à Marseille tout va bien, Le Petit Marseillais, 27 juin 1940
Légende :
article paru en page trois du Petit Marseillais, le 27 juin 1940
Type : article de presse
Producteur : MUREL PACA
Source : © Le Petit Marseillais Droits réservés
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Le Petit Marseillais,de tendance conservatrice avant-guerre, soutient avec enthousiasme le maréchal Pétain et la Révolution nationale. Son tirage de 280 000 exemplaires le place en tête des quotidiens de la région.
Cet article qui occupe la moitié de la page trois veut montrer que deux jours après l'entrée en vigueur de l'armistice signé avec l'Allemagne, Marseille ne vit plus en état de guerre. Les trois photos prises dans le centre de Marseille illustrent ce propos : l'accès à la mer est libre, la foule peut flâner sans crainte dans les jardins, les marchés sont ouverts. Le texte développe le thème du retour à la normale en commentant chaque photo.
La guerre n'apparaît que dans le début de l'article lorsqu'est évoquée la journée de deuil national célébrée la veille. L'issue désastreuse du conflit est totalement passée sous silence et « les morts glorieux » auraient aussi bien pu rencontrer le trépas au cours d'une campagne victorieuse.
La conclusion reprend de façon allusive le thème martelé par le gouvernement de Vichy : la France entre dans une ère de rénovation et ses dirigeants ne peuvent inspirer que confiance et espoir.
Cet article d'apparence anodin participe à la propagande du gouvernement de Vichy. Il faut persuader une population assommée par la défaite que le nouveau régime lui assurera la paix et la sécurité.
Sylvie Orsoni
Contexte historique
Marseille, bien qu'éloignée des fronts, connaît des bouleversements liés à l'état de guerre, restrictions alimentaires,afflux de réfugiés, hausse des prix. Dès le 1er juin la ville est bombardée par l'aviation allemande. L'Italie qui a déclaré la guerre à la France le 10 juin bombarde le 21 dans la soirée le centre de la ville. Le bilan est lourd, plus d'une centaine de morts. Dans ce contexte, l'armistice est accueilli avec résignation et fatalisme par la population. La presse déjà étroitement surveillée en temps de guerre, subit la tutelle de l'Office français d'information créé par le gouvernement de Vichy. Le Petit Marseillais se range avec enthousiasme dans le camp des pétainistes avant de glisser en 1941 dans un soutien encore plus affirmé à la collaboration(voir notice premier grand procès de presse : Laval, Lejeune, Gaillard-Bourrageas).
Sylvie Orsoni
Sources
Mencherini Robert, Midi rouge, ombres et lumières. 1. Les années de crise, 1930-1940. Paris, Syllepse, 2004.
Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2. Paris, Syllepse, 2009.