Jean Chapus, décoré de la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur

Légende :

Soixante six ans après y avoir participé, le jeune acteur des combats de la libération de Romans-sur-Isère reçoit une juste récompense lors des cérémonies de la commémoration de ces évènements.

Genre : Image

Type : Photo portrait

Producteur : cliché Pascal Djemaa, correspondant de presse.

Source : © Pascal Djemaa Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique couleur.

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Analyse média

Entouré des porte-drapeaux, des légionnaires de la région, Jean Chapus vient de recevoir, en tant que Résistant, la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur des mains d’Alphonse Taravello, lui-même Résistant et chevalier de la Légion d’honneur.

Cette décoration lui a été remise à Jean Chapus le 26 août 2010, lors des cérémonies de commémoration de la libération de Romans-sur-Isère. La ville avait d’abord été libérée par les FFI, le 22 août 1944, puis reprise le 27 août par les Allemands voulant assurer la sécurité du repli de leurs troupes par une voie parallèle à la vallée du Rhône. La ville a été définitivement débarrassée de l’occupant le 30 août.

La population romanaise, les autorités civiles locales et départementales, les anciens Résistants étaient présents. Pour la première fois, des enfants des organismes organisant les loisirs des jeunes pendant les vacances scolaires (Centre aéré de l’Amicale Laïque et Pass’Sports Vacances) ont été associés dans la semaine précédente à des activités touchant aux souvenirs de la période de la guerre 1939-1945 (maquettes de lieux importants, enquêtes, visite du Musée de la Résistance et de la Déportation…)


Auteur : Jean Sauvageon

Contexte historique

Les familles Chapus et Taravello ont participé largement à la Résistance drômoise.

Le père de Jean Chapus, prénommé André Jean, né en 1896 à Livron-sur-Drôme, a été blessé de la guerre de 1914-1918 et a reçu la Légion d’honneur en 1920. Il est chef de gare à Romans depuis 1942. Faisant partie du réseau AZV de Résistance Fer, il renseigne la Résistance sur les activités transport des occupants. Il prend contact rapidement avec Paul Jansen, directeur de la Maison des Jeunes qui a fait de cette création maréchaliste un foyer de Résistance pour les jeunes. Pour qu’il participe aux activités de la Maison, il y inscrit son fils Jean qui devient un des membres du groupe Daniel, dirigé par René Piron. André Jean Chapus est chef de gare lors de la manifestation contre le départ au STO, en gare de Romans, le 10 mars 1943. Le 29 août, au retour des chars allemands, il demande aux cheminots de la gare de quitter leur poste et d'aller se réfugier à la campagne. Il reste sur place avec sa famille. Son fils Jean est blessé, il le cache dans la cave à charbon où les Allemands ont failli le trouver sans le sang-froid de madame Chapus. Il fait partie du Comité Local de libération, il siège au premier conseil municipal d'après-guerre. Il décède en 1999.

Quant à Octave Taravello, né en 1900, père d’Alphonse, il est bourrelier-sellier-exploitant forestier. Il crée au début 1943 un groupe de réfractaires au STO qu'il emploie à Ansage dans une coupe de bois. C’est un des premiers membres du groupe Daniel. Il entrepose les armes du groupe, assure le transport avec ses camions, fabrique dans ses ateliers des étuis de chargeurs de mitraillettes, des ceintures, des sacs tyroliens, il participe à la réception de parachutages avec son fils Alphonse, il accueille pendant quelques jours monsieur Barbe, commissaire de police à Romans, menacé par la Gestapo. Son fils Alphonse est lui aussi membre du groupe Daniel.

Il est donc logique qu’Alphonse Taravello, déjà titulaire de la Légion d’honneur, remette cette décoration à son ami et camarade de combat.

Intervention d’Alphonse Taravello, le 26 août 2010, à l’occasion des cérémonies de commémoration de la libération de Romans-sur-Isère :

"Jean René Chapus, né le 18 mai 1925 à La Voulte-sur-Rhône, arrive à Romans en septembre 1942, suite à la nomination de son père chef de gare, à Romans.

Engagé dans la résistance fin 1942 avec les membres de la maison des jeunes sous les ordres de Paul Jansen, Jean Chapus est affecté à la Compagnie Daniel, commandée par le capitaine René Piron.

Sa première mission à l’âge de 18 ans est le transport d'armes dans des sacs à dos par le train de Saint-Vallier-sur-Rhône à Saint-Rambert-d’Albon. Ils sont trois pour cette opération. Ils sont contrôlés par les soldats allemands dans le wagon de voyageurs. Paul Jansen, très inquiet pour ses deux jeunes, décide d'ouvrir la portière du wagon pour sauter sur le bord de la voie ferrée. Jean Chapus l'en dissuade. Les soldats allemands font ouvrir les sacs et la fouille, faite très succinctement, les a sauvés.

Le 25 avril 1944, il participe à Chanos Curson au ramassage du parachutage, très risqué, à deux km de l'unité de garde allemande à la centrale électrique de Beaumont Monteux.

II se retrouve avec sa compagnie à Presle dans le Vercors, désigné pour une reconnaissance. De retour au village, Jean Chapus et Roger Reppelin sont faits prisonniers. Gardés par une sentinelle, il a le temps de dire à son camarade : « nous sommes perdus, pars à droite et moi à gauche ». Tous les deux bousculent le soldat allemand et se sauvent sous la mitraille. Son camarade est tué à 20 mètres de l’orée d'un bois. Jean Chapus est sauf et peut rejoindre sa compagnie.

Il participe à la libération de Romans, le 22 août 1944. En position, à l'angle de la rue Victor Hugo et de la place Jean Jaurès [alors place Maréchal Pétain], il fait feu sur un camion ennemi. Il est blessé par balles et éclats de grenade.

Après sa guérison, il s'engage comme volontaire dans l'armée de l'air et sera démobilisé le 15 avril 1946 avec le grade de sergent.

Le 18 mai 1946, il se marie avec mademoiselle Irène Chartier, autre grande famille de résistants, et ils auront 3 enfants. Sa vie professionnelle est très active. De 1947 à 1990 avec son beau frère Robert Chartier, Jean Chapus dirige la société Rojan [salaisons]. Il sera membre du Conseil des Prud'hommes pendant deux ans.

Retraité il est membre du bureau national des Pionniers du Vercors et président de la section de Romans. Il est, un temps (présidence tournante), président du centre historique de la résistance en Drôme et de la déportation de Romans (devenu le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation).

Titulaire du Diplôme de la Nation de la croix des Combattants et des combattants volontaires. Cité à l'ordre du corps d'armée, il reçoit la croix de guerre avec étoile de vermeil, et le 7 septembre 2004, la Médaille militaire.

On peut noter que son père, Jean Chapus, chef de gare, était officier de la Légion d’honneur. Il avait été membre du réseau Résistance Fer, sous le pseudonyme de Capitaine Régis 78-02. Son beau-père, Louis Chartier, engagé volontaire pendant la guerre de 1914-1918 était chevalier de la Légion d’honneur. Son beau-frère, Robert Chartier, était aussi membre de la Compagnie Daniel (Piron)."


Jean Chapus a toujours milité dans les associations d’anciens Résistants où, avec sa pondération, il a prôné de conserver l’unité des anciens combattants de la Résistance. Il est depuis plusieurs années président de la section locale des Pionniers du Vercors.


Auteur : Jean Sauvageon