Mémorial du Lévézou, Saint-Léons (Aveyron)

Légende :

Ce mémorial inauguré le 24 août 2019 est situé sur la D911 à Saint-Léons, le long de la route en bordure des Pins de Vinhac.

Genre : Image

Type : Monuments et plaques

Producteur : Fabrice Bourrée

Source : © Cliché Fabrice Bourrée Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Août 2020

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Aveyron - Saint-Léons

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Analyse média

Ce Mémorial, qui est dédié aux victimes de la barbarie nazie, se compose de l’ancien monument existant des Pins de Vinhac et de huit stèles qui l’encadrent.

Ces huit stèles correspondent à celles qui jalonnent le bord des routes du Lévézou sur le canton de Vezins et dont les emplacements sont méconnus pour certaines. L’ensemble a été érigé pour rappeler le martyre des seize civils et des neuf résistants, fusillés ou tombés au combat, au cours du mois d’août 1944, dont les noms sont gravés dans le marbre des neuf stèles du Mémorial.


Contexte historique

Depuis l’aube, en ce matin du 19 août 1944, il y a beaucoup d’agitation à la ferme Gaubert d’Argols. Venant de la ferme de Boussayrets, la batteuse de Juillaguet a été installée la veille dans la cour de la ferme. Plusieurs voisins sont venus aider à dépiquer. Le soleil qui est déjà haut, commence à « cogner fort » en cette fin de matinée. Sur la machine à dépiquer et sur le gerbier, les hommes ont chaud, la sueur perle sur leur front et coule dans leur cou entouré d’un mouchoir. Partout la bonne humeur règne, les plaisanteries fusent, les rires éclatent, une jeune femme avec une bonbonne s’empresse auprès des hommes pour remplir le verre qui circule de main en main. Le vin frais tiré du foudre de la cave rafraîchit les gosiers asséchés par la poussière qui s’échappe des gerbes de blé.

Cette scène rurale, paisible, gaie, pourrait faire oublier que la France est sous le joug de l’Allemagne nazie depuis quatre ans. Mais le débarquement des alliés en Normandie a eu lieu le 6 juin dernier et la 1re Armée Française vient de débarquer en Provence. Les troupes allemandes d’occupation, menacées d’encerclement, ont entrepris leur repli vers l’Allemagne. Dans l’Aveyron, les maquisards amplifient leur action : embuscades, escarmouches et sabotages se succèdent. L’armée allemande, telle une bête féroce blessée, riposte aveuglément. Les stèles qui jalonnent les routes du Lévézou témoignent de ces actes odieux : Buscatels, La Franquèse, Le Baraquet, Saint-Léons, et bien d’autres, mais surtout, ici, aux Pins de Vinnac, symbole de l’horreur.

Oui, à la ferme d’Argols, en ce matin du 19 août, règne une ambiance de fête, la guerre semble loin, les Allemands préparent leur retraite, personne ne songe au drame, personne ne peut imaginer une terrible tragédie.

Et pourtant en cette fin de matinée, les balles crépitent au-dessus de la batteuse. Aussitôt quatre hommes s’enfuient dans les bois, les autres se mettent à l’abri, mais les Allemands sont déjà là. Sous la menace de leurs armes, ils rassemblent les hommes qui sont restés. Interloqués, l’étonnement plus que la peur se lit sur le visage des paysans. Soudain, un ordre de l’Oberleutnant claque. Aussitôt, une vingtaine de soldats dirigent, brutalement, à coups de crosses, les prisonniers vers la route de Millau. Peu après, le fils du fermier de La Devèze, Louis Vaissière, qui a été emmené pour une vérification d’identité, est poussé vers les prisonniers. Sous la menace des coups, ils sont obligés d’avancer d’un pas rapide.

Certains, parfois, trébuchent, aussitôt aidés par les plus vigoureux. Mais tous sont maintenant tenaillés par la peur, les plus âgés qui ont compris, tentent de rassurer les plus jeunes qui n’ont pas plus de 15 ou 16 ans. Des enfants. Arrivés sur la route, les Allemands prennent la direction de La Glène. Ils s’arrêtent un peu plus loin, ici, à cet endroit qui va devenir le lieu de l’exécution.

Les neuf innocents sont alignés par les soldats le long de la route. Les deux Albert sont côte à côte. Ils se tiennent par la main. Unis par l’amitié dans la vie, ils le restent devant la mort.

Victimes et bourreaux sont face à face. Aux soldats qui ont mis la mitrailleuse en batterie de l’autre côté de la route, l’Oberleutnant commande : « Feuer ! » Le cri qui s’échappe de la poitrine des fusillés ne couvre pas le crépitement des balles qui portent la mort. Lâchement abattus, les agriculteurs, le corps criblé de balles, s’écroulent sur le sol, sur cette terre qu’ils ont tant aimée, tant travaillée et qu’ils sanctifient aujourd’hui de leur sang. Après le bruit lancinant des rafales de la mitrailleuse, les coups de pistolet répétés à intervalles réguliers font comprendre à tous les gens des alentours que le coup de grâce vient d’être donné aux suppliciés. C’est fini. Il est environ 13 heures.


Auteur : Bernard Maury