Formation de FFI en R4

Légende :

Cette note explique la fusion des unités militaires de la Résistance dans la région R4 en juin 1944. Elle présente l’État-major et précise que Ravanel est nommé « Commandant de la Région R4 avec le grade de Colonel ».

This document explains how the Resistance's military forces in region R4 fused together in June of 1944. It states that the Etat-Major has been created and that Ravanel has been named «Commander of the Region R4 at the rank of Colonel.» 

Genre : Image

Type : Note

Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié, format A4.

Date document : Vers septembre 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées)

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Analyse média

Selon l'historien Stéphane Weiss, même si la mention « Juin 1944 » y figure (mais en élément d'un sous-titre et non en en-tête du document), cela ne peut être le cas. Un élément objectif permet de dater le document du mois de septembre, au plus tôt, lorsque Serge Ravanel exerce pour quelques semaines le commandement de la Région R4 au grand jour, après la libération de Toulouse. Cet élément est la mention du « Groupement Parisot fort de 1200 hommes ». Le groupement gersois en question, également connu en tant que Bataillon de l'Armagnac, n'a franchi le cap des 1200 hommes qu'à la fin du mois d'août 1944, après l'absorption de plusieurs autres groupes du Gers et du Lot-et-Garonne. En juin 1944, l'ensemble des récits conservés et des archives ne font mention que de 500 à 700 hommes : rien ne permettait alors de présager l'atteinte du seuil des 1200 hommes. Je fonde cette affirmation sur un travail de reconstitution de l'évolution des effectifs du Bataillon de l'Armagnac de juin 44 à mai 45, que j'ai publié en 2014 pour la Société archéologique du Gers. Par ailleurs, au regard de la mise en forme du document, l'hypothèse qu'il s'agirait d'une page sortie d'une liasse plus conséquente n'est pas à exclure. La description finale de la composition de l'état-major semble en effet bien courte, ne mentionnant par exemple pas le service de santé FFI attesté en R4. Peut-être y avait-il une seconde ou une troisième page traitant des mois de juillet à septembre 1944.


Auteur : Stéphane Weiss

Pour en savoir plus :
Weiss Stéphane, « Du Bataillon de l'Armagnac au 158e RI – Première partie », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 2014, n° 412 : p. 226-256. 
Weiss Stéphane, « Du Bataillon de l'Armagnac au 158e RI – Seconde partie », Bulletin de la Société archéologique du Gers, 2014, n° 413, p. 398-421.

Contexte historique



A la veille de la Libération, on peut dire qu'il existe bien une force FFI en R4. Au niveau régional, Serge Ravanel est à la tête d'une force totale de 43 648 FFI (dont 15 933 FTPF, concentrés surtout dans le Lot et en Ariège, 14 254 AS-CFL et 9 402 ORA). Dans son état-major, on trouve des représentants de l'AS-CFL avec Claude Cartier-Bresson (" Vincent ", « Monnier »), des FTP avec Georges Delcamp (" Greno "), de l'ORA avec de Bermond de Vaulx (" Graves "). Des liaisons existent avec le CFP (corps-franc Pommiès) grâce à Georges Sarrazin (" Tavernier "), avec le bataillon de l'Armagnac (groupe Parisot), avec les guérilleros et avec les groupes Vény qui sont présents surtout dans le Lot. A l'échelle régionale, le commandement OMA (Organisation métropolitaine de l’Armée, ORA) est mis sur pied, dirigé par le lieutenant-colonel de Bermond de Vaux (" Graves "). Il est assisté d'un chef d'état-major, le commandant Chanson, chef d’Etat-major.

