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Jacques Bloch : une entrée en résistance grâce à son oncle Marc

Légende :

Jacques Bloch évoque son entrée en résistance grâce à son oncle Marc

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:02:57

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Limousin) - Creuse

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Analyse média

Retranscription :

 

" Quand j'ai passé mon bac, je me suis activé un peu plus car avant, je m'étais fixé comme priorité de finir mon bac et aussitôt que possible, après, d'essayer de faire autre chose, quitte à interrompre mes études. Il se trouve que mon père avait un cousin germain qui est un historien assez connu, qui s'appelait Marc Bloch. Alors, un peu par mon instinct parce que tout le monde était extrêmement discret, Marc Bloch et sa famille nous avait prêtés pendant quelques mois, quand on est arrivé en zone libre (...) Alors, je ne peux pas raconter parce qu'on n'a pas le temps, mais on a habité une maison dans la Creuse pendant quelques mois et il apparaissait de temps à autres. Et moi, j'ai eu une espèce de... j'ai subodoré par son attitude... je ne peux pas expliquer pourquoi... je cherchais à avoir un contact avec des résistants et j'ai eu l'impression qu'il n'était pas complètement étranger à la chose. Et en fait, c'était vrai, parce qu'il a été un des dirigeants du mouvement Franc-Tireur, etc, etc... avant d'être arrêté et fusillé par les Allemands. Alors il a compris... moi, c'était entre deux mots, lui, c'était entre deux mots aussi... il a dit : "Je vais réfléchir à ton cas ". Et puis, il est reparti, parce qu'il habitait à Montpellier et il s'est caché à Lyon après ça, à la tête avec d'autres de son équipe de résistants. Et quand on s'est revu la fois d'après, il m'a dit : " Tu vois, j'ai pensé à toi, parce que j'ai envisagé... j'ai besoin d'avoir un agent de liaison, quelqu'un qui soit capable de rédiger un petit communiqué, d'être mon garde du corps, d'être un peu mon avant-garde, etc. Il y a un problème, c'est que tu as les cheveux roux. " Alors, j'en ai parlé à mon coiffeur. C'est vous dire qu'il entrait dans les détails. Alors, il m'a dit : "Ce à quoi j'ai pensé ne marchera pas parce que j'ai demandé à mon coiffeur si on pouvait te teindre les cheveux pour que tu sois plus anonyme. " J'avais les cheveux d'un beau roux d'ailleurs, m'enfin, c'était... "Alors, non, non, mon coiffeur m'a dit que les cheveux teints, ça se voyait toujours, ça ne marchera pas et je chercherai autre chose. Il m'a mis en rapport avec l'un de ses beaux-frères qui était ingénieur général en chef des télécommunications, qui était son beau-frère de l'autre côté de la famille, pas de ma famille à moi, mais de sa famille à lui. Et lui m'a mis en contact... Il m'a dit : "Tu vas essayer de contacter de ma part une personne à Guéret dans la Creuse ", ce que j'ai fait, etc. Et puis, on s'est vu une fois, il m'a donné une marche à suivre. Un certain soir, j'ai pris un bus entre Guéret et Bourganeuf, une petite bourgade de la Creuse, où j'ai atterri chez un garagiste, en pleine ville, où je suis resté une huitaine de jours, en attendant qu'on puisse venir me récupérer. Voilà comment ça s'est engagé. "


Contexte historique

Jacques Bloch est né le 7 juillet 1924, il a donc 15 ans lorsque la guerre éclate. Son père, mobilisé, est fait prisonnier de guerre. Il est libéré durant l'été 1941, avec les autres officiers de réserve anciens combattants de 1914-1918. Mais à son retour, le proviseur du lycée où il enseigne lui annonce qu'il est révoqué, parce qu'il est juif. Deux jours plus tard, c'est la mairie qui convoque le père de Jacques : les Allemands réquisitionnent sa maison. La famille a quelques heures pour quitter les lieux... Ils se réfugient dans leur maison secondaire en Touraine. Ils y habitent jusqu'en février 1942 : la famille est alors prévenue par des villageois que l'ordre a été donné de les arrêter. Ils fuient vers la Creuse, retrouver leur cousin, l'historien Marc Bloch.

Jacques soupçonne son cousin de faire partie de la Résistance et il est certain de pouvoir lui faire confiance : il lui propose donc son aide. Marc Bloch se donne le temps de la reflexion, puis le met en contact avec un camarade qui permettra à Jacques de prendre le maquis dans la région de Bourganeuf (Creuse), le 19 février 1944. Il devient " Jacques Binet ". Jacques et ses camarades apprennent à se servir d'armes. Jusqu'au Débarquement, la plupart des actions sont le sabotage et la réception de parachutages anglais et américains. La population, dans son ensemble, est de leur côté.

Le 7 juin 1944, les maquisards attaquent et libèrent Guéret... Mais la victoire est de courte durée : la terrible division SS Das Reich revient. Lors de ces combats, Jacques est blessé au bras. A l'hôpital, le chirurgien est obligé de l'amputer. Dénoncé par un milicien, Jacques est arrêté dans sa chambre d'hôpital par les Allemands et livré à la Gestapo, à Montluçon. Il y est interrogé pendant sept jours et sept nuits. Transféré à la prison militaire de Moulins, il reste trois mois " au secret ".

Jacques est déporté au camp de concentration de Buchenwald le 5 septembre 1944, alors que Paris est libéré. Les médecins SS hésitent sur son cas : c'est un jeune homme fort mais handicapé. Cela lui permet d'alterner entre le camp de travail et les blocks des invalides. Dans ces derniers, il rencontre Jacques Lusseyran.

Lors de l'évacuation du camp, il préfère s'évader et rejoint clandestinement les lignes américaines le 13 avril 1945. Moins de la moitié des personnes déportées à Buchenwald avec lui rentreront chez eux. A son retour en France, il suit des études de Droit puis travaille comme administrateur au Sénat. Il pratique quelques sports. Retraité, il vient raconter son histoire aux élèves.

 


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.