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Pierre Galais

Légende :

Recto : photographie extraite de l'Humanité du 5 octobre 1944 annonçant les obsèques de René Galais, dit capitaine Neuville, à Ivry-sur-Seine et détaillant le texte de sa citation à l'ordre de l'Armée.
Verso : Article complet

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Yad Vashem / fonds Tony Gryn Droits réservés

Date document : 5 octobre 1944

Lieu : FranceVal-de-Marne - Ivry-sur-Seine

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Contexte historique

Fils de l’architecte René Galais et d’Antoinette Guarco, Pierre Galais naît le 25 juin 1922 à Amiens. Etudiant, il commence ses activités résistantes vers la fin de l’année 1941 par la diffusion de tracts et journaux clandestins dont Pantagruel et Les Petites ailes de France.
Elève-ingénieur à l’Ecole supérieure du Bâtiment en 1942-1943, il prend la décision de passer à l’action directe. Avec quelques camarades, il constitue un groupe et réussit quelques coups de mains : destruction de voies ferrées, attaques de véhicules allemands isolés…
En juillet 1943, il suspend ses études pour entrer dans la clandestinité. En octobre 1943, devenu adjoint au chef national des liaisons du Mouvement de libération nationale (MLN), Jacques Jourda dit "Jacquemin", Pierre Galais développe un véritable service postal au sein de son organisation. Un service radiotélégraphique et un service télégraphique parfaitement camouflés lui permettent également de faire franchir la ligne de démarcation à tous les messages qui lui sont confiés. Recherché, il doit à plusieurs reprises changé de pseudonyme : "Breval", "Juin", "Frene" puis "Charcot". En août 1944, son chef est arrêté par les Allemands et Pierre Galais lui succède.
Au-delà de ses responsabilités nationales au MLN, il met en place des groupes-francs dans différents secteurs à Lille, Nancy, Caen, Rennes ou encore Bordeaux. A Paris, le groupe-franc de l'Organisation juive de combat (OJC) dirigé par Ernest Appenzeller et Lucien Rubel opère en liaison étroite avec le groupe franc Alerte de Pierre Galais.

Le 19 août 1944, jour de déclenchement de l’insurrection parisienne, "Charcot" devient le «capitaine Neuville" et se met à la disposition du colonel Rol-Tanguy, commandant des FFI d’Ile-de-France. 

Une fois la capitale libérée, il reprend sa véritable identité et prend le commandement de la 1ère compagnie du 1er Bataillon de marche de Paris (qui deviendra le 1/151e RI). Le 22 septembre 1944, le bataillon fait mouvement pour rejoindre le Groupement tactique de Lorraine (ancienne colonne Fabien). Arrivé en Lorraine depuis une dizaine de jours, le GTL opère aux côtés du XXXe corps d’armée américain. Le 1er bataillon, quant à lui, doit renforcer le 359e RIUS dans le secteur de Gravelotte.

Dans un historique conservé par le Service historique de la Défense à Vincennes, le commandant Jean-Raphaël Chagneau, membre de l'état-major du colonel Pierre Georges («Fabien)», détaille cette opération : "L'attaque fut décidée pour le 26 à l'aube. La 1ère compagnie (est) mise en place dans la nuit du 25 au 26 avec l'assurance d'un appui d'infanterie américaine. Les instructions écrites du capitaine Neuville lui prescrivent le nettoyage des trous de carrières de part et d'autre de la route, et la liquidation de toute résistance de la ferme Saint-Hubert. A l'aube du 26, une brume assez dense noyait le vallon de la Mance, brume qui s'éclaircit brusquement aux premiers rayons du soleil dégageant la visibilité, et d'un observatoire ennemi situé dans les bois de Vaux (observatoire repéré par la suite) fut déclenché un tir violent (probablement de mortiers) qui s'abattit sur les taillis où s'abritaient les sections de Neuville (5 h). Nous eûmes des morts et des blessés dont le capitaine Neuville qui, mortellement atteint (colonne vertébrale sectionnées), transmit, avec un admirable sang-froid, ses ordres écrits et verbaux à l'un de ses chefs de section, le lieutenant Michel». «Celui-ci lança l'attaque, nettoyant à la grenade les trous de carrière, progressant dans le secteur Nord de la Nationale 3 jusqu'aux abords immédiats de la ferme Saint-Hubert où un feu violent d'armes automatiques et d'artillerie provenant du Fort Jeanne d'Arc l'immobilise...» La ferme sera prise, et dans les jours suivants, le bataillon luttera pour conserver ces positions.

D’abord inhumé à Rizouville (Lorraine), le corps de René Galais est ramené et inhumé à Ivry-sur-Seine le 5 octobre 1944 à la demande de sa famille.
Cité à l’ordre de l’Armée avec attribution de la croix de guerre avec palme, René Galais est également promu à titre posthume chevalier de la Légion d’honneur et se voit décerné la médaille de la Résistance française (décret du 23 octobre 1945) transformée en médaille de la Résistance française avec rosette par décret du 24 avril 1946 (Journal officiel du 17 mai 1946). Les autorités américaines le décorent de la Bronze Star.
Le 14 décembre 1944, l’école d’application de Cachan choisit comme parrain de promotion Pierre Galais.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, DAVCC, Caen : AC 21P 190 482
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 239 397 (dossier individuel d’homologation) ; 12 P 25 (151e RI ) ; 13 P 77 (1er Régiment de marche de Paris).
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française (dont discours prononcé par M. Mounier, secrétaire général de l’Ecole d’Application de Cachan lors du baptême de la promotion Pierre Galais le 14 décembre 1944).
L’Humanité, 5 octobre 1944.
Michel Pigenet, Les "Fabiens", des barricades au front (septembre 1944-mai 1945), Paris, L'Harmattan, 1995.
« Volontaires 1944 » - http://sansculottes1944.blogspot.com/2019/09/la-mort-du-capitaine-neuville-gravelotte.html