Scène de battage du blé

Légende :

Train de battages de l'entreprise Camille Revol de Larnage, campagne 1942.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : cliché Aimé Revol

Source : © collection Aimé Revol Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc renseignée.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Larnage

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

La photo représente une scène de battages sur une aire de ferme dans un village du nord de la Drôme, Larnage. L’intérêt de ce document est de montrer l’intégralité de ce que l’on dénomme un train de battages.

À l’arrière-plan, on aperçoit le gerbier édifié avec les gerbes rapportées du champ de blé. Elles ont sûrement été réalisées avec une moissonneuse-lieuse, machine courante dans la région.

À gauche de la scène se trouve le tracteur. Cet engin, et c’est là l’intérêt du document, n’actionne pas, par l’intermédiaire d’une grande courroie, la batteuse et le monte-paille. Le tracteur ne sert qu’à déplacer le train de battages d’une aire de battages à une autre. La batteuse est actionnée par un moteur électrique monté à l’arrière du tracteur. Ce moteur est alimenté en électricité par un câble qui est relié à une ligne électrique qui peut être distante de plusieurs centaines de mètres. Cette particularité permet de dater la scène. En effet, pendant la guerre, le manque de carburant d’origine pétrolière a amené les entrepreneurs de battages à utiliser l’électricité, relativement plus abondante. C’est cette même disette en produits pétroliers qui explique l’utilisation du gazogène pour les camions.

Entre le tracteur et la batteuse, on distingue bien la courroie qui actionne la batteuse. Cette courroie, large d’une vingtaine de centimètres, représente un danger permanent car elle n’est pas protégée et elle a la particularité de « sauter » des poulies. La batteuse représentée est devenue courante dans les années 1920. Pour l’approvisionner, plusieurs hommes, sur le gerbier, envoient des gerbes sur une ouverture supérieure de la batteuse. Un ouvrier tranche le lien de la gerbe et l’enfourne dans la batteuse. Le grain sort d’un côté, tout de suite mis en « balles », sacs de jute, pesés et mis à l’écart. La paille est rejetée sur un monte-paille. Un ouvrier construit une meule avec cette paille. Ce monte-paille est souvent remplacé par une presse qui débite des ballots de paille pesant environ une quarantaine de kilogrammes. Les ballots sont rangés dans des « fenières » et servent de paillage pour étables ou écuries ou comme aliment complémentaire du bétail.

Le fonctionnement du train de battages nécessitait une équipe d’une douzaine de personnes. L’entrepreneur de battages avait son propre personnel, cinq à six ouvriers. L’agriculteur, aidé par des voisins à qui il rendait par la suite le même service, apportait le complément et la nourriture de tous pendant le battage.

Au premier plan, on distingue l’emplacement d’un gerbier qui a été battu, un tas de sacs, « les balles » d’une contenance de 100 kg. Une fourche est plantée dans la terre. C’est l’outil qui sert pour saisir les gerbes.

Le document laisse bien apparaître tous les composants d’une opération de battages pendant la guerre. Après 1945, le train de battages subsistera jusque dans les années cinquante. Il sera remplacé par la moissonneuse-batteuse qui allègera le dur travail de cet épisode fondamental de la vie rurale. Actuellement, on reconstitue, pour les touristes, cette scène de battages « à l’ancienne ». On les montre comme un épisode joyeux de la vie rurale passée. En réalité, les battages étaient un moment redouté car soumis aux aléas climatiques et épuisant pendant les grosses chaleurs estivales.


Auteur : Alain Coustaury

Contexte historique

Le blé, dès sa récolte, est l’objet d’une surveillance méticuleuse des services de l’État. Les agriculteurs sont obligés de déclarer leurs récoltes, des contrôleurs sont chargés d’y veiller. Ces contrôleurs sont souvent des instituteurs réquisitionnés pendant les vacances d’été. Leur connaissance du milieu ou leur antipathie pour le régime de Vichy, pour certains, les amènent à n’être pas trop stricts sur les contrôles.

Une partie de ce blé est réquisitionnée et exportée en Allemagne. Les Français sont soumis à des restrictions drastiques. On ne peut obtenir du pain qu’en échange de tickets. Les agriculteurs peuvent, avec certaines conditions, échanger du blé contre du pain.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : Archives Aimé Revol.