Jacques Ravine (Jakob Szpejter)

Légende :

Jacques Ravine, son épouse et leur fille en 1942 à Paris.

Militant communiste polonais devenu l’un des cadres de la section juive de la MOI après son arrivée en France, Jacques Ravine est l’un des co-fondateurs en septembre 1940 de l’organisation « Solidarité » qui sert de couverture à la reconstitution dans la clandestinité de la section juive interdite en septembre 1939. Il participe ensuite, à partir du printemps 1941, au développement de la MOI en zone sud.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection particulière Droits réservés

Détails techniques :

Photographie extraite de : AACCE, Les Juifs ont résisté en France, 1940-1945, 2009

Date document : 1942

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Militant communiste polonais devenu l’un des cadres de la section juive de la MOI après son arrivée en France, Jacques Ravine est l’un des co-fondateurs en septembre 1940 de l’organisation "Solidarité" qui sert de couverture à la reconstitution dans la clandestinité de la section juive interdite en septembre 1939. Il participe ensuite, à partir du printemps 1941, au développement de la MOI en zone sud.

Jacob Szpejter est né en 1906 à Luck (aujourd’hui Loutsk) qui se situait en Russie avant d’être intégré au nouvel 
État polonais crée après la Première Guerre mondiale. Il adhère au parti communiste polonais en 1926, à 20 ans, et devient responsable du parti pour la région de Luck en 1929. La répression menée contre les communistes en Pologne l’oblige à quitter son pays d’origine pour venir s’installer en France en 1931. Après un séjour de deux ans au Brésil entre 1935 et 1937, il revient en France et intègre l’école des groupes juifs de la MOI chargée de former les cadres de l’organisation. Il exerce ensuite des responsabilités au sein de la section juive et devient le secrétaire des Amis du journal quotidien Naye Presse.


Après l’interdiction du parti communiste et de toutes les organisations qui lui sont liées en septembre 1939, Jacob Szpejter participe à la reconstitution de la section juive dans la clandestinité et dirige pour la région parisienne la trésorerie de l’organisation qui se maintient grâce à des collectes clandestines organisées auprès des militants restés fidèles. En septembre 1940, il participe à la réunion organisée au domicile de Rex Puterflam pour créer "Solidarité" qui sert de couverture pour la reconstitution de la section juive de la MOI. Jakob Szpejter exerce la fonction de secrétaire de "Solidarité" au cours de ses premiers mois d’existence. Il participe aux actions semi-légales de l’organisation consistant à organiser des collectes pour venir en aide aux familles juives démunies ainsi qu’aux activités plus politiques qui permettent de maintenir la propagande communiste dans les milieux juifs parisiens.

En mai 1941, Jakob Szpejter est muté par l’appareil pour exercer la fonction de responsable de la section juive de la MOI en zone sud. Sa mission consiste au départ à expliquer et justifier la ligne du parti aux militants déstabilisés par le pacte germano-soviétique et la dénonciation de la poursuite de la guerre par les Alliés contre le Reich. Avec le tournant de juin 1941 lié au déclenchement de l’offensive allemande contre l’URSS, le rôle de Jakob Szpejter change totalement puisqu’il lui revient désormais d’organiser en zone sud la résistance et le passage à la lutte armée. Arrêté à Marseille en novembre 1941 en possession de faux papiers, il est condamné à sept mois de prison mais parvient à s’évader grâce à l’aide de militants communistes marseillais. En septembre 1942, son épouse Macha est arrêtée à Paris et sera déportée à Auschwitz, d’où elle reviendra.

Après être retourné à Paris pour renouer le contact avec la direction nationale de la MOI et prendre ses ordres auprès de sa hiérarchie, Jakob Szpejter est confirmé dans son rôle de cadre pour développer et encadrer l’organisation en zone sud. Il s’installe en 1942 à Lyon et participe le 6 juin 1942 à la première réunion de l’état-major des FTP-MOI pour la zone sud. Membre de la direction des FTP-MOI, il s’occupe plus particulièrement des questions techniques de l’organisation ainsi que du secteur polonais. Il participe également à la création en avril 1943 de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) qui poursuit l’action du mouvement "Solidarité" et permet d’unir les différents mouvements de la résistance juive afin d’intensifier les activités de résistance et de sauvetage.

Après la guerre, Jakob Szpejter, qui est naturalisé en 1947 sous le nom de Jacques Ravine, continue ses activités au sein des groupements juifs du PCF. Il exerce notamment la fonction de secrétaire de (UJRE) entre 1944 et 1947 et travaille comme rédacteur à Naye Presse jusqu’en 1958. Il s’éloigne progressivement au cours des années 1960 du PCF, dont il ne partage plus totalement la ligne, et finit par le quitter dans les années 1970. Il se fait à la fin de sa vie historien de la résistance juive en France sous l’Occupation en publiant en 1973 aux éditions Julliard La Résistance organisée des Juifs en France (1940-1944). Jacques Ravine est mort à Paris en 1984, à 78 ans.


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 559770, dossier individuel de Jakob Szpejter.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des Juifs en France (1940-1944), Julliard, 1978.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Perrin, 2018.