Le mouvement Combat crée, très tôt, un service social en R4. Celui-ci, d’abord animé par Madame Blaque-Belair (la future madame Hauriou), se développe sous la direction d’Henriette Léon ("Lamy"), et son adjointe Jacqueline Braun, qui a également en charge la Haute-Garonne. Des fonds arrivent de Lyon et sont distribués par le chef régional. En 1943-1944 le service social devient aussi celui des MUR, puis celui des FFI, et enfin celui du MLN. L'une des premières tâches est de venir en aide aux résistants prisonniers et à leurs familles, les besoins étant définis en accord avec les organisations de la Résistance. Les familles des détenus sont secourues à la fois matériellement (par des fournitures d'argent, de produits divers et de tickets) et moralement. A partir de la fin de l'année 1943, des produits, des vêtements, des lainages sont fournis aux familles pour être envoyés aux déportés en Allemagne, en réalité très peu de colis arriveront à leurs destinataires. Le service social est aussi mis à contribution pour héberger et cacher des réfractaires au STO, des résistants menacés et des aviateurs alliés en attente de passage en Espagne. Il fournit des faux papiers. Il est en rapport avec des services de renseignements. Il a des contacts permanents avec le service médical de la Résistance (celui du docteur Baudot en particulier) afin de faire soigner les résistants blessés ou malades. Il participe enfin à des opérations coups de main pour libérer des prisonniers politiques. Le service social du MLN fonctionne jusqu'à la fin de l'année 1945. Il viendra en aide aux déportés rapatriés, aux familles des fusillés et des morts en déportation ainsi qu'aux orphelins. Jusqu'au bout, il jouera son rôle de secouriste des résistants éprouvés et de leurs familles. Le lieutenant-colonel et docteur Baudot, déjà cité, est un des grands médecins de la Résistance clandestine de la région. Devenu le responsable du groupe sanitaire de Toulouse, il accompagne à ce titre la colonne Schneider, puis la 14e division de la Première Armée française. 


         FFI in Region R4

With the Liberation fast approaching, the FFI had been well established in R4. Ravanel was the head of the FFI at the regional level in the area. In Toulouse, Ravanel led a force with 43,648 men strong for the FFI (15,933 of whom were FTPF in Lot and the Ariège, 14,254 from the AS-CFL, and 9,402 from ORA). In the Etat-Major, the AS-CFL representative was Cartier-Bresson («Vincent»), for the FTP was Delcamp («Greno»), and for the ORA was Bermond de Vaulx («Graves»). Communication with the CFP, Armagnac's battalion, the guerilleros, and the Veny groups in the Lot were all upheld thanks to Sarrazin («Tavernier»). The OMA commander, Lieutenant-Colonel Bermond de Vaux («Graves»), had also organized his troops in the region. He served as deputy to the leader of the Etat-Major, Chanson.

Early on, Combat had created a social service in R4. Run by Madame Blaque-Belair (the future Madame Hauriou), the service developed further under Henriette Léon's guidance (alias «Lamy») and her deputy, Jacqueline Braun, who was in charge of the operation in Haute-Garonne. Funds arrived from Lyon and were then distributed by the regional leader. From 1943 to 1944, the social service was absorbed by MUR, then the FFI, and finally the MLN. One of their first missions was to help imprisoned resistance fighters and their families according to the guidelines laid out by the Resistance. These families received material aide, such as money, food, and food tickets, as well as moral support. By the end of 1943, supplies and warm clothing were provided for the families of those sent to Germany in the hopes that they could send them to their loved ones at the work camps. However, it is unlikely that these packages reached their destinations. The social service also helped to house and hide those ducking the STO, wanted resistance fighters, and Allied pilots waiting to cross through Spain in order to return to England. In addition, they provided false papers, worked closely with training groups, and were constantly working with the Resistance's medical service—Doctor Baudot especially—helping to care for the wounded and ill. But the social service teams were not merely aid workers; they also helped to free political prisoners. The social service within the MLN remained active until the end of 1945. They helped deportees returning to France, military families, families whose loved ones had died during the deportations, and orphans. From the start, the social service provided much needed moral and material support for resistance fighters and their families. Lieutenant-Colonel and Doctor Baudot, too, was an important figure as one of the most important doctors for the Resistance in the region. He took over the medical group in Toulouse alongside Colonel Schneider, and the 14e division for the First French Army.



Traduction : Catherine Lazerwitz


Source : Michel Goubet, "Description de l’Etat-major FFI de la région R4 en juin 1944" in cédérom sur la Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.