PLAQUES COMMEMORATIVES PRÈS DU FORT DES TÊTES, DANS LA CITÉ VAUBAN et à proximité

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : MUREL PACA

Source : © Sylviane Prinssat, Robert Mencherini Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Hautes-Alpes - Briançon

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Près du fort des Têtes : ensemble de plaques commémoratives de nature et formats différents honorant des résistants et militaires tués lors des combats du 29 août 1944

Grande plaque de marbre : « Ici, le 29 août 1944, neuf soldats français furent fusillés par les Allemands »[reclassés ci-dessous par ordre alphabétique]

« BOISSY Henri, sergent (38 ans), CANDY Georges (21 ans), LAINE Lionel (30 ans), LAMBERT Paul (32 ans), PEUZIN Henri (31 ans), RENCUREL Marcel (29 ans), TESSE Roger, caporal (22 ans), VARANFRAIN André, adjudant (31 ans), VARANFRAIN Raymond, 2e classe (18 ans). »(Visuel 2, cliché S. Prinssat)

Petite plaque blanche :« KONOVALSKI [écrit Konowalshi]Johan, sujet polonais »(Visuel 3, cliché S. Prinssat)

Plaque gris foncé: « A la mémoire de Martial OLLAGNIER fusillé par les Allemands, le 29-8-1944 à l’âge de 30 ans. »(Visuel 4, cliché S. Prinssat)

Plaque de granit grise :« Deux soldats américains sont morts lors de la libération de Briançon, le 29 août 1944, l st lt André N. LAUS, cpl Léonard E.HALL, 83ème CHM-BTN US ARMY »

(Visuel 5, cliché S. Prinssat)

 


Contexte historique

HISTORIQUE

 -          du lieu

 Le 23 août 1944, face aux patrouilles blindées américaines et aux centaines de FFI qui approchent Briançon, les Allemands se retirent, non sans procéder à des destructions et faire des victimes, comme le FTPAdrien SAUVET, abattu rue Pasteur. Dans la soirée, la ville est libérée (épisode désigné comme « première libération de Briançon »), mais elle demeure sous la menace des Allemands quila reprennentle 29 août.

La journée du 29 août 1944 est marquée par le drame dit dela Communication Y. Les FFI avaient prévu de réoccuper les forts dominant la ville. Ce jour-là, la section motorisée venue en renfort du secteur D.Buech, dirigée par l’adjudant André VARANFRAIN, se dirige vers le fort des Têtes, à partir de Fontchristiane, à bord d’une moto et de deux camionnettes arborant des drapeaux tricolores.Au niveau de la Communication Y, le convoiest pris sous le feu du fort du Randouilletque l’on croyait évacué par les Allemands, alors qu’ils y étaient revenus dans la nuit.L’un des FFI (Henri PEUZIN) est abattu en tentant de se replier ainsi que le Polonais Johan KONOVALSKI, déserteur de l’armée allemande qui a rejoint les FFI. Les autres soldats, abrités derrière un mur, sont faits prisonniers et fusillés sur place avec l’agriculteur OLLAGNIERqui, blessé le matin, les avait rejoints.

C’est également le 29 août 1944 que Paul BALDENBERGER, président du Comité local de Libération, FFI, membre de l’AS, est abattudans la Grande Gargouille de la cité Vauban, aujourd’hui Grande Rue, que le FTPFJoseph SILVESTRE est tué à Pont-de-Cervières où son nom a été donné à une rue(Visuel 6 plaque de rue Silvestre, cliché S. Prinssat),que le jeune Marseillais JacquesBONFORT-VERNET est grièvement blessé avenue d’Italie (aujourd’hui rue BALDENBERGER) et meurt au sanatorium des Neiges.

Briançon n’est définitivement libérée que le 6 septembre (« deuxième libération de Briançon »)après de violents combatsqui font de nombreuses victimes dans les rangs des FFI et des Tirailleurs marocains.

         

-          du mémorial et des plaques commémoratives

Une plaque a été apposée, le 6 septembre 1946, rue Pasteur (portail des cités Barbot),à l’endroit où a été abattu par les Allemands, le 23 août 1944, Adrien SAUVET, «né le 5 juin 1907, sédentaire du XIe FTPF ».(Visuel 7, cliché S. Prinssat)

Les corps des soldats fusillés le 29 août 1944, près du fort des Têtes, enterrés dans une fosse commune, ont été découverts après la Libération et inhumés dans le cimetière de la ville, lors d’une cérémonie officielle.  Une plaque à leur mémoire a étéapposée, le 9 juillet 1945, à l’endroit où ils ontété abattus, complétée par des plaques à la mémoire des autres victimes : Martial OLLAGNIER, Johan KONOVALSKY, et deux Américains, tués le 29 août en combattant l’avancée allemande, le 1er lieutenant André Nicole LAUS et le caporal Léonard E. HALL, membres du 83eChemical Mortar Battalion (83ebataillon chimique de mortiers) et sommairement enterrés au sommet du col, un peu avant le champ de tir. Tous deux furent inhumés, par la suite, dans le cimetière américain de Draguignan.

