Les militants de l’Union de la Jeunesse juive (UJJ)
Légende :
Réunion au siège de l'Union de la jeunesse juive, boulevard des Belges aux Brotteaux à Lyon, automne 1944.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Fonds Max Weinstein Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Automne 1944
Lieu : France
Contexte historique
Dans les premiers mois de l’Occupation, les jeunes communistes juifs sont organisés dans la JC (Jeunesse communiste) française. En 1942, la JC parisienne connaissant d’importantes difficultés, il est décidé, notamment pour des raisons de sécurité, de séparer les jeunes communistes juifs de leurs camarades français et de les organiser dorénavant sous la direction de la section juive de la MOI. Au début de l’année 1943, la section juive de la MOI décide de se doter d’organisations de masse, l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE) à destination des adultes et l’Union de la jeunesse juive (UJJ) à destination de la jeunesse. En 1943, la direction nationale de la MOI juive victime de nombreuses arrestations se replie sur Lyon où elle s’installe définitivement. L’UJJ, stricto sensu, qui n’existe donc qu’à partir de la mi-1943, va surtout connaître un développement en zone Sud. Il s’agit d’une organisation qui se veut distincte des JC juives et qui a l’ambition d’être une organisation de masse, mais en dépit de la volonté de sa direction, elle restera très liée aux JC juives dont elle ne sera finalement que le regroupement des sympathisants.
Qui sont ces militants JC/UJJ ? Une première répartition par sexe donne le résultat suivant : 65% de garçons et 35% de filles. La majorité de ces “jeunes” ont entre 17 et 22 ans, mais ce qui surprend, c’est le nombre important de très jeunes militants. Même si le but proclamé de l’UJJ est de regrouper l’ensemble des jeunes Juifs, il ne se trouve, dans ses rangs, pratiquement aucun jeune Français israélite. Presque tous les jeunes de la JC comme de l’UJJ sont issus de l’immigration juive ashkénaze venue d’Europe centrale et orientale, la plus grande partie étant d’origine polonaise. Ils sont issus de familles modestes, d’artisans ou d’ouvriers travaillant dans de petits ateliers de vêtements, de cuir ou de fourrure. A 80%, ils habitaient Paris ou la région parisienne avant-guerre. Beaucoup se connaissaient avant leur arrivée à Lyon, Grenoble ou Toulouse. Ces jeunes sont largement intégrés à la société française, mais ils ont encore des liens avec leur culture d’origine, même si la plupart d’entre eux ne parlent pas et même, pour certains, ne comprennent pas le yiddish.
Combien sont-ils ? Le rapport mensuel de janvier 1944 de la JC juive en zone sud fait état, pour l’ensemble de la zone, de 165 jeunes communistes. À la même date, les effectifs de l’UJJ sont de 194. Quatre mois plus tard, le rapport mensuel de mai révèle une progression très sensible, puisque les JC sont 232 en zone Sud, dont 91 à Lyon, 42 à Grenoble et 26 à Toulouse, alors que les militants de l’UJJ sont passés à 352, dont 150 à 160 à Lyon, 50 à Grenoble et 30 à Toulouse.
Les organisations de jeunesse de la section juive de la MOI ont constitué, dès l’origine, un vivier dans lequel ont puisé les FTP-MOI qui recrutaient rarement des combattants n’étant pas d’abord passés par une structure “politique”. L’organisation de jeunesse constituait une sorte de passage obligé, de mise à l’épreuve, avant l’entrée chez les “sportifs”. Par ailleurs, l’UJJ, comme l’UJRE, commence à organiser, dès la fin de l’année 1943, des “groupes de combat” qui sont relativement actifs. Ceux-ci “récupèrent”, revolver au poing, des tickets d’alimentation dans les mairies, sabotent des panneaux indicateurs, s’attaquent aux vitrines de collaborateurs notoires… Il leur arrive même de désarmer des policiers ou de récupérer des armes sur des soldats allemands. Les actions sont, au fil des mois, de plus en plus coordonnées avec celles des “adultes” de l’UJRE et même, dans les semaines qui précédent la Libération, avec celles des FTP-MOI. Des jeunes de l’UJJ, constitués en trois unités vont participer activement à l’insurrection de Villeurbanne du 24 au 26 août 1944, aux côtés des combattants de Carmagnole.
Si certains dénient à l’UJJ, comme à toutes les organisations communistes juives, le droit d’accéder au panthéon de la « résistance juive », il nous semble que personne ne peut lui contester le qualificatif d’organisation juive de résistance.
Auteur : Claude Collin
Bibliographie
Claude Collin, Jeune Combat. Les jeunes juifs de la MOI dans la Résistance, Grenoble, PUG, 1998.