Bataille du maquis de Campels. Juillet 1944. Commune d’Arbon. 31

Légende :

Le lieutenant-colonel H. W. FULLER qui commandait le secteur du Comminges. Haute-Garonne. Région IV. OSS Jedburgh équipe “Bugatti”. Parachuté dans les Hautes-Pyrénées.

Type : Images

Producteur : Olivier Matet

Source :

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne

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Contexte historique

Bataille du maquis de Campels. Juillet 1944. Commune d’Arbon. 31.

Transcription du récit manuscrit d’un participant à la bataille du maquis de Campels, commune d’Arbon, Haute-Garonne.

L’auteur est inconnu. « Le 06 juin 1944, Monsieur Bellan et moi, rejoignons à Saint Gaudens, Monsieur Jean Luent, adjoint du capitaine Gesse, chef de l’AS (Armée Secrète) à laquelle nous avions adhéré quelques mois auparavant (dés mon arrivée de Paris). Il nous charge de rejoindre, au camp de Saint Marcet, le commandant Cauchois, ingénieur à la RAP et le capitaine Courtiade. Nous nous y rendîmes dans une traction, conduite par un nommé Betbéze, emportant avec nous des armes diverses et des munitions. Le camp était en effervescente, car en alerte (bruit d’une attaque imminente). Le survol par deux bombardiers « Dornier » à mainte reprise (deux ou trois) créa un peu de panique, la majorité quittèrent le camp et rentrèrent chez eux. Le commandant Cauchois et le capitaine Courtiade et quelques gars, partirent vers L’Isle en Dodon, nous laissant à quatre, dont Bellan et moi pour observer la suite éventuelle. Nous étions en position avec nos 2 armes, moi avec un bazooka (appelé : « arbalète anti-char ») derrière un amoncellement de grosses conduites. A la tombée de la nuit rien ! Nous décidâmes alors de rejoindre le groupe Cauchois. Nous y sommes arrivés le lendemain matin ; ils étaient à proximité d’une ferme de Saint Frajoux. Nous délibérâmes pour savoir quelles décisions prendre : nous choisîmes le maquis de Campels que commandait le lieutenant Ransac avec un groupe d’une quinzaine de gars. Nous y sommes arrivés vers le 10 juin.

Le groupe Rensac, était positionné dans une ferme située à plusieurs kilomètres d’Arbon, vers les col des Ares, habitée et exploitée par une famille, dont je tiens à souligner le courage et la gentillesse à notre égard. Nous nous sommes installés à mi-chemin environ entre le village d’Arbon et le PC à la ferme dans de vieilles granges, à gauche, en direction du PC. Nous étions le premier poste avancé et chargé de surveiller et trier les éventuels visiteurs. Plusieurs gars nous ont rejoints et notre groupe comptait une trentaine de gars. Un ancien légionnaire : Fischer nous commandait, le Commandant Cauchois et le Capitaine Courtiade, eux, était au PC de la ferme. Vers le 15 juin, les gendarmes de la région de Saint Gaudens Montréjeau sous le commandement du capitaine Dulourier gagnèrent notre maquis et s’installèrent au PC de la ferme. Nous avions une grande camionnette de la RAP (que conduisait un nommé Sudre, chauffeur à la RAP) qui nous servait pour les différents déplacements que nous effectuions.

Après un séjour à Plaède (Cagire) où nous accueillîmes le lieutenant colonel Américain Howard W Fuller de l’US MARINES, le capitaine Guy de la Roche, le sous-lieutenant Villemot (radio) parachutiste venu d’Alger, nous sommes revenus à Campels. Le soir même avec le colonel H W Fuller, le capitaine Guy de la Roche et le sous-lieutenant Villemot avec Nöel Baldizzone et quatre gars de notre groupe nous sommes descendus à Izaut de l’Hôtel. Les officiers montèrent dans le clocher avec le radio pour contacter Alger. Nous étions six, en bas de l’église pour surveiller….. Quelques jours après, 3 annonce de parachutage, notre groupe se met en place pour réceptionner. L’avion passe mais pas de largages. Deuxième annonce le lendemain le 1 Juillet. On se remet en place. L’avion fait des passages et nous réceptionnons plus de 20 conteneurs, contenant armes, munitions, etc… qui furent déposés au PC et furent entièrement évacués lors de l’attaque du 19 Juillet. Le 18 Juillet, tard dans la soirée les gars postés en sentinelles 200 mètres plus bas vers Arbon, arrivent en compagnie d’un homme qui désirait parler à nos chefs. Il avait un renseignement d’une grande importance à leur communiquer. Fischer et moi l’accompagnons au PC. Un soldat Allemand (d’origine polonaise je crois) avait déclaré à … ? que le maquis d’Arbon serait attaqué dés le lendemain….

