Jean Rispal : la gare de Trappes
Légende :
Jean Rispal évoque ses activités à la gare de Trappes
Genre : Film
Type : Témoignage filmé
Source : © AERI Droits réservés
Détails techniques :
Durée de l’extrait : 00:02:24
Tournage et montage : Nicolas Voisin
Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.
Date document : Février 2009
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines
Analyse média
Retranscription :
" Evidemment, jouant toujours sur mon âge, ça me permettait de circuler un peu partout et, à côté de Senlisse, il y a une gare qui était importante, une gare de triage, qui est la gare de Trappes. Et, là, c'est à peu près au moment du Débarquement, où tous les trains étaient regroupés, dispatchés depuis Trappes. Donc, mon travail a été de m'introduire dans la gare de triage, où il y avait énormément de sentinelles, etc. et, sous le prétexte de jouer avec les enfants des cheminots et toute la suite, ça me permettait de prendre des renseignements sur ce qu'il y avait dans les trains, les destinations, etc. Les Allemands étaient des gens très organisés et tout ce qui passait était marqué, etc., donc, c'était quand même assez facile. Ces renseignements, je les ai transmis à mes supérieurs, qui eux, les ont transmis à d'autres supérieurs. C'est arrivé à Londres et, la gare de Trappes, en fonction des renseignements que je donnais - il n'y avait pas que moi qui en donnais, on était quand même plusieurs, il y avait le réseau Fer aussi, etc. que nous ne connaissions pas. Enfin, tous ces renseignements arrivaient à Londres. La gare de Trappes a été bombardée trois fois. Ce sont les Anglais qui ont bombardé. Ca a fait beaucoup de dégâts parce que les bombardements se passaient en haute altitude, du fait des DCA*, parce qu'il y avait énormément de DCA là-bas. Et ça a un peu aspergé partout, il y a eu pas mal de morts dans la population civile, ce qui pour moi a toujours été - je ne dirais pas : " C'est de ma faute ! " - mais j'avais comme réaction qu'il y en a eu de tués, mais ça a permis d'en sauver combien sur le Débarquement. Ce sont des problèmes métaphysiques qu'on se pose... sans trop y penser, mais en ayant quand même une sensation de mal-être en se disant : " C'est de ma faute, etc. "
*DCA : Défense contre Avions
Contexte historique
Jean Rispal est né le 13 mai 1928 à Paris. Au moment de l'exode, un événement qui le marque beaucoup, il part pour Lyon. Il vient alors d'avoir douze ans. Déjà, il s'amuse à montrer à ses amis une photo du général de Gaulle qu'il garde dans sa poche, et à faire des graffitis engagés sur les murs...
Ses parents sont divorcés. Après deux années passées à Lyon, sa mère souhaite le voir revenir à Paris avec elle. Mais elle a peur de bombardements sur Paris et juge plus prudent d'envoyer Jean à la campagne en banlieue parisienne, à Senlisse (Seine-et-Oise). Il y séjourne avec son petit frère et une jeune fille au pair qui lui donne ses leçons... Et le laisse très libre malgré son jeune âge !
Au printemps 1943, Jean repère dans le village un groupe de jeunes qu'il pense être des résistants. Il leur demande de participer à leurs activités. Après quelques hésitations dues à son jeune âge, il est intégré au mouvement Libération-Nord. Il porte encore des culottes courtes (vêtement réservé aux petits garçons de l'époque), ce qui fait de lui un agent de liaison insoupçonné des Allemands. Il transporte avec sa bicyclette des messages, des armes... Afin de préparer un bombardement allié, il recueille des renseignements à la gare de Trappes, où il s'infiltre en jouant avec les enfants des cheminots.
Il participe aux combats de la libération de Paris, mais il est refusé dans l'Armée régulière à cause de son jeune âge. Il s'engage donc au service des recherches du Lutétia, qui accueille les déportés à leur retour des camps. Jean a ensuite poursuivi une carrière commerciale, en s'appuyant sur sa capacité à entreprendre.
DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.