Analyse média

Cette scène est la seule à peu près conservée parmi l’ensemble des œuvres peintes par les jeunes du Chantier n°14.

Le ruban enroulé à gauche nous donne la légende du document : « KAROLVS MAGNVS » et « ROLANDVS ». Charlemagne, couronné et nimbé comme un empereur romain déifié, arborant évidemment la barbe légendaire, est vêtu d’un manteau bleu. Dans une main, il porte le globe désignant le territoire sur lequel s’exerce son pouvoir. La main gauche s’appuie sur son impressionnante épée dans son fourreau orné, symbole guerrier des héros chrétiens.
Devant lui, respectueusement incliné, soutenant son bouclier, Roland, très athlétique, sonne du cor. Il est dommage que les autres peintures soient illisibles, celle ci-dessus décrite devant se placer dans un ensemble thématique. Y trouvait-on Duguesclin qui a donné son nom au Chantier n° 14 ?

Contexte historique

Le groupement 14 « Duguesclin », d'abord installé dans la région de Grignan, est transféré à Die en avril 1941, il éparpille ses équipes dans tout le Diois. On y compte au total 1 422 jeunes le 17 septembre 1942, il en a 1 790 le 14 janvier 1943, et 732 lors de la libération du dernier contingent.

La 9e équipe, qui compte 160 garçons, s'installe à Creyers, village abandonné depuis une dizaine d'années, en ruines, En juillet 1941, elle dresse un mât sur lequel elle pourra monter les couleurs. Il est décidé de rendre vie au village : chaque équipe se voit confier une maison à restaurer et un coin de terre à transformer en jardin, En octobre, les jeunes réinstallent la cloche de l'église, Le village renaît effectivement, du moins par ses bâtisses.

Le 26 avril 1943, le groupe recrée la "vogue" (fête locale). Mais il n'est pas question de bal populaire : selon l'esprit pétainiste, une messe en plein air est célébrée, avec bénédiction des terres et des animaux, Le préfet arrive vers 17h et déclare que « comme Creyers, toute la France est à restaurer ». C'est au cours de ces trois années que les travaux de reconstruction se complètent d'une entreprise de décoration : des peintures murales naissent sur les parois de l'église.

Tout cela est bien illusoire car les jeunes, pour la plupart, vont déserter le CJ et rejoindre le camp de réfractaires au STO mis en place par des FTP. Le camp est attaqué par d'importantes forces des GMR d'Avignon le 26 février 1944. Les jeunes sont encore sans armes : dix-huit sont arrêtés et emprisonnés au collège de Die.