Les sources et la transmission étaient incontestables et le renseignement d’une grande importance. Tout le maquis fut mis en état d’alerte. Notre groupe avancé fut positionné quelques centaines de mètres plus bas vers Arbon. Nous dominions la route en lacets, en pente assez raide. Fischer nous fit creuser le sol et constituer de petits remblais. Trois FM à 50 mètres pouvaient croiser leurs tirs. La nuit se passe. Rien ! Dans la matinée on entend vers Arbon des bruits de camions…. Vers midi, Baldizone arrive et nous dit de nous replier vers le PC. Nous prenons dans notre grange quelques affaires et chargés d’armes et bagages rejoignons le PC. 

La plus grande partie avait quitté les lieux. Le colonel Américain (Lieutenant colonel H W FULLER des US MARINES), le radio, le commandant Cauchois, etc… s’étaient repliés avec les gendarmes, transportant avec eux l’important matériel que nous possédions. Le capitaine parachutiste de la Roche était resté avec nous ; on nous donne un casse-croute à chacun et nous prenons position, quelques centaines de mètres en face le PC à la lisière d’une coupe. C’était en face l’arrivée du chemin et le relief était vallonné. Les gens de la ferme était partis. Nous étions divisés en sept ou huit groupes avec chacun un FM, commandés par Baldizone, espacés d’environ 50 mètres chacun. Le temps passait, rien ! Puis nous entendons un bruit de camion qui se rapproche de la ferme…. Ils stoppèrent à une centaine de mètres. Nous les distinguions très bien. Puis des ordres en Allemands…. Et soudain de chez nous un coup de feu. Le capitaine de la Roche avec son fusil à lunette venait de tirer. Nous enchainons, les rafales se succèdent… Puis silence. Une rafale de mitrailleuse au dessus de nos têtes, des branches tombent hachées. Et nous répliquons. J’étais dans le dernier groupe FM avec Paumiès et Bellan…

Le temps passait, les Allemands nous croyaient très nombreux et n’osaient attaquer à découvert. Le temps passait et nous n’entendions plus nos camarades tirer. Soudain derrière nous une voix : Baldizone : « mais qu’est ce que vous foutez ! Tout le monde à décroché… ! ». Une dernière rafale et en rampant à reculons nous regagnons le bois. Deux heures après nous rejoignons les autres. Nous ne connaissions pas les lieux, et j’avoue que si Baldizone ne s’était pas aperçu de notre absence et n’était revenu nous prévenir, nous aurions eu quelques problèmes…. Nous sommes restés quelques temps à proximité de Malvezie (Bouves) et après que notre maquis ne se soit scindé en plusieurs groupes, le notre avec Cauchois et Courtiade, rejoignis Labaderque, où un autre combat nous attendait (10 Aout). La bataille de Campels ne fit chez nous aucune victime; les Allemands y subirent des pertes sensibles ». 6 Note du rédacteur : Le hameau de Campels (Arbon) fut entièrement brûlé par les Allemands en représailles. Tous les habitants avaient eu le temps d’évacuer le village avant et s’étaient cachés dans la forêt.

 

Voici l’histoire du lieutenant-colonel H. W. FULLER qui commandait le secteur du Comminges. Haute-Garonne. Région IV.

Horace Williams Fuller OSS Jedburgh équipe “Bugatti”. Parachuté dans les HautesPyrénées.

Décorations : Silver Star, Bronze Star, Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de Guerre avec palmes, « Mention in Dispatche » (« bravoure au combat »), Purple heart (Médaille des blessés et/ou tué). 

