Hommage à Barthélémy Duprillot

Légende :

Garde d’honneur montée par une partie de la direction clandestine des détenus politiques.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Inconnu

Source : © Dépôt MRN, fonds Amicale d'Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc. Taille : 12 x 9 cm.

Date document : 10 ou le 11 décembre 1943

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Cette photographie, prise le 10 ou le 11 décembre 1943 au rez-de-chaussée de l’infirmerie, montre la chapelle ardente dressée en hommage à Barthélémy Duprillot, interné administratif s’étant suicidé le 10 décembre 1943 de peur d’être livré aux Allemands.

Le cercueil reposant sur un catafalque est orné d’un drap aux couleurs nationales et précédé par plusieurs drapeaux tricolores. Le corps est noyé sous les fleurs, chrysanthèmes cueillis dans les jardins de l’infirmerie, mais surtout, couronnes offertes par la population villeneuvoise. Les couleurs tricolores, la présence de six drapeaux et l’attitude droite et solennelle des gardes confère à la manifestation une dimension patriotique et militaire solennelle. La garde d’honneur est montée par une partie de la direction clandestine des détenus (à gauche au fond : Pierre Doize, Victor Michaut ; à droite au fond : Stéphane Fuchs, Toussaint Raffini).

Arrivé à Eysses le 23 octobre 1943 avec les autres internés, Barthélemy Duprillot s’est donné la mort pendant la bataille dite des « Trois glorieuses », le 10 décembre 1943, de peur d’être livré aux Allemands. L’enterrement de Duprillot est précédé d’une manifestation solennelle de fraternité. Une chapelle ardente est dressée au rez-de-chaussée de l’infirmerie. Le cercueil reposant sur un catafalque est orné d’un drap aux couleurs nationales et précédé par plusieurs drapeaux tricolores. La garde d’honneur est assurée par une partie de la direction clandestine du Front national des détenus. 

Les photos représentant l’escorte du corbillard jusqu’à l’extérieur de la centrale par les surveillants en costume pénitentiaire attestent d’une même communion du personnel et des détenus dans la cérémonie et dans le deuil. Les honneurs officiels sont rendus par une haie de détenus en sabots et costume de bure, regardant passer le corbillard sans franchir toutefois une enceinte devenue fictive. La présence des surveillants laisse entendre que l’assentiment du directeur Lassalle a été obtenu. 

Nous mesurons là la détermination et l’efficacité de l’organisation politique et la portée des libertés concédées aux détenus par la direction, alors que de telles manifestations rendant honneur à des résistants sont totalement prohibées à l’extérieur, passibles d’ailleurs de condamnation.


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.