Plaque en hommage à Henri Lion, Toulouse (Haute-Garonne)

Légende :

Plaque en hommage à Henri Lion, imprimeur résistant mort à Mauthausen. Avec son frère Raoul, ils imprimèrent de nombreux journaux clandestins, tracts et faux papiers durant l'Occupation. La plaque se trouve 23 rue Croix Baragnon, sur la façade de leur ancienne imprimerie.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Nathalie Bouyssès

Source : © Cliché Nathalie Bouyssès Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Septembre 2020

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

Plusieurs imprimeurs toulousains ont travaillé pour la Résistance. Leur rôle est fondamental à une époque où la propagande clandestine, une activité vitale, manque de papier et de moyens d'impression.

Quelques imprimeurs toulousains jouent un simple rôle de dépanneurs, en cas de besoins urgents. René Cerf Ferrière, responsable du journal Combat, se souvient ainsi que l'imprimeur Suc, " sur les bords du canal, au fond d'une cour", a joué en 1942 le rôle d'" imprimeur de secours " du mouvement : il a pu tirer un tract en 30000 exemplaires, avant que son matériel ne se détériore et n'oblige à avoir recours à  un autre dépanneur à Brive !

Beaucoup plus constantes et importantes sont les interventions des imprimeurs Lion et Castellvi. Henri Lion a son imprimerie au 3, rue Croix Baragnon ; il est considéré comme un franc-maçon, et il poursuit un idéal que l'avocat maître Perisse définit comme " un socialisme coloré d'anarchisme." Son frère Raoul tient une imprimerie moins importante au 2, rue Romiguières. Tous deux sont engagés à fond dans la Résistance. Ils impriment des tracts et des journaux clandestins, tels que Combat, Libérer et Fédérer ou Le Patriote. Ils répondent aussi bien aux demandes des mouvements et des MUR qu'à celles du Parti communiste, des FTPF ou des résistants espagnols de l'UNE. Le personnel leur est entièrement fidèle. En son sein se trouve un jeune apprenti : Georges Séguy, membre des FTPF et futur secrétaire général de la CGT. Plusieurs perquisitions sont effectuées par la Gestapo, elles ne donnent rien. Mais le 4 février 1944, c'est le drame. Cette même Gestapo, sans doute renseignée par un faux résistant qui fréquentait l'imprimerie, vient arrêter tout le personnel. Une souricière est tendue. Y tombent des personnalités de la Résistance toulousaine, comme Maurice Fonvieille et Adolphe Coll, deux anciens socialistes devenus membres de Libérer et Fédérer. Tout le monde est déporté. Raoul Lion meurt à Mauthausen le 12 septembre 1944, son frère le 21 septembre de la même année. Les deux ateliers d'imprimerie sont placés sous contrôle allemand et réalisent désormais des travaux  administratifs ou de propagande.

L'imprimerie Castellvi a les mêmes activités clandestines. Elle est située d'abord au 144 bis allée de Barcelone puis, à partir d'octobre 1943, au 6 rue Sainte-Ursule. Raymond Castellvi la dirige. D'origine espagnole, il appartient au réseau Andalousie et à Libérer et Fédérer. Il a des contacts avec plusieurs organisations résistantes, comme Combat, les FTPF, le Parti communiste ou l'Intendance des maquis. Lui aussi imprime des tracts et des journaux clandestins, tels que Combat, Libérer et Fédérer, Le Patriote ou Quarante Quatre. Egalement des publications espagnoles (comme le journal Reconquista de Espana) ou allemandes (comme Frei Deutschland). Les travaux sont payés au prix coûtant pour les grosses quantités, et sont fournis gratuitement pour le reste. La Gestapo procède à deux perquisitions, le 18 août et le 8 octobre 1943. En vain. L'imprimerie Castellvi continue à travailler pour la Résistance jusqu'à la Libération.


Michel Goubet in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009