Mounie (Samuel) Nadler

Légende :

Ecrivain et rabbin polonais arrivé en France en 1934, Mounié Nadler fut l’un des principaux rédacteurs du journal de la section juive Naye Prese, qui reparait dans la clandestinité à partir de l’été 1940 sous le titre d’Unzer Wort. Arrêté le 30 avril 1942, il est fusillé quelques semaines plus tard comme otage au Mont Valérien.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police - GB 135 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie anthropométrique

Date document : Avril 1942

Lieu : FranceParis

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Contexte historique

Ecrivain et rabbin polonais arrivé en France en 1934, Mounié Nadler fut l’un des principaux rédacteurs du journal de la section juive Naye Prese, qui reparait dans la clandestinité à partir de l’été 1940 sous le titre d’Unzer Wort. Arrêté le 30 avril 1942, il est fusillé quelques semaines plus tard comme otage au Mont Valérien.

Né en 1908 à Gliniany en Basse-Silésie (Pologne), Samuel Nadler suit un cursus d’études religieuses qui lui permettent de devenir rabbin. Ecrivain, il rédige également des poèmes et participe à l’écriture d’articles pour le journal Der Yud (Le Juif) qui est la publication d’un parti judaïque orthodoxe, Agouda (Union d’Israël). A la fin de l’année 1934, Samuel Nadler s’installe à Paris, au 6 rue Bellier-Dedouvre, avec l’objectif de mener des études supérieures en France pour devenir ingénieur. Il milite au sein de la section juive de la MOI et intègre comme journaliste la rédaction du journal Naye Presse (la Presse nouvelle), pour lequel il tient différentes rubriques et devient secrétaire de rédaction.

Naye Presse est interdit de publication à la suite du décret de dissolution du Parti communiste et de l’ensemble des organisations qui lui sont liées adopté le 26 septembre 1939 par le gouvernement Daladier. La section juive de la MOI se reconstitue dans la clandestinité au cours de l’été 1940 et publie à partir d’août 1940 Unzer Wort (Notre Parole). Samuel Nadler participe en septembre 1940 au domicile de Rex Puterflam à la première réunion du comité directeur de l’organisation clandestine qui adopte pour servir de couverture le nom de "Solidarité". Avec Joseph Bursztyn, Samuel Nadler rédige la page en français d’Unzer Wort pour les lecteurs juifs ne maîtrisant pas le yiddish. Il rédige surtout le premier numéro du journal clandestin J’Accuse dans lequel, reprenant le célèbre titre donné par Emile Zola pour son article publié dans L’Aurore lors de l’affaire Dreyfus, il s’efforce d’alerter la population française sur les persécutions dont sont victimes les juifs. Ce bulletin deviendra par la suite, en 1943, l’organe du Mouvement national contre le racisme (MNCR).

A la suite d’un attentat raté que devait perpétrer deux combattants communistes, Hersch Zimmerman et Saül Bot, qui ont fait exploser le 26 avril 1942 à leur domicile la bombe qu’ils préparaient, les Brigades spéciales de la préfecture de police intensifient la traque des militants communistes juifs. Plusieurs souricières sont organisées et neuf militants communistes sont appréhendés entre le 26 et le 30 avril, parmi lesquels Samuel Nadler, arrêté le 30 alors qu’il portait sur lui des faux papiers au nom de Jean Monier. Incarcéré à la Santé puis au camp de Compiègne, Samuel Nadler est fusillé comme otage au Mont Valérien le 11 août 1942, à l’âge de 34 ans. Dans son édition d’octobre 1942, Unzer Wort rendra hommage à son ancien rédacteur en précisant que "son nom demeurera dans l’histoire des masses juives en France car il incarnait leurs aspirations, leurs souffrances, leurs espoirs et leurs luttes". Incinéré au Père Lachaise le 29 août 1942, son urne sera inhumée par sa famille à proximité du mur des Fédérés à la Libération avec la mention suivante : "Mounié Adler, poète, rédacteur en chef de la Presse nouvelle clandestine, trente-quatre ans".


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Archives de la préfecture de Police de Paris, GB 185 (Samuel Nadler)
Notre Voix, zone non occupée, octobre 1942 : « Munie Nadler et Josek Bursztyn : honneur à la mémoire de deux vaillants combattants ».
David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, éditions du Renouveau, 1962.
Renée Poznanski, Propagandes et persécutions. La Résistance et le « problème juif », Fayard, 2008.