La Silver Star est attribuée à une personne qui, servant à n'importe quel titre dans l'armée des États-Unis, aura été citée pour « bravoure au combat » contre l'ennemi. C’est la troisième plus haute distinction Américaine.

La Bronze Star (Médaille de l'étoile de bronze) est une décoration des armées des États-Unis. Elle est la quatrième plus haute distinction pour « bravoure, héroïsme et mérite ». 

La Légion d’honneur récompense depuis ses origines les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation.

La Croix de guerre 1939-1945 est une décoration militaire française destinée à distinguer des personnes (civiles et militaires), des unités, des villes ou des institutions ayant fait l'objet d'une citation pour fait de guerre au cours de la Seconde Guerre mondiale. Croix de guerre avec palmes = Citation à l’ordre de l’armée.

La « Purple Heart » (médaille des blessés et/ou tué) est une distinction américaine décerné pour une action contre un ennemi des Etats-Unis ou contre une force adverse. 10 « Mention in dispatche ». « Bravoure au combat ». Grande-Bretagne. Un soldat mentionné dans les dépêches (MID) est celui dont le nom apparaît dans un rapport officiel rédigé par un officier supérieur et envoyé au haut commandement, dans lequel est décrit un acte de bravoure ou méritoire du soldat face à l'ennemi.

H. W Fuller à ce titre fut cité dans les rapports du SOE. Howard W FULLER : Né à Brookline, Massachusetts Collège : Académie Milton Diplômé de Harvard (1930 B.S.) Licence de pilote commercial 1931 Ingénieur 1934 Commande le régiment de transport 19e, 10e Division, 10e Corps français Janvier-Juillet 1940. U.S.M.C.R. 1er Amphibian Tracteur Bn 1942 (capitaine) WIA 03/10/1942 Guadalcanal Adjoint G-2, force amphibie du Pacifique (Major) OSS 09/01/1943 Commandant adjoint ME65 (école de formation Jedburgh) 1944. Massingham mai 1944 Jedburgh équipe Bugatti (Nom de code : Konsul) Mission au Danemark : plan Jedburgh Commandant pour l'état-major allié du secteur Commingeois (Haute Garonne) en Juillet et Août 1944. Équipe Jedburg « Bugatti ».

« Jedburgh » est une opération menée par les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale, qui avait pour objectif de coordonner l'action des maquis avec les plans généraux du « Suprême Headquarters Allied Expeditionary Force » et d'équiper les résistants, en France et aux PaysBas, en vue d’immobiliser les forces de l'Axe loin des côtes au moment du débarquement de Normandie. Des hommes du Special Operations Executive (SOE) Britannique, de l’Office of Strategic Services américain, du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de la France libre ainsi que des militaires des différentes armées des pays concernés (France et Pays-Bas) ont été parachutés, par équipes de trois, derrière les lignes allemandes, en vue de conduire -en uniforme- des actions de sabotage et de guérilla contre les Allemands, et de diriger l'action des Résistants. Ces commandos Jedburghs sont les précurseurs des forces spéciales contemporaines. OSS Mission en Chine 1945 (lieutenant-colonel). Démobilisé en décembre 1945. Prends sa retraite comme général de brigade, USMCR 1957. Décédé en août 1989 à Spetsai, Grèce, âgè de 81 ans. 

