Questionnaire pour homologation à un mouvement de Résistance

Légende :

Questionnaire soumis au responsable du réseau de renseignement Eleuthère en vue de son homologation comme réseau rattaché à un mouvement de Résistance

Genre : Image

Type : Document

Source : © Association Libération-Nord Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié sur papier comprenant huit pages.

Il s'agit ici de la première page.

Date document : Juin 1946

Lieu : France

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Analyse média

Ce questionnaire était adressé par le Ministère des armées aux chefs ou responsables de réseaux de Résistance en vue de leur homologation aux Forces Françaises Combattantes. Celui-ci concerne le réseau de renseignements Eleuthère, fondé par Hubert de Lagarde, et affilié au mouvement Libération-Nord. Il est rempli par le lieutenant-colonel Brouillard, chef du réseau Eleuthère


Contexte historique

Le réseau Villars, qui prend ensuite le nom d'Eleuthère, est dirigé par Hubert de Lagarde (dit Breteuil ou Villars), assisté d'un ancien des services spéciaux, le lieutenant-colonel Brouillard et d'une jeune femme, Solange Ferré de Bourgogne qui sert de principal agent de liaison. S'y trouvent également les lieutenants d'active Roger Hillard (dit Sidney) et René Gourmez ainsi que le sous-officier de réserve Segoufin, policier d'origine. D'après les archives du BCRA, la période d'activité du réseau, après sa mise sur pied, coïncide avec le début de l'année 1944.

Introduit à Libération-Nord par des agents de Cohors en 1943, Hubert de Lagarde est chargé par le colonel Zarapoff, responsable militaire du mouvement, d'organiser le deuxième bureau de son Etat-major. Chef du réseau Villars de 1942 à avril 1943, aux effectifs et aux activités mal connus, Hubert de Lagarde se trouve chargé, au printemps 1943, de créer un nouveau réseau rattaché au BCRA, permettant au deuxième bureau de Libé-Nord de transmettre les renseignements militaires, économiques et politiques par émissions directes à Londres. A l'été 1943, le SR Villars ou Eleuthère compte 36 agents, financés par l'ORA à hauteur de 80.000 francs par mois par l'intermédiaire du Lieutenant-colonel Brouillard. Les centrales Periclès et Praxitèle assurent, dans un premier temps, les liaisons du réseau avec Londres.

Fin 1943, les principales zones d'implantation du réseau sont l'ouest de la France, la Bretagne, le Poitou et la région de Besançon. Jusqu'au 26 juin 1944, date à laquelle Hubert de Lagarde est arrêté, le réseau est organisé en 13 régions portant des noms d'arbres, sous-groupes organisés entre septembre 1943 et janvier 1944. Les renseignements transmis à Londres sont essentiellement militaires et concernent les mouvements des troupes d‘occupation. Le courrier, rassemblé à Paris, au 7 Quai Voltaire (magasin d'Antiquités "Chez Swann") est envoyé, sous forme de synthèse, par Hubert de Lagarde à Londres et à Alger.

Au moment de la Libération, le réseau comporte 69 agents permanents (P2). Sur l'ensemble de la période, il a utilisé près de 350 agents occasionnels (P1). Le bilan des pertes est lourd : huit agents fusillés et 60 déportés. Dans la mémoire du réseau figurent deux hauts faits de résistance : la transmission des renseignements qui permettent, dans la nuit du 4 au 5 mai 1944, le bombardement du camp de Mailly et le vol des plans de défense allemande de la Manche, des côtes du nord et de l'Atlantique jusqu'à la Rochelle, par Solange Ferré de Bourgogne, qui s'était introduite, le 16 septembre 1943, pendant le bombardement de Nantes, dans les locaux de la Kommandantur.

Arrêté rue Cambon le 26 juin 1944, Hubert de Lagarde est déporté à Buchenwald, puis à Dora, avant de mourir à Ellrich, le 25 janvier 1945. A la direction du réseau, Roger Hillard puis René Gourmez le remplacent.



Alya Aglan, " Le réseau Eleuthère " in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.