Vue extérieure du quartier cellulaire

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Cliché Henri Manuel

Source : © Archives École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), fonds Henri Manuel. Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Entre 1929 et 1931

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Cette photographie est extraite d’un album réalisé par le studio photographique d’Henri Manuel à la fin des années vingt et comprenant une cinquantaine de clichés pris à la maison centrale d’Eysses. Il s'agit d'une vue extérieure du quartier cellulaire, du côté de l'entrée à l'est du bâtiment. 

« Bien avant la campagne contre les bagnes d’enfants lancée en août 1934 après l’évasion de colons de la maison d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer, entre 1929 et 1931, le studio Henri Manuel réalise une commande sur les prisons et les institutions pour mineurs relevant du ministère de la Justice. Le reportage est d’importance et couvre l'École d'administration pénitentiaire, 17 maisons d'arrêt, 6 centrales et enfin 9 établissements pour mineurs : les maisons d'éducation surveillée d'Aniane, de Belle-Île-en-Mer, de Saint-Maurice, la colonie correctionnelle d'Eysses, l'école de réforme de Saint-Hilaire, les écoles de préservation de Cadillac, de Clermont-de-l'Oise, de Doullens, ainsi que la prison de la petite Roquette qui, à cette époque, accueille des mineurs. Pour certains établissements, le reportage donne lieu à deux albums, un pour les hommes et un pour les femmes. Quelle est l’origine de la commande, quel en est le commanditaire, à quel public s’adresse-t-elle ? Les questions sont nombreuses, les réponses ne peuvent guère dépasser le stade des hypothèses de travail. Comme pour de nombreux fonds photographiques, nous ne possédons que des images. Elles sont montées sous forme d’albums de facture artisanale. Les photographies sont collées sur du papier Canson et rassemblées par établissement. Seule la dénomination officielle de l’institution, inscrite à la main, figure sur la couverture, mais aucune légende n’accompagne les clichés. A ce jour, nous n’avons retrouvé aucune archive concernant les modalités et les finalités de cette commande. Restent plus d'une trentaine d'albums et des images extraites des reportages sur les institutions accueillant des mineurs et diffusées sous forme de carnets d’une douzaine de cartes postales. »
(Françoise Denoyelle , « Le studio Henri Manuel et le ministère de la Justice : une commande non élucidée »).


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Françoise Denoyelle , « Le studio Henri Manuel et le ministère de la Justice : une commande non élucidée », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », Numéro 4, 2002 , mis en ligne le 18 mai 2007 [article en ligne : http://rhei.revues.org/index56.html].

Contexte historique

C’est le 2 juin 1895 que furent affectés à une colonie correctionnelle les locaux de l’ancienne maison centrale d’Eysses. Elle reste un établissement pour mineurs de 1895 à 1940. Au XIXeme siècle, l’enfance délinquante accapare les efforts ; il faut les arracher à la ville corruptrice et les régénérer par l’air pur des champs, l’environnement rural d’Eysses offre un cadre favorable. Le décret du 31 décembre 1927, par volonté de gommer le plus possible le caractère pénal de cet établissement, transforma le nom en celui de maison d'éducation surveillée. Mais ce nouveau vocabulaire a du mal à passer, on continue à appeler Eysses, qui reçoit toujours les incorrigibles, colonie correctionnelle. Eysses a été divisée en deux sections : une section pénitentiaire pour les mineurs de seize ans condamnés à des peines supérieures à deux ans ainsi que les relégables bénéficiant d’un régime de faveur, et une section correctionnelle où sont matés les « insubordonnés et les vicieux » (indisciplinés de toutes les autres maisons pénitentiaires tant publiques que privées), les mineurs de moins de vingt et un ans en « correction paternelle », cependant que sont isolés des autres les syphilitiques. La discipline s’y fait plus dure et les révoltes se multiplient dans ce qui devient réellement des « bagnes d’enfants ». Dans les années 1930, Eysses et Belle-Île sont au cœur de cette campagne. Le scandale d’Eysses est dénoncée d’abord dans une campagne de presse locale, le Travailleur du sud-ouest du samedi 27 février 1937 publie la conférence du Secours Populaire de France qui dénonce : « le cas de certains jeunes, que les circonstances ont amenés dans les maisons de correction et qui subissent des tortures encore moyenâgeuses », puis il est orchestrée par Alexis Danan. La campagne qu’il mène dans Paris-soir à la suite de “l’affaire d’Eysses” d’avril 1937, sert de détonateur, dans un contexte idéologique occupé par des partisans de la défense sociale qui font du traitement des mineurs un préalable à la mise en œuvre des réformes pénales. Il reste donc de cette période durant laquelle Eysses est une maison d’éducation surveillée, une solide réputation de « bagne » d’enfant.


Sources : Site officiel de l’association nationale pour la mémoire des résistants emprisonnés à Eysses (http://www.eysses.fr).