« Le président des États-Unis d'Amérique a le plaisir de présenter la « Silver Star » au lieutenant-colonel Horace W. Fuller (MCSN : 0-806), « United States Marine Corps Reserve », pour sa bravoure et son intrépidité opérant pour l’Office of Strategic Services, unités des forces navales des États-Unis en Europe, dans l'action contre les forces ennemies dans la France occupée, du 28 Juin 1944 au 15 Septembre 1944. 13 Parachuté dans le département des Hautes-Pyrénées en France, il a organisé, armé et entraîner les forces de la Résistance dans le sabotage et autres activités souterraines contre les troupes ennemies et leurs installations. Le lieutenant-colonel Fuller et ses hommes en armes se sont rassemblés pour résister à une attaque le 17 Juillet de plus de cinq cents hommes des troupes allemandes, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi sans la perte d'un seul homme de son propre groupe. En raison de la forte concentration de troupes ennemies dans sa région, il a volontairement changé de vêtements civils pour mieux accomplir sa tâche, se faisant, il s’exposait un traitement comme un espion dans le cas de sa capture. Le 14 Août, a mené ses forces du maquis dans une série d'attaques et d’embuscades. A libérer Tarbes, où plus de six cents prisonniers et beaucoup de matériel allemand ont été pris. Pendant toute cette période, il a mené ses troupes à des activités de sabotage, sectionnant des rails, et des lignes électriques, rendant inutilisable la raffinerie de pétrole à Pejrouset en coupant son approvisionnement en eau. Son courage et son dévouement sont en accord avec les plus hautes traditions de « l’United States Naval Service ». Service naval des ÉtatsUnis ». Date de l’action : 28 Juin 28 - 15 Septembre, 1944. Service : US Marine Corps. Grade : Lieutenant Colonel. Division: « Office of Strategic Services ». 

 

La contribution de H. W. FULLER. de « l’US Marines Corps » dans l’OSS (Office of Strategic Service).

Source de l’article : http://www.ibiblio.org/hyperwar/USMC/USMCOSS/USMC-OSS-10.html

En août 1943, Churchill, Roosevelt et leurs conseillers se réunissent à la conférence de Québec. L’invasion alliée de la Sicile a commencé depuis un mois, ils définissent durant cette réunion leurs stratégies pour l’attaque de l’Italie continentale. La France ayant été défini comme objectif prioritaire, l’OSS veille à se trouver sur le même pied d’égalité dans la même « Direction des Opérations Spéciales » (DSO) que les Britanniques dont c’était jusque là, le domaine réservé. Dans ce but, et depuis mai 1943, David Bruce, l’homme de confiance de Donovan à Londres, entame une série de discussions avec Sir Steward Menzies (connu comme« C ») dans le but de sécuriser ce statut d’égalité de décisions. Menzies, chef du MI 6, envisage la demande américaine, et rapidement l’opération SUSSEX voit le jour, concrétisant de facto l’effort commun Anglo-américain. « Sussex », l’opération qui consistait à infiltrer 50 équipes de deux hommes en France occupée, connaît des débuts difficiles, du en partie au ressenti des britanniques face au nouveau statut d’égalité de l’OSS et pour partie au comportement de l’US Army quant au recrutement des équipes. 15 La mésentente dans les services américains atteint un tel sommet que Donovan doit s’impliquer personnellement : Lors d’une réunion très conflictuelle dans le bureau du Général Jack Devers (US), commandant les opérations à Londres, celui-ci exprima clairement qu’il ne faisait pas confiance Ni à Donovan lui même, ni en ses idées ! Donovan, répondit d’une voix glaciale, que « Si le Général ne s’excusait pas immédiatement, il le ferait passer par la fenêtre dans Grosvenor square… »

Les excuses furent immédiates et circonstanciées… Il fut donc définit que l’opération SUSSEX prendrait la forme suivante : Collecte des renseignements commune OSS et British SiS. Les aspects militaires et de sabotage étant confiés à L’OSS SO Branch (division des opérations spéciales américaines) et au British SOE (son équivalent britannique), ainsi naquit l’opération JEDBURGH. Pour coordonner cette montée en puissance une direction commune Anglo-américaine fut créée : la SFHQ, « Spécial Forces Head Quarter »/ Quartier Général des Forces Spéciales. Le SFHQ devant organiser la lutte clandestine en France en vue de l’invasion à venir. Cinquante équipes JEDBURGH furent initialement prévues chacune composée d’un américain, un français et d’un britannique. Ces équipes devaient être parachutées en uniforme pour rejoindre et conseiller le maquis. En Belgique et au Pays-Bas des officiers nationaux devant remplacer les français. Le manoir Elizbetain, Milton Hall, à 160 kms au nord de Londres fut choisi comme centre d’entraînement et de perfectionnement des équipes Jedburgh ; c’est l’une de ces gigantesques bâtisses qui parsèment la campagne anglaise et font pâlir de jalousie les riches américains.

