Contexte historique

Tobja* Agrès est née le 25 Juillet 1914 à Bielska-Podalski, en Pologne. Elle est la fille de Joseph Agrès & Esther Wodzitcwski.

Elle a travaillé avec son père,cordonnier puis facteur ; puis est devenue technicienne en prothèses dentaires, et enfin couturière.

En 1935, elle est emprisonnée 5 mois pour activités anti-fascistes à Bielska-Podalski

A 24 ans, recherchée par la police, elle quitte la Pologne, et arrive en France le 20 Avril 1938, via la Belgique, avec 500 Zlotys, sans passeport ni visa, mais avec une lettre de la Ligue des Droits de l'Homme la présentant comme réfugiée politique. En Juin, il lui est remis un récépissé de carte d’identité valable jusqu’en Mai 1939.

Célibataire, elle a laissé en Pologne sa sœur & sa mère, marchande de journaux à Bielsk. Elle retrouve à Paris Jeruchem Kleszczelski, militant communiste de 23 ans qu’elle avait connu à Bielsk ; ils s’installent au 209 rue St Maur dans le 10^e arrondissement.

Elle refait une demande de séjour mi 39, qui ne semble pas recevoir de réponse positive ; elle ne déclare pas de profession, et dit recevoir de sa mère 200 FF par mois. Mais elle occupe clandestinement des emplois de couturière, puis de mécanicienne aux Ets Guéguen( 10 rue Béranger, Paris III^è )

Le 31 octobre 1939, elle épouse Jeruchem à la mairie du 10^e arrondissement.

C’est au début de 1943 qu’elle intègre les FTP-MOI, dont Jeruchem fait déjà partie depuis 1942 ; avec Ryvka Katz ( Régine Erlich-Diamant ), Hélène Mansdorf-Kro, Olga Bancic, Anka Richtiger, etc. elle forme un comité de femmes chargée de la solidarité avec les victimes de l'Occupation, de la distribution de la presse illégale, des manifestations anti- nazi, et surtout de l’acheminement des armes aux combattants avant chaque attentat. Selon David Diamant, elle se distingue par son ingéniosité, par exemple pour transmettre des messages à son mari ( emprisonné 2 mois à Arras début 44 ), sur du papier à cigarettes introduit dans un morceau de sucre et recouvert de paraffine, le message devenant visible par exposition à la lumière. Ou encore pour créer des jupes fortement plissées permettant d’y cacher des explosifs.

Le 11 Avril 1944, elle se rend avec un camarade dans le« bois de Vaugien » àSaint-Rémy-les-Chevreuse pour y mettre au point un nouvel explosif plus puissant, destiné à des attentats de plus grande ampleur ( sur des garages, des dépôts d’armes ou de marchandises ) ; mais elle est tuée par l’explosion accidentelle de leur préparation.

La Police fera à tort l’hypothèse de la préparation d’un attentat visant le domicile tout proche de Nil Sakharoff ( 46, Route de Limours ), employé de Radio-Paris soupçonné de collaboration.

Tobja ne sera inhumée – au cimetière parisien d’Ivry - que le 25 septembre 1944 ; le registre d’inhumation comportant hélas une confusion entre son prénom & celui de son mari. Sa pierre tombale comporte également une confusion de genre ( mention « décédé » au masculin ) & une confusion entre la date d’inhumation & celle du décés.

Enfin, la même confusion de genre est également présente dans le dossier de citation à l’ordre des FFI du 31 Juillet 1947 ( Service Historique de la Défense - GR 16 P 320958 )

 

* selon les sources, son prénom fait l’objet de très nombreuses variations :Tofba, Tobsa, Tohja, Taïbke,Taïbl…