Ninon Hait née Weyl

Légende :

Ninon Hait en 1942

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © wikimedia commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie d'identité en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Ninon Weyl est née le 2 avril 1911 à Mulhouse. Dans les années 1930, Ninon est cheftaine des Petites Ailes dans sa ville natale. Les Petites Ailes constituent la branche cadette de la Fédération française des éclaireuses, l’équivalent des Louveteaux chez les hommes, les Eclaireurs israélites de France (EIF) n’étant pas mixtes à cette époque. Elle épouse Sigismond Haït, fondateur en 1928 du groupe local des EI à Mulhouse.

En 1940, Ninon Hait et Robert Gamzon, fondateur et chef national des EIF, décident d’entreprendre une action de sauvetage au sein-même des camps d’internement et se mettent pour cela en liaison avec le Service social d’Aide aux Emigrants (SSAE) implanté à Lyon. C’est ainsi qu'une équipe d’entraide et de service social est mise pour être envoyée au camp de Gurs. Ninon Hait utilise les activités légales de cette équipe pour couvrir ses actions clandestines et notamment pour faire évader des internés la nuit.

Après avoir passé 18 mois à Gurs, elle se rend à Moissac où elle intègre la Sixième, mouvement clandestin issu des EIF. La zone Sud est alors divisée en six régions avec à leur tête un responsable et des adjoints. Ninon Hait est nommée responsable de la Sixième pour l’Auvergne. Elle prend pour fausse identité Nicole Harcourt, reprenant ainsi ses propres initiales.
Sa mission essentielle est de cacher et sauver les jeunes juifs, français ou étrangers, menacés de rafles ou dont les parents ont été arrêtés par la Gestapo ou par la police française. La Sixième dont l'organisation remontait à 1942, fabrique notamment de faux papiers, place des enfants dans des familles en France, fait passer les frontières pour rejoindre la Suisse, Londres ou la Palestine avant d'intensifier encore son action en rejoignant la lutte armée et les maquis. Selon le témoignage de Ninon Hait : « Nous ne travaillions pas en vase clos, mais nous avions beaucoup de contacts avec la Résistance française non juive qui nous fournissait souvent les adresses des familles pour cacher les gens. Nous nous rendions des services réciproques ».

En parallèle, Ninon Hait travaille avec Ninon Gourfinkel et l’abbé Glasberg. Ensemble, ils créent les centres d’accueil dès 1940, évitant la déportation de nombreux internés juifs de Gurs en leur fournissant des « faux papiers de chrétiens et Français ». Réfugié dans le Tarn-et-Garonne car repéré par les Allemands, l’abbé Glasberg présente Ninon Hait à l’évêque de Montauban, Mgr Théas qui lui apporte tout son soutien. Il sera reconnu en 1969 Juste parmi les nations, tout comme l’abbé Glasberg le sera en 2004. Ninon Hait s’installe quelque fois à Montauban dans l’enceinte de l’archevêché pour fabriquer des faux papiers qu’elle remet ensuite à Mgr Théas.

Ninon Hait poursuit son action jusqu’à la Libération. Elle meurt le 15 octobre 2007 à Fontainebleau, à l’âge de 96 ans.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-36 témoignage de Ninon Hait et Nina Gourfinkel, non daté

Lucienne Chibrac, "Assistance et secours auprès des étrangers : le Service social d'aide aux émigrants (SSAE) : 1920-1945", thèse de doctorat en Histoire moderne et contemporaine sous la direction de Yves Lequin soutenue en 2004 à Lyon 2.
« Les E.E.I.F. à Mulhouse et en Alsace » par Martine Weill–Gradwohl
Organisation juive de combat – France – 1940-1945, Paris, éditions Autrement, 2006.