Claude Ducreux : de la prudence à la clandestinité
Légende :
Claude Ducreux : de la prudence à la clandestinité
Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Source : © AERI Droits réservés
Détails techniques :
Durée de l’extrait : 00:02:20
Tournage et montage : Nicolas Voisin
Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.
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Date document : Février 2009
Lieu : France
Analyse média
Retranscription :
" Dans le milieu lycéen et étudiant, on continuait à être lycéen et étudiant... parce que bon, ça faisait une bonne surface et qui n'avait rien de caché. On allait au lycée, on revenait, on faisait nos devoirs, on apprenait nos leçons, il y avait un examen, on le passait... Ce qui n'empêchait pas de faire l'activité clandestine qui nous était demandée. Il fallait bien répondre présent quand on faisait l'appel des absents au lycée. Un élève trop absent, au bout d'un certain temps, il était signalé par un censeur... et il y a eu des foutus à la porte. Il fallait essayer de durer le plus longtemps possible et même de passer des examens. Moi, j'ai passé des examens avec succès pendant cette période-là.
Des précautions, il y en avait des quantités. Si on était arrêté, il ne fallait pas parler pendant deux jours, parce qu'il fallait deux jours pour prévenir la cellule. Il y avait ceux qui étaient de grands responsables. Eux avaient une pastille à avaler pour se détruire. Ca n'a pas, à ma connaissance, fonctionné très souvent.
Yanne Jamin pour moi, elle s'appelait " Mich " parce que le téléphone de l'époque à Paris, c'était des noms de personnages. Il y avait " Danton " et elle, c'était " Michelet ". Alors, " Michelet ", ça faisait " Mich ". Et moi, j'étais " Dan " pour elle. C'était " Mich " et " Dan ". Les rendez-vous n'étaient ni chez elle, ni chez mes parents, encore moins, mais toujours dans les stations de métro. Alors, il y en avait un qui arrivait en avance, un qui arrivait en retard et qui regardait tout le paysage pour savoir s'il ne semblait pas qu'il y ait de mine patibulaire dans la station de métro. Mais il y a eu beaucoup d'arrestations dans les stations de métro. "
Contexte historique
Claude Ducreux est né à Houlgate, dans le Calvados, le 28 août 1923. En 1940, il a donc 17 ans. Il est en classe de Philo au lycée Henri-IV à Paris.
Le 11 novembre 1940, les Allemands interdisent de célébrer la mémoire de l'armistice marquant leur défaite en 1918. Claude défile pourtant à Paris aux côtés de nombreux étudiants. Cette manifestation est sévèrement réprimée et Claude est blessé à l'arcade sourcilière. Premières activités au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance A la fin de l'année 1942, il est recruté par son ami lycéen Pierre Hebert comme agent de liaison au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance. Il transporte des paquets de journaux clandestins et les distribue. Il cache, dans une petite chambre qu'il loue à Paris, des aviateurs canadiens dont l'avion a été abattu.
Début juin 1943, il est arrêté, transféré à la prison de Fresnes, puis libéré le 14 juillet. Sauvetage d'enfants juifs A sa sortie de prison, grâce à une association (la CIMADE), il est mis au vert à Argentières, près de Chamonix. Pendant ce temps, de la fin du mois de juillet jusqu'au mois d'août 1943, il reste actif : il aide des enfants juifs à s'enfuir en Suisse en passant la frontière clandestinement, par la montagne. En septembre 1943, c'est la rentrée scolaire et il revient à Paris pour faire sa deuxième année de Khâgne au lycée Henri-IV.
En octobre 1943, il est recruté à l'OCM puis l'OCMJ (Organisation civile et militaire de la jeunesse). Il est agent de liaison et distribue la presse clandestine. Mais il apprend aussi, à Vincennes et à Fontainebleau, à se servir des armes. A Pâques 1944, il distribue aux résistants de l'argent, parachuté depuis Londres.
Au mois de juin 1944, il doit rejoindre ses camarades de classe au maquis de Chambon-la-Forêt, dans la forêt d'Orléans. Mais, le 10 juin, ses camarades sont fusillés à la ferme du By, suite à une dénonciation. Claude est prévenu à temps et rejoint le maquis de Lorris. A la mi-juillet 1944, il est intégré au groupe Robert. Il participe avec eux à la prise d'Orléans à la fin du mois de juillet 1944. Le 24 août 1944, c'est le départ pour Paris et la prise de l'École militaire le 25 août. Le lendemain, il monte la garde devant une librairie du quartier de la Sorbonne à Paris, pour le Comité de Libération de Paris. Claude y rencontre sa future femme, Simone Jouhant. Il est ensuite affecté à l'Armée régulière, dans la 9e DIC (division d'infanterie coloniale), avec des tirailleurs sénégalais.
Il devient avocat. En 1989, les poèmes que Claude a écrit pendant cette période sont édités dans le recueil Mes années vertes, 1939-1945. Il continue d'écrire sur des lieux de mémoire et en hommage aux camarades de la Résistance.
Il est Combattant Volontaire de la Résistance (CVR) et Officier de la Légion d'Honneur. A la retraite, il reste très actif : membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, engagé au sein du Comité d'action de la Résistance (CAR) et de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI).
Claude Ducreux est décédé le 20 juillet 2011.
DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.