utilisé en mars dans les mêmes conditions. Les terrains "Acanthes" et "Adjoint" ne sont actifs qu'en avril.
A la mi-mars, une équipe permanente du SAP s'installe à l'hôtel de la Poste à Vals-les-Bains. Elle est dirigée par Firmin Faure, qui a quitté Valence pour échapper à la Milice. Le matériel parachuté est récupéré par l'équipe d'Aubenas, qui le stocke dans sa région. Les responsables du SAP prennent conscience de l'anomalie des transports inutiles et dangereux des armes du sud au nord du département et vice-versa. En avril, ils accordent deux parachutages sur le terrain "Adjoint" destinés à équiper les résistants du Nord. Firmin Faure confie les messages à Louis -Frédéric Ducros "Frédo" et c'est un détachement de la 7101e compagnie FTP qui assure la réception et le stockage du matériel. Les deux missions sont exécutées sans ennui.
En juin, l'équipe du SAP s'installe au châlet du Gerbier-des-Joncs et y séjourne en juillet et août. Son activité diminue avec l'entrée en action de l'équipe SFU 4 et l'importance prise par le terrain "Tandem". Au début du mois d'août, l'Etat-major interallié donne l'ordre d'aménager un terrain d'atterrissage pour le débarquement de troupes aérotransportées. Le SAP avec Firmin Faure détermine l'emplacement d'une piste de 1200 m de long et 80 m de large dans une lande au nord d'Usclades et Rieutord. Les 7121e et 7122e compagnies FTP exécutent les travaux de terrassement aidées par un engin de compactage fourni par Pierre Bertrand, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. Terminé le 10 août, le terrain, nom de code "Fiacre", est homologué par deux officiers américains. Il peut être utilisé pour des atterrissages ou des parachutages. Le 22 août, il est mis en alerte : plusieurs planeurs sont attendus. La progression des troupes alliées dans la vallée du Rhône étant plus rapide que prévue, l'opération est annulée. En six mois, le SAP a réceptionné 80 avions de matériel et une douzaine d'hommes parachutés. C'est elle qui, dès le mois de mars 1944, a permis aux maquis ardéchois de s'équiper correctement, de faire des dépôts d'armes et de garder l'espoir.
Pierre Millet in CD-ROm La Résistance en Ardèche, AERI, 2004