 Le 6 septembre 1946une plaque a étéapposée 20 rue de la Gargouille(Grande rue), à la mémoire de Paul BALDENBERGER(Visuel 8a-b-c, clichés S. Prinssat)et, le 6 septembre 1947 son noma été donné à l’ancienne avenue d’Italie (visuel9a et b, clichésS. Prinssat).

Le 9 septembre 1951, une plaque en l’honneur de Jacques BONFORT-VERNET a été apposée avenue BALDENBERGER, face au jardin Pierre Termier(Visuels10a-10b, clichés S. Prinssat).

 Des plaques commémoratives honorent aussi les combattants tombés pour la libération définitive de la ville, en septembre 1944.

C’est le cas pour les FFI-FTP : plaque apposée à la porte du Jardin du Gouverneur, place médecin-général Blanchard, en mémoire du FFI de l’Argentière, Francis MELIAT, « Tombé face à l’ennemi pour la libération de Briançon », grièvement blessé sur les rempartsde la Porte d’Embrun, (Visuel 11, cliché S. Prinssat) ;plaque Albert ALLARD, « adjudant-chef du 12e bataillon FTPF tué par les Allemands à la prise du château, le 6-9-1944»(visuel12 à faire, image Internet).

 D’autres plaques rendent hommage aux Tirailleurs marocains (TM), qui, avec les FTPF, ont joué un rôle décisif dans les combats de septembre. Ainsi, celle en mémoire de l’aspirant Jan « de la 7ème Cie du RTM [Régiment de Tirailleurs marocains]mortellement blessé dans ce  souterrain », le 6 septembre 1944. Elle a été apposée à la sortie du tunnel qui relie l’hôpital héliothérapeutique au fort du Chateau(Visuel 13, image Internet).Son nom a été donné, en septembre 1965, au chemin de ronde. Une rue qui longe la Durance honore le4eRégiment des Tirailleurs Marocains, mais sous le sigle « 4ème Rtm ». La ville de Briançon a également apposé près de la porte d’Embrun une plaque «en reconnaissance aux troupes d’Afrique ayant participé à sa libération » en septembre 1944.(Visuel 14, cliché S. Prinssat).

 Ainsi, les odonymes et les plaques commémoratives portent témoignage des divers épisodes de la libération de Briançon : première libération en août, combats lors de la contre-offensive allemandele 29 août, libération définitive de la ville le 6 septembre.


Sylviane Prinssat, Robert Mencherini

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

État-civil, dossiers archives municipales de Briançon.

Sites Internet :Mémoire des hommes;GenWeb;American memorial overseas, Operation Anvil Dragoon,The southern France « D » Day, August 15th, 1944;

Henri Béraud, La Seconde Guerre mondiale dans les Hautes-Alpes et l’Ubaye, Gap, Société d’Études des Hautes-Alpes, 1990, 238 p., p.125-133 ;

École de Saint-Blaise, Briançon, « Parcours de découverte historique » ;

Lieutenant-colonel Lebeau en retraite, « 1940-1944, Mémorial des morts de la Résistance (Hautes-Alpes et Vallée de l’Ubaye) », Bulletin de la société d’études des Hautes-Alpes, 1957, n°49, p. 180-216, p. 204-20 ;

Richard Duchamblo, Cahiers "Maquisards et Gestapo", Gap, Ribaud Frères, 19 cahiers 1945-1949, réédition 2005, Gap, Éditions des Hautes-Alpes, tome 2, 15e cahier, p. 32-35 ;

Arthur Layton Funk, Les Alliés et la Résistance. Un combat côte à côte pour libérer le sud-est de la France, traduit de l’américain par Christine Aliquot, Aix-en-Provence, Édisud, 2001, 229 p., p.152-157 ;

Jean-Pierre Pellegrin, Résistants des pays du Buëch, Association départementale de sauvegarde du patrimoine du pays du Buëch et des Baronnies, 2012, 187 p., p. 103-104 ;

Jean-Pierre Pellegrin, « 29 août 1944. Neufs résistants de la vallée du Buëch fusillés à Briançon, un crime de guerre resté impuni », avril 2024, texte inédit ;

Jean-Pierre Pellegrin et Jean-Marie Guillon, notices du Dictionnaire des fusillés ;

Jacqueline Routier, Briançon à travers l’histoire,Gap, Société d’Études des Hautes-Alpes, 1997, 712 p., p.529-536 .