Presque sans effort, Milton Hall absorba les 240 membres de l’opération JEDBURGH et les rassembla dans ce que les britanniques nommèrent la « Fête permanente/permanent party ». 16 Les JEDBUGH s’entraînèrent aussi dans d’autres lieux et c’est l’un d’eux qui leur donna leur nom, le Royal burg h on Scotland Jed River. Chaque membre fut choisi sur des exigences de recrutement très élevés, qualité de combattant clandestin, maîtrise du combat à mains nues, courage, endurance, aptitude au commandement, psychologie et loyauté. Les « Jeds » tels qu’ils furent rapidement surnommés devaient être des meneurs d’hommes, des juges, des confesseurs, pour ne rien dire de leur qualité d’expert en explosifs, armurier, linguiste, tireur d’exception et …médecin. « SUSSEX » et « JEDBURGH » faisaient partis du vaste plan allié pour dissimuler à Hitler la date et le lieu de l’assaut principal contre les troupes d’occupation en France, ainsi. En utilisant le sabotage et les techniques de guérilla, enseignés aux divers maquis régionaux, les Jedburgh devaient fixer les troupes allemandes de Bretagne loin de la zone de débarquement normande, mais aussi dans le sud de la France. En effet, le débarquement de Provence, ANVIL, ne pouvait avoir lieu qu’au plus tôt huit semaines après Overlord, les allies ne disposant pas de la logistique et des troupes nécessaires à deux débarquement simultanés. Il fut donc crée le SPOC, « Special Operation Center » à Alger où furent basés plusieurs Jedburgh, dont l’équipe « BUGATTI » commandé par le Major Horace W. Fuller, (US MARINE CORPS), nom de code FANSUL.

L’équipe était composée du Capitaine Guy de la Roche, du Major Britannique Hiram Crosby et du Lieutenant Marcel Guillemont. L’objectif de BUGATTI était Tarbes, berceau de la famille de La Roche. Tarbes en dépit de sa population relativement peu nombreuse, 25 000 habitants en 1944 était d’une grande importance pour les Allemands, et donc pour l’OSS, car disposant de plusieurs industries militaires et d’importance : Hispano Suiza, sa manufacture d’armes mais aussi d’un centre de réparation et d’entretien de matériel ferroviaire, sans compter la Raffinerie de Peyrouzet. Plusieurs régiments étaient stationnés dans la région. 17 Le SOE était actif dans la région de Tarbes depuis janvier 1943 quand Maurice Southgate (nom de code Hector) y fut parachuté accompagné d’un courrier, Jacqueline Nearne. La mission d’Hector était de faire un état des forces de la résistance dans le piémont Pyrénéen ainsi que le long de la frontière Espagnole. Plusieurs sabotages sérieux furent réalisés à l’été 1943 mais qui ne causèrent que des retards de quelques jours.

A l’approche du 6 juin 1944, Le SOE amplifia ses actions et c’est vers cette région que l’équipe « BUGATTI » fut dirigée. « Hod » Fuller arriva à ce commandement par une route inhabituelle. Né au Massachusetts en 1908, lycée de Milton, joueur de football et de Hockey, Harvard business school, corps des volontaires de réserve, licence de pilote commercial, deux ans comme ingénieur machine sur le navire d’un camarade d’Harvard, puis ingénieur au chantier naval de la Bethlehem steel, il s’engage comme chauffeur ambulancier auprès de l’armée française en janvier 1940, les Flandres, Dunkerque, croix de guerre 8 juin 1940. A l’armistice, il est démobilisé en juillet 1940, expérience déchirante pour lui car il était sur le point de faire l’école d’officier et d’être incorporé à la Légion Étrangère. Retour aux USA. Il se rapproche du quartier Général des Marines, faisant état de sa qualité de volontaire de réserve et de sa présence sur le front en France. Il est engagé, devient officier et se voit confier un poste dans une toute nouvelle unité, la « First Amphibian Tractor Bataillon, bataillon d’engins amphibies ».

