Charles d'Harcourt

Légende :

Charles d'Harcourt

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives du COSOR Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du CD-ROM La Résistance dans la Marne.

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Marne

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Contexte historique

Pierre et Charles d'Harcourt sont nés à Paris, Pierre le 11 décembre 1913, son frère Charles le 13 mai 1921.
Pierre et Charles sont les fils aînés du comte Robert d'Harcourt, professeur de littérature allemande à l'Institut catholique de Paris, auteur de nombreux ouvrages, en particulier L'Évangile de la force publié en 1936, qui dénonce l'embrigadement de la jeunesse allemande dans les mouvements nazis et démontre l'incompatibilité entre la foi chrétienne et l'idéologie nazie.

En 1939 Pierre d'Harcourt est mobilisé dans un régiment du Train. Fait prisonnier à Calais en juin 1940, il parvient à s'évader, se rend à Pargny où le château familial est occupé par les Allemands, puis à Reims chez son oncle Jean de Caraman-Chimay qui est un des dirigeants de la maison de champagne Veuve Clicquot. À Vichy, où son père se tient caché, il est contacté par des responsables du SR Vichy qui le chargent de collecter des renseignements à Paris. Sous le pseudo de « Richard », il les fait parvenir à Vichy par une série de relais dans le Nivernais, en particulier à la préfecture de Nevers. C'est cette même filière qui est utilisée pour faire passer la ligne de démarcation à des aviateurs alliés, un passage que Pierre d'Harcourt assure lui-même à plusieurs reprises. À Paris, il entre en contact avec Krauss, un Autrichien travaillant chez Siemens susceptible de lui fournir des renseignements sur les blindages allemands. À la suite d'un rendez-vous avec Krauss, il est interpellé le 9 juillet 1941 à la station de métro de la Porte Maillot. Porteur de documents, il tente de fuir, mais il est blessé par balle à la jambe et au poumon. Emmené évanoui rue des Saussaies, il est hospitalisé à La Pitié, puis incarcéré à la prison de Fresnes. Après de nombreux interrogatoires, il est condamné à mort, mais cette condamnation est commuée en peine de détention en 1942 à la suite de l'intervention auprès d'Hitler d'Élisabeth Kallay, épouse du Premier ministre hongrois.

De son côté Charles d'Harcourt, engagé volontaire dans un régiment de chars de combats et fait prisonnier en juin 1940, s'évade en juillet 1940 du camp de Meucon près de Vannes. En février 1941, il s'engage au 3e Spahi à Batna en Algérie. Réformé, il rentre en métropole en mai 1942 et reprend sa vie d'étudiant à Paris. En août 1942, il rejoint le mouvement Défense de la France. Il transporte des journaux clandestins et des fausses cartes d'identité de Paris à Épernay où il fournit des renseignements à Maurice Germain, membre du réseau Éleuthère. Le 20 juillet 1943, il tombe dans la souricière tendue par des agents de la Gestapo française dirigée par Bony et Laffont, à la librairie « Au Vœu de Louis XIII » rue Bonaparte à Paris, qui sert de boîte aux lettres au mouvement et de centre de distribution du journal Défense de la France aux équipes de diffusion. La souricière aboutit à de nombreuses arrestations dans les rangs de Défense de la France, dont celle de Geneviève de Gaulle. Charles d'Harcourt est incarcéré à Fresnes où Pierre est détenu depuis août 1941.

Les deux frères sont déportés. Pierre d'Harcourt est déporté NN le 29 novembre 1943 à Sarrebruck Neue-Bremm. Il est transféré en décembre 1943 à Buchenwald (matricule 21 521), puis à Dora et enfin à Barth, un Kommando de Ravensbrück où il est libéré le 30 avril 1945. Charles d'Harcourt, incarcéré à Fresnes jusque fin décembre 1943, est ensuite interné à Compiègne et déporté le 22 janvier 1944 à Buchenwald (matricule 43 195) où il retrouve Pierre. Il est libéré à Buchenwald le 11 avril 1945.

Pierre d'Harcourt qui a vécu après guerre en Angleterre a écrit une réflexion sur sa déportation, The Real Enemy. En 2009 sa famille a publié ses souvenirs de résistance et de prison, et le journal qu'il a tenu à Buchenwald.
Décédé en 1992, Charles d'Harcourt est Combattant volontaire de la Résistance, mention DIR et titulaire de la médaille de la Résistance.


Jocelyne et Jean-Pierre Husson, « Pierre et Charles d'Harcourt », in CD-ROM La Résistance dans la Marne, AERI, 2012.