Analyse média

Gabriel Ramet est né le 24 septembre 1920 à Varsovie, en Pologne. Depuis 1933, il habite à Paris. Il est appréhendé le 20 août 1941 lors d’une des premières grandes rafles qui frappe la communauté israélite de France qui vise alors le 11^e arrondissement. Conduit au camp de Drancy, il est déporté le 23 juin 1943 dans le convoi n°53 dirigé vers Auschwitz. En janvier 1945, il est évacué vers Mittelbau-Dora où il reçoit le matricule 108447. Après une nuit dans un Block, il passe devant les bureaux de l’Arbeitsstatistik où un Belge lui demande sa profession. Il déclare ajusteur dans l’aviation et se retrouve comme « spécialiste » affecté à un tour, bâtiment II, Hall 36 dans les tunnels de l’usine Mittelwerk où sont assemblées les fusées V2. Le lendemain, il entre dans le tunnel pour prendre son travail. Au bout de quelques jours, il est abordé par un déporté français qu’il ne connait pas. Celui-ci lui demande de tout faire pour stopper la production. Le soir, Gabriel Ramet jette discrètement de la limaille dans un moteur qui commande trois ou quatre tours. Lors de la remise en route de celui-ci par l’équipe de nuit, le moteur fait un court-circuit. Le sabotage coûte une journée de travail aux nazis ; ce fut une journée de repos pour lui. 

Gabriel Ramet continue malgré tout son travail jusqu’à l’évacuation en avril 1945. Le 4, il embarque dans l’un des convois qui atteint le « camp des casernes » de Bergen-Belsen le 10 avril. Il y est libéré le 15 par les troupes britanniques et rapatrié en France le 1^er mai 1945 par le centre d’accueil d’Orsay. Il rentre alors chez ses parents où il reste pendant trois mois. Il se marie et quitte la capitale pour Vichy où il devient commerçant.

En 1952, lors d’une réunion des déportés de la section de Vichy, il rencontre le président, Robert Tricoire, également déporté à Dora. Ce dernier le reconnait aussitôt et lui affirme être celui qui a commandé le sabotage des tours dans le tunnel.

 Gabriel Ramet est décédé le 4 février 1995 à Vichy.

SHD-Caen ; Le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora p. 1914. 

Laurent Thiery