Promu Capitaine en 1942, il débarque à Guadalcanal en août 1942, blessé en octobre, longue convalescence jusqu’au printemps 1943. Il se retrouve à la section tactique de l’école des officiers de réserve, en dépit de sa promotion au grade de commandant de bataillon, il ne supporte pas de voir la guerre depuis les rives du Potomac… Il écrit au Major Andrew Wilye pour rappeler son expérience des côtes de la méditerranée, pendant ses deux ans de navigation, France, Corse, Sardaigne, Crête, l’île d’Elbe. Wilye le recommande auprès de Donovan en septembre 1943… 18 École de parachutisme, Milton hall et en 1944, il est approuvé bon pour le service Chez les JED. L’équipe « BUGATTI » quitte l’Algérie le 28 juin 1944, le saut et l’accueil par la résistance se passe bien, le 29, « BUGATTI » est cachée non loin de Montréjeau dans une Ferme. Contrairement à l’usage, Un courrier féminin, Anne Marie Waters nom de code Colette, lui conseille fortement de s’habiller en civil, la région grouillant d’allemands et la vue d’un uniforme déclenchant immédiatement le combat. Bugatti, échappe de peu à l’encerclement. Ils sont ensuite conduits au camp du maquis (NDR : Campels) près d’Arbon. Là les problèmes commencent : impossible d’avoir une liaison radio correcte avec Alger, leur poste ayant été endommagé à l’arrivée et le poste radio d’un autre groupe : « Hilaire » est reporté par Alger comme indéchiffrable.

Le maquis se compose d’une centaine d’hommes, très motivés, mais faiblement armé. Néanmoins avec le peu d’explosif restant Fuller décide de faire sauter 4 pylônes de la ligne haute tension de la vallée d’Armon qui fournit les usines de Toulouse. Succès. Après 15 jours, de messages désespérés et sans réponses, ils arrivent à joindre Alger et expliquent une situation difficile : « Allemands présent partout, manquons d’armes, de pétrole, envoyez des fusils mitrailleurs, continuons cependant nos actions de sabotage... » Message de Fuller au « Special Operation Center », Alger : « Fusils et des munitions nécessaires de toute urgence. Envoyer essence et générateur dès que possible. Zone dangereuse pour la libre circulation. Mitrailleuses Bren nécessaires rapidement. Pas d’armes et des Boches partout. Suis en permanence en train de saboter les lignes électriques et ferroviaires. Besoin de fournitures. Parachutage de jour impossible. Patrouilles boches font dangereusement mouvement. Tous les véhicules ont interdiction de circuler, ils tirent à vue. Force immédiate d'au moins 3.000 maquisards mais pas d’armes ». Les parachutages de jour étant impossible et les mouvements de véhicules trés dangereux, les allemands tirant à vue sur tout véhicule 19 suspect, Fuller décide le 10 juillet un coup très risqué : s'emparer d'une radio et des armes qui ont été auparavant cachés à Lannemezan, problème il y 1200 hommes de garnison. Le Capitaine de la Roche et 4 hommes décident de récupérer les armes, ils y réussissent mais aussi à revenir au camp d’Arbon. De la Roche et un contingent spécial se sont armés de grenades Anglaise Gammon au cas où l’ennemi auraient utilisés des blindés. Avec la nouvelle radio, Bugatti arrive à prendre contact avec Alger et dans la nuit du 16 juillet un avion largue des containers au maquis ce qui provoque une réaction allemande d’envergure, 600 allemands patrouillant dans les environs de la zone de largage.

