Analyse média

Les timbres-poste et les documents annexes émis par la Poste sont l’occasion de commémorer des évènements marquants. Plusieurs éditions marquent des actions de Résistance.

Ici, il s’agit d’une carte émise lors du 30ème anniversaire de la Libération dédiée aux cinq communes françaises ayant reçu l’Ordre de la Libération : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Île de Sein. La carte comprend une pièce de soie reproduisant la Croix de la Libération et indiquant Compagnons 1940-46. Le timbre-poste oblitéré par un cachet portant le nom des cinq communes indique la date du 15 juin 1974. C’est une date commémorative moyenne ne correspondant à aucune date précise des évènements des cinq communes. Un texte, sur sa partie droite, explique ce qu’est l’Ordre de la Libération, notamment pour les cinq communes.

Le timbre de couleur bleu-vert et bleu marine est de facture très épurée. Il porte, en son centre, le médaillon du Collier du grand Maître de l’Ordre, retenu par deux glaives entrecroisés sur le bandeau d’une citation latine : « Patriam Servando, Victoriam Tulit » (en sauvant la Patrie remporta la Victoire). Au centre du médaillon, l’épée ornée de l’emblème de la France Libre est auréolée de rayons.

Sur le timbre, on peut lire les mentions : sur la gauche, verticalement, république française ; en haut, 30è ANNIVERSAIRE DE LA LIBERATION ; en bas ORDRE DE LA LIBERATION et au centre ILE DE SEIN, NANTES, VASSIEUX-EN-VERCORS, PARIS, GRENOBLE ; en bas, à droite, le nom du graveur M. MONVOISIN ; sur la droite, verticalement, POSTE 1974.

Le 15 juin 1974, il a été émis une carte générale concernant les cinq communes et une carte spécifique à chaque commune (voir album).

 

Contexte historique

L’Ordre de la Libération est créé le 16 novembre 1940 par le général de Gaulle pour récompenser tous ceux qui se sont particulièrement distingués dans la libération de la France et des Territoires d’Outre-Mer. La Croix de la Libération a été décernée à 1 036 Compagnons, à 5 communes et 18 unités.

271 Croix ont été attribuées à titre posthume, 65 des titulaires, déjà Compagnons, sont morts au combat ou en service commandé avant la fin de la guerre. Trois quarts des titulaires sont issus de la France Libre et seulement un quart des rangs de la Résistance. En parcourant la liste, je ne trouve qu’un Compagnon ayant un prénom féminin, d’autres prénoms peuvent prêter à confusion (Claude, Dominique). On remarque des noms étrangers, Winston Churchill, Mohamed V, par exemple.

Trois Compagnons sont nés dans la Drôme, Gustave André (Chabeuil), Jean-Marie Corlu (Saint-Donat-sur-l’Herbasse), Désiré Tourlet (Montélimar). D’autres étaient drômois sans être nés dans le département comme Tibor Revesz-Long, né à Budapest.
La première ville décorée est Nantes, le 11 novembre 1941, en souvenir des 21 fusillés de Châteaubriant. Le 4 mai 1944, c’est Grenoble qui est proclamée « ville héroïque à la pointe de la Résistance », puis c’est Paris, le 24 mars 1945, qui s’est « libéré par lui-même », Vassieux-en-Vercors le 4 août 1945 et enfin, le 1er janvier 1946, l’Île de Sein dont tous les hommes ont rejoint la France Libre.

Pour Vassieux, la citation est la suivante :

« Village du Vercors qui, grâce au patriotisme de ses habitants, s'est totalement sacrifié pour la cause de la résistance française en 1944. Principal centre de parachutage pour l'aviation alliée sur le plateau, a toujours aidé de tous ses moyens les militaires du Maquis dans les opérations de ramassage d'armes. Très violemment bombardé le 14 juillet, attaqué par 24 planeurs allemands les 21 et 22 juillet, a eu 72 de ses habitants massacrés et la totalité de ses maisons brûlées par un ennemi sans pitié. Martyr de sa foi en la résurrection de la Patrie. »
À remarquer l’erreur de date. Les planeurs ont atterri à Vassieux, les 21 et 23 juillet 1944.

Le 5 août 1945, lors de la première commémoration des combats du Vercors, devant la foule des résistants et de la population, Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance (CNR), accompagné du général Doyen et d’Yves Farge, remet la croix de la Libération à la commune de Vassieux-en-Vercors. 

Le rond-point au centre du village porte le nom des cinq communes Compagnons de la Libération.

Les cinq communes ont décidé de se lier par un pacte d'amitié, destiné à assurer la pérennité de l'Ordre, et à susciter des liens particuliers entre leurs collectivités respectives. Ce pacte a été ratifié le 3 décembre 1981, par messieurs Jacques Chirac, Maire de Paris, Hubert Dubedout, Maire de Grenoble, Alain Chenard, Maire de Nantes, Alain Le Roy, Maire de l'Ile de Sein,  Jacques Roux, Maire de Vassieux-en-Vercors. Les cinq maires ont également décidé de créer une « Association des cinq Communes Compagnon de la Libération », présidée à tour de rôle par chacun d'entre eux, ayant pour objet d' « assurer la pérennité des traditions de l'Ordre de la Libération et conserver la mémoire des Compagnons disparus ; d'organiser le 18 juin et le 9 novembre de chaque année des cérémonies commémoratives de l'appel historique et de la mort du général de Gaulle ; veiller sur le Musée et les archives de l'Ordre de la Libération en leur lieu ».

À l'avenir, lorsque les Compagnons de la Libération auront presque tous disparu, ces cinq communes joueront un rôle prépondérant dans la pérennité de l'Ordre de la Libération, grâce à l'instauration, prévue par la loi du 26 mai 1999, du Conseil national des communes « Compagnon de la Libération ».