Croquis du sabotage du pont de Livron-sur-Drôme
Légende :
La destruction d'une arche du pont sur la Drôme fut un fait majeur de la Résistance drômoise.
Genre : Image
Type : Carte
Producteur : réalisation Alain Coustaury
Source : © Archives Alain Coustaury Droits réservés
Détails techniques :
Carte numérique couleur.
Date document : 2005
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Livron-sur-Drôme
Analyse média
Le croquis situe le lieu du sabotage le plus important réalisé par la Résistance dans la Drôme. Au sud de la bourgade de Livron, la route nationale 7 enjambe la rivière Drôme par un pont en pierre comportant trois arches. La rivière Drôme est un cours d'eau au régime méditerranéen. Son lit majeur est donc très large, son lit mineur divague selon crues et étiages. La route nationale 7 était l'axe routier majeur de la vallée du Rhône et constituait pour l'armée allemande une voie essentielle pour ses mouvements. Sur la rive droite de la Drôme, la voie ferrée Livron-Veynes était, à l'époque, importante. Elle permet d'accéder au massif alpin après avoir desservi les bourgades de la vallée de la Drôme, Crest, Saillans, Die, avec notamment une liaison quotidienne Paris-Briançon aller-retour.
Auteurs : Alain Coustaury
Contexte historique
Le 15 août 1944, les troupes franco-américaines débarquent sur les côtes de Provence malgré l'opposition de la XIXe armée allemande. Ce même jour, à 16 heures 30, le capitaine Henri Faure (« Gérard », « Albert »), chef de la SAP reçoit un message du commandant De Lassus Saint-Geniès (« Legrand ») chef des FFI de la Drôme : « Faites sauter le pont de Livron, rendez compte de l'opération ». Le matin du 16, Henri Faure vérifie l'armement disponible. Il effectue une reconnaissance le soir, vers 19 heures. Tous les véhicules allemands présents pendant la journée autour du pont ont disparu. Il ne reste plus qu'un cantonnement d'hommes de la batterie de Flak. Des convois d'artillerie remontent vers le nord vers 21 heures. Henri Faure maintient l'opération. Il fixe le rassemblement du groupe à la ferme Brunel, située 3 km à l'est, en amont du pont. Le groupe est au complet à 22 heures. Les consignes de sécurité sont précisées. Le départ est donné à 22 heures 30, les hommes approchent du pont en suivant la voie ferrée Livron-Veynes, Paris-Briançon, ligne ne fonctionnant plus à cause des sabotages. Un groupe de protection est placé au nord du pont. Il est composé de Philippe Monnier, Louis Valette, Jean Boyer, Maurice Brunet, Léon Brunel, Pierre Chastel et Jean Mathon. Son armement est constitué d'un fusil-mitrailleur, de mitraillettes, de grenades et de Gammons. Le reste des hommes franchit le pont, courbés, protégés par le parapet en pierre. Le groupe de protection sud se divise en deux, un près de la ferme Courty à 100 mètres du pont avec Raymond Baulac, Raymond Bertalin, Camille Planet, l'autre près du pont, au bord oriental de la route avec Charles Comer, Jean Boulanger, Max Lafont, René Achard, Marcel Testut et Philippe Vitali. Une fois les protections mises en place, les mineurs opèrent en deux groupes. Commence la phase la plus délicate, creuser à l'aide de barres à mine deux puits de mine à 6 mètres d'intervalle. Afin d'éviter d'être découverts, les sapeurs espacent leurs coups, écoutent, protègent leur barre par des chiffons. Un arrêt du forage est provoqué par l'arrivée de véhicules allemands qui s'arrêtent au campement. Le travail reprend. Après avoir creusé la croûte de la route, on approfondit la cavité avec les mains qui rencontrent du sable. Les trous étant jugés suffisamment profonds, trois cellules de plastic sont placées dans chacun d'eux, un crayon allumeur, une mèche lente. Tout est relié par deux cordons détonants. Après vérification, le groupe de protection éloignée sud rejoint le groupe nord. Le repli s'effectue sans problème. Henri Faure et un compagnon allument alors les mèches. Le groupe se replie par la route départementale 93. Quelques minutes après, 180 kg de plastic explosent, détruisant l'arche sud du pont sur 27 mètres, longueur que ne pourront réparer les sapeurs du Génie allemand qui ne disposent pas de travées assez longues. La destruction du pont routier de Livron a eu plusieurs conséquences. Connue très rapidement par les Américains, ces derniers n'ont pas monté une opération aérienne pour tenter de détruire ce pont ce qui aurait immanquablement touché également la ville de Livron, jouxtant le pont. Sur le plan militaire, la destruction a fortement ralenti la retraite allemande, sans l'arrêter toutefois, comme il est parfois écrit. On peut considérer ce sabotage comme étant l'un des plus efficaces de la Résistance drômoise.
Auteurs : Alain Coustaury
Sources : récit de Henri Faure, témoignage de Maurice Brunet.