Le 10 Juillet, toujours sans munitions, Fuller a décidé un geste risqué. Une nouvelle radio et des armes ont été livrés précédemment et caché dans la ville de Lannemezan. Malheureusement, elle est occupée par une garnison en 1200 des soldats allemands. Le capitaine de la Roche et une équipe de quatre hommes se sont portés volontaires pour essayer de récupérer ces armes. Se déplaçant de nuit dans un camion volé, ils ont réussi non seulement à obtenir l’équipement, mais aussi de revenir avec lui à la cachette Arbon. Avec la nouvelle radio, BUGATTI a finalement pu reprendre contact avec la PCU et dans la nuit du 16 Juillet, un avion solitaire largue les conteneurs au maquis. Bien que beaucoup de ces conteneurs se soient rompus et ouverts avant d'atteindre le sol, le ravitaillement s'est avéré 20 une aubaine pour le lendemain. 600 Allemands ont commencé à investir systématiquement la zone agricole. Fuller, le 17 juillet, emmène ses hommes sur une hauteur protégée par des arbres. Vers 17h30, les allemands équipés de mortiers et de mitrailleuse lourde se lancent à l’assaut, ils perdront 16 hommes, sans perte pour le maquis, avant que celui-ci, ne se retire plus loin dans la forêt. Immédiatement Fuller, déplace son QG plus haut dans la montagne, cette fois dans les environs de St Bertrand de Comminges. Pendant le déplacement, il apprend que la ferme D’Arbon a été compromise par un Italien vivant à Montréjeau. Fuller ordonne de s’occuper de lui. Plusieurs jours plus tard, l'une de nos patrouilles lui a tirée dessus à Montréjeau et il a été emmené à l'hôpital blessé. Nous avons ensuite envoyé un visiteur à l'hôpital qui lui trancha la gorge pendant la nuit. Le camp principal de Bugatti compte environ 35 hommes, bien armés, mais avec peu de munitions et d’explosifs.

Avec un autre groupe de maquisards d’Arbas, mieux approvisionné, il entame une campagne intensive de sabotage contre les lignes de chemin de fer et les centrales électriques. Fuller dans un rapport radio ajoute cette phrase optimiste : "J'espère que je suis le premier Jed à tuer un Boche ». « Le maquis est composée d'environ 100 hommes, qui étaient tous mal armés, mais avec leur reste de plastic, nous avons immédiatement fait exploser quatre pylônes sur la ligne d'alimentation de 15.000 kilowatts à travers la vallée d’Armon. Cette alimentait l'usine d'avions à Toulouse ». Le 20 juillet, il décide de séparer ses forces en deux, Le capitaine de la Roche prenant en charge Tarbes, Fuller les vallées de Nistos, Luchon et Saint Gaudens. Les deux groupes sont alors fort occupés face à l'ennemi. De la Roche est pris dans une embuscade alors qu’il conduisait une moto, il a juste le temps à le temps de se cacher dans un fourré et doit assister impuissant à l’arrestation, la torture et l’exécution sur le terrain de ses compagnons. En plus de l'ennemi, Fuller et de la Roche ont également été contraints de régler le problème épineux des rivalités internes dans la résistance. Leur 21 position à cet égard a été nettement freinée par l'incapacité de continuer à produire soit des armes ou de l'argent. Pendant toute la durée de l'opération de BUGATTI, un seul largage a été effectué. L'air de suspicion et d’antagonisme qui entourait le FTP communiste, le MUR et le « Corps Franc Pommies » n'a jamais été complètement vaincue, mais de la Roche, en particulier, a réussi à faire en sorte d’éviter les conflits. La guerre fratricide ouverte qui a caractérisé tous les mouvements de guérilla Europe de l'Est a ainsi été évitée. A la fin juillet, Bugatti a néanmoins remplis tous ses objectifs, notamment en faisant exploser les voies ferrées plus vite que les allemands ne peuvent les réparer. Leur plus gros succès étant de bloquer un convoi de 50 000 tonnes de minerai de fer à la frontière espagnole. Bugatti a aussi l’ordre de détruire la raffinerie de Peyrouzet, mais Fuller craint les représailles et les retombés économiques pour la région d’une telle opération. Par chance, M La Chaux, le directeur de la raffinerie est un patriote avisé, plutôt que de tout faire sauter, il propose une solution plus discrète, mais tout aussi efficace. La raffinerie a besoin de beaucoup d’eau, en coupant l’eau, plus de produits raffinés…

