Faim de Liberté ou les mémoires d’un jeune résistant ardéchois

Légende :

Faim de Liberté ou les mémoires d’un jeune résistant ardéchois est publié par Le regard du monde en 1986

Genre : Image

Type : Ouvrage

Source : © A. Martinot Droits réservés

Date document : 1986

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

Auteur :
Guy Dürrenmattt, 1925-2014, natif de Lamastre, est resté, sa vie entière, très attaché à cette petite ville, à sa famille, à ses amis et à ce département de l’Ardèche ainsi qu’aux régions limitrophes. Ses publications en témoignent à la fois par leurs titres et leurs contenus : l’Ardèche au coin du feu, les marchés de l’Ardèche de 1900 à 1939, les contes du Mastrou, foires et marchés en Ardèche et Haute Loire, trains à vapeur et autorails en Ardèche et Haute Loire, le Rhône autrefois, Casimir l’Ardéchois, croque vie, Bertille ma grand-mère…. Il est « Ardéchois coeur fidèle ».

Analyse :
Dans Faim de Liberté ou les mémoires d’un jeune résistant ardéchois, publié par Le regard du monde en 1986, Guy Dürrenmatt retrace dans un livre de 122 pages son itinéraire entre 1943 et 1944. Une phrase de la page 9 explique le titre « Il n’y a pas de vie sans liberté » et à cette époque la liberté est bafouée avec l’occupation allemande, les arrestations arbitraires, la délation générant méfiance, peur.... Dans un langage simple, direct, ce récit autobiographique est divisé en 20 chapitres, sans titre et de longueur inégale. Quelques photographies et des cartes postales l’illustrent. Cette histoire personnelle explique sans doute l’absence de documents d’archives, d’une chronologie et des sources éventuellement utilisées.


Alain Martinot

Contexte historique

Plus de quarante ans après son vécu d’adolescent puis de jeune homme pendant les années sombres de la deuxième guerre, Guy Dürrenmatt témoigne pour apporter sa pierre à « l’oeuvre capitale de la défense de la liberté ». Sachant la mémoire sélective et sa fragilité avec le temps qui passe, il réclame dans son avant propos l ‘indulgence des lecteurs.

A partir de novembre 1942, la zone libre, dont l’Ardèche, est à son tour occupée. Repéré (chansons, distribution de tracts, collages d’affiches), Guy Dürrenmatt doit interrompre ses études à Valence où des soldats ennemis sont présents. Il revient à Lamastre. A plusieurs reprises dans l’ouvrage, il parle du partage de la population en deux groupes diamétralement opposés: pétainistes et collaborateurs d’un côté et résistants « qui refusent de marcher courbés » de l’autre sans oublier le plus grand nombre qui suit le maître du moment (page 68). Le 23 juin 1943, lors des feux de la Saint Jean, des effigies de Laval et d’Hitler sont brûlées et La Marseillaise est chantée. Deux jours plus tard avec deux de ses camarades : Noël et Pâteux, il est arrêté et envoyé à la prison de Valence. Ils comparaissent devant le tribunal de Tournon et sont condamnés à la prison avec sursis. Le préfet décide d’un séjour de durée indéterminée en camp d’internement, celui de Saint-Paul-d’Eyjaux dans la Haute Vienne où ils deviennent des numéros avec la faim pour compagne. Un de leurs camarades de Lamastre : Sagnol les rejoint sur simple lettre de cachet du préfet. La condamnation du tribunal de Tournon jugée trop clémente, ils comparaissent devant la cour d’appel de Nîmes mais la sentence demeure inchangée. Début octobre, Sagnol et Noël partent volontaires pour le mur de l’Atlantique (agence Todd) d’où ils vont s’évader, Pâteux est libéré le 13 octobre. Ce même mois les prisonniers politiques du camp sont dirigés vers celui d’Eysse et les résistants dont Guy Dürrenmatt sur celui de Saint-Sulpice-la-Pointe dans le Tarn. Le 10 novembre il est libéré, et retrouve à Lamastre Pâteux.. Ils créent une entreprise de bûcheronnage et reprennent leurs activités au sein du Front national : distribution de tracts, journaux, affiches.... A l’approche de soldats allemands, avec Pâteux ils disparaissent. La ferme de Juventin est brûlée [début mars 1944 et 3 personnes sont tuées]. De retour à Lamastre ils intègrent un groupe d’action FTP peu armé dans lequel Guy Dürrenmatt devient Gilbert. Ce groupe fusionne ensuite avec le Sampaix. L’arrivée de soldats allemands à Lamastre à la recherche de juifs les amène à récupérer et à cacher deux enfants juifs dont la maman sera déportée et ne reviendra pas. Fin avril 1944, suite à la réception d’explosifs, de munitions ...l’auteur s’entraîne à remonter une sten, à monter des grenades Gamon anti char, à tirer. Après quelques jours comme réceptionniste en métaux non ferreux à Satillieu, il participe à sa première mission en groupe : s’emparer des armes de la gendarmerie de Vernoux. Avec le débarquement du 6 juin, Lamastre, en fête, est définitivement libérée, la mairie est occupée, le maire tué. Cette épuration sauvage lui fait écrire page 88 « la justice immédiate est une mauvaise justice, mais tant des nôtres sont morts, tant d’innocents ont été massacrés que ce déchaînement de violence qui, comme feu de souches, couve depuis trop longtemps, est inévitable». Lors d’un contrôle des voyageurs du Mastrou, deux miliciens sont arrêtés et exécutés. Le 10 juin il participe au sabotage du pont de chemin de fer qui franchit la rivière d’Ay à Sarras. Le 16 juin l’opération récupération d’armes d’un groupe de GMR à Saint Etienne est mouvementée, trois des participants sont arrêtés et n’ont plus été revus. Le 5 juillet deux sections de la 7 101 Cie FTP à laquelle il appartient envoyées au Cheylard subissent l’attaque par les allemands de leur car en panne alors que les ordres reçus parlaient d’ennemis encore loin. « Le manque évident de transmissions, ajouté, je pense, à des antagonismes d’individus galonnés mais irresponsables, causèrent la mort de nombreux civils et résistants durant cette bataille » (page 108). Les 6, 16 juillet et 20 août, il mentionne les bombardements aériens allemands sur Lamastre. Alors qu’il est acteur d’un parachutage [ le 12 août sur le terrain Tandem de Devesset ], un jeune soldat [Henri Vert] est tué par un container dont le parachute s’est mis en torche. Après avoir pris part aux combats pour la libération de Lyon, fin septembre voit son retour à Lamastre car il doit subvenir aux besoins de sa famille et début décembre il est libéré. 


Alain Martinot