Tony Bloncourt

Légende :

Tony Bloncourt photographié en 1937.
Membre des Étudiants communistes, il prit part à la manifestation du 11 novembre 1940.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir-et-blanc

Date document : 1937

Lieu : France

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Contexte historique

Né le 23 février 1921 à Port-au-Prince en Haïti, fusillé le 9 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant communiste ; membre du Front national, résistant membre de l’Organisation spéciale (OS) appelée après la guerre Les Bataillons de la jeunesse.

Issu d’une famille originaire de Guadeloupe mais installée à Haïti, neveu du député socialiste de l’Aisne Élie Bloncourt, et de Max Bloncourt, avocat à Paris, fils d’Yves et de Noémie, née Callerie, Tony Bloncourt demeurait depuis 1938 chez sa tante Yolande au 4 rue Félix-Voisin dans le XIe arrondissement. Étudiant à la faculté des sciences, il donnait pour vivre des cours de mathématiques à des particuliers ainsi que des cours de littérature à l’école Estienne jusqu’au 29 octobre 1940. Il était titulaire du baccalauréat en mathématiques et d’un certificat de mathématiques générales. Membre des Étudiants communistes, il prit part à la manifestation du 11 novembre 1940.

Sous la conduite de Gilbert Brustlein, les jeunes communistes du XIe arrondissement décidèrent d’agir contre les occupants. Tous étant très jeunes, sans formation militaire, Gilbert Brustlein les testa non sans hardiesse. Au cours du deuxième semestre de 1941, près de l’église de Ménilmontant, des affiches vantant les victoires nazies en URSS étaient placardées sur un mur. Fernand Zalkinov, Gilbert Brustlein, Acher Semahya et Tony Bloncourt se déployèrent arme au poing tandis que Christian Rizo, Roger Hanlet et Pierre Milan arrachaient les affiches. Les ménagères passant rue de Ménilmontant en furent apeurées. L’opération n’était pas sans risque.
Dans la nuit du 12 au 13 août, avec Roger Hanlet, Christian Rizo et Robert Peltier, il devait voler des clefs à tire-fond, outils indispensables pour saboter une voie ferrée et éventuellement faire dérailler un train. L’opération préparée par Robert Peltier de Goussainville échoua.
Le 21 août 1941 au métro Barbès, alors que Pierre Georges, futur colonel Fabien, tuait l’officier allemand Alfons Moser, Roger Hanlet, Acher Semahya et Tony Bloncourt suivaient l’officier payeur Schoetz au métro Bastille. Tony Bloncourt devait appuyer sur la gâchette, mais du fait de son manque de détermination, l’opération tourna court. Deux jours plus tard, de retour à Goussainville pour saboter un poste de repérage d’avions, Gilbert Brustlein menait le groupe composé de Pierre Milan, Roger Hanlet, Tony Bloncourt, Christian Rizo, Robert Peltier et Jacques d’Andurain, mais ce fut un nouvel échec.
Le 5 septembre 1941, Tony Bloncourt accompagna Fernand Zalkinov, Roger Hanlet, Acher Semahya, Christian Rizo et Pierre Milan pour incendier des camions allemands face au 11 avenue de Paris à Vincennes (Seine, Val-de-Marne), mais les dégâts furent peu importants.
Tony Bloncourt entretenait des relations amicales avec Pierre Daix et Christian Rizo. Par inconscience lors de l’équipée à Goussainville le 12 août, il révéla son identité à Roger Hanlet. Celui-ci, arrêté le 30 octobre 1941 par des inspecteurs de la Brigade spéciale de la police judiciaire, parla spontanément, sans violences ni contraintes. Des arrestations s’en suivirent, Tony Bloncourt quitta le domicile de sa tante et y échappa de peu.

Pendant deux mois, il réussit à échapper aux policiers de la BS2, mais le 5 janvier 1942 vers huit heures du matin, à l’issue d’une course-poursuite, Tony Bloncourt fut arrêté par des inspecteurs à l’angle des rues Gay-Lussac et de la rue Saint-Jacques, à Paris (Ve arr.). Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, Tony Bloncourt eut rapidement conscience que les policiers connaissaient l’essentiel de son activité dans l’Organisation spéciale.

Le procès des sept résistants des Bataillons de la jeunesse se déroula au Palais Bourbon du 5 au 7 mars 1942 face à un conseil militaire allemand qui leur imputa dix-sept attentats. Concernant la tentative d’assassinat d’un militaire allemand au métro Bastille, le 21 août 1941, où il n’arriva pas à tirer sur le soldat qu’il avait suivi, Tony Bloncourt déclara devant le tribunal : « Je ne sais pas ce que j’ai eu. À cette minute, à ce moment précis, je n’ai pas vu un officier allemand, je n’ai vu qu’un homme. »
Gilbert Brustlein, né dans le XIIe arrondissement, d’origine alsacienne, était présenté dans Le Matin comme un « Juif de Suisse, naturellement en fuite », donc, dans l’esprit du rédacteur, juif apatride et lâche (5 mars 1942). Albert Clément signa un article dans Le Cri du peuple avec pour titre : « Les sept terroristes sont condamnés à mort. » Les sept hommes âgés de dix-huit à vingt-sept ans ont été fusillés le 9 mars 1942 au Mont-Valérien. Il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).

Le 10 mars 1945 dans l’après-midi, une cérémonie commémorative s’y déroula en présence des parents de Christian Rizo et de Tony Bloncourt et de deux cent cinquante personnes. Des représentants des FTP et des Jeunesses communistes prirent la parole. Le nom de Tony Bloncourt figure sur une plaque commémorative dans le lycée Jacques-Decour (ex-lycée Rollin).
En mai 1999, André Rizo, frère de Christian, écrivit au président de l’Assemblée nationale. Il rappelait le procès qui s’était tenu en mars 1942. Le 9 mars 2000, un hommage solennel a été rendu aux sept combattants, soixante ans après le procès du Palais Bourbon. Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale, présida la cérémonie. Ils furent décorés de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance à titre posthume. Une plaque commémorative rappelle qu’ils sont « Morts pour la France ». 


Notice BLONCOURT Tony par Daniel Grason et Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 16 juin 2020.