Les allemands ne trouvant pas les vannes du canal d’irrigation, sont impuissants à résoudre le problème. Deux jours après leur départ M La Chaux faisait sortir assez d’essence pour ravitailler toute la région de Toulouse Avec ANVIL, le débarquement de Provence se mettant en place, le Général de Gaulle donne ses ordres pour un soulèvement à grande échelle dans le sud de la France. Quand le message codé fut diffusé par la BBC le 14 août, Fuller et son équipe sont toujours à court d’explosifs et de munitions, mais faisant leur maximum ils réussissent à désorganiser efficacement les mouvements des troupes allemandes. Le 18 août, Fuller est informé que le général allemand commandant Tarbes veut s’enfuir et que les allemands forment une colonne de véhicules pour se retirer par Montréjeau sur la Route nationale, il mobilise tous ses hommes. Visiblement, les allemands sont dans la plus grande confusion. La 6eme armée se dirigeant vers le nord depuis les plages de Saint Tropez et de Saint Raphaël, le 2éeme corps des français libres encerclant les troupes 22 dans Toulon, se dirige vers Marseille.

Il apparaît évident que les troupes allemandes entre la méditerranée et le golfe de Gascogne n’auront que deux choix : la reddition ou l’encerclement. Le Général Major Mayr, commandant la place de Tarbes n’apprécient aucune de ces solutions et tente de s’échapper au plus vite, mais dès sa sortie la colonne est attaquée, Mayr et son aide de camp sont blessés les premiers, la situation devient désespéré et les allemands s’enfuient dans le désordre, 20 morts, 35 blessés, les autres sont capturés, Tarbes est libéré. Quelques jours plus tard, Fuller envoie un message jubilatoire à Alger : « Quel spectacle, notre maquis a libéré Tarbes et Loubon, Les boches s’enfuient en Espagne, j’ai un général boche et son état major prisonnier. Avons besoin d’armes lourdes pour attaquer la division boche de Dax » Bugatti prend son quartier général à l’hôtel Moderne, mais Fuller et de la Roche n’y passe pas longtemps.

Les trois semaines suivantes ils s’impliquent dans plusieurs actions qui culmineront par la création d’un maquis organisé de près de 5000 hommes. 23 Pendant que le gros de ces forces se dirige vers le nord et Bordeaux, une autre partie monte une série d’embuscades le long de la Frontière Franco/espagnol, capturant 400 allemands, portant le total des prisonniers de Bugatti à approximativement 1000 hommes. Les opérations étant victorieuse, Fuller ne se contente plus d’attendre en vain, un ravitaillement par Alger. Étant maître de plusieurs aérodromes, et pilote, il organise, avec les avions pris à l’ennemi sa propre force aérienne, néanmoins handicapé par des problèmes de détonateurs des bombes allemandes récupérées. Sa « force aérienne » sera d’une grande efficacité en terme de reconnaissance et de vol de liaison. Le SPOC, « Special Operation Center » tout en louant cette innovation, a fermement refusé la demande de Fuller d’être renvoyer par un vol de retour vers l'Afrique du Nord. Comme l'ennemi fut chassé du sol français, l'inimitié des différentes factions au sein des maquis refait surface. La situation dans son ensemble devenait de plus en plus politique et les différents groupes au sein des FFI commençaient à se battre entre eux pour le pouvoir. La mission qui nous avait été donné étant d’ordre militaire, nous avons évité soigneusement la politique. . . .

Nous avons donc commencé à démobiliser nos hommes. Toutes les armes ont été prises et stockées dans une caserne à Tarbes et toutes les affaires militaires dans notre région remis aux FFI. Pour leur travail en France, Fuller et de la Roche ont reçu la Silver Star et la Croix de Guerre Fuller a également été mentionné dans les dépêches du SOE (« mention in dispatche » : « bravoure au combat ») et fait Chevalier de la Légion d'honneur par la France. Il a terminé la guerre avec un commando chinois ayant été promu au grade de lieutenant -colonel quand il était dans les Pyrénées. 

Démobilisé en Décembre 1945, il a travaillé pour une compagnie aérienne aux États-Unis et à l’étranger. Fuller a ensuite été promu au grade de colonel dans la réserve du Corps des Marines et a pris sa retraite en tant que général de brigade en 1957. Le lieutenant-colonel Horace W. Fuller, USMCR, commandant, équipe Jedburgh BUGATTI aux cérémonies marquant la libération de Tarbes, Haute Pyrénées, France, 1944.


Olivier Matet