Socle d’une antenne radar allemand à Autichamp

Légende :

Vestige de la station du radar antiaérien Würzburg.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : 2005

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Autichamp

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Analyse média

La photo représente le socle hexagonal en béton armé de l’antenne d’un radar Würzburg. Il mesure 3,50 mètres de diamètre. Le sac pour appareil photo donne l’échelle. Le vestige est, actuellement, en partie enfoui dans la végétation. On distingue quand même, au premier plan, la porte d’accès à l’intérieur du socle évidé. La portée du radar était de 40 à 80 km. Un deuxième socle, situé à l'est du premier, a été détruit par le propriétaire du champ en 1993.

Les radars de type Würzburg étaient généralement édifiés par paire, l’un suivant l’avion ennemi, l’autre guidant la chasse d’interception. Après la guerre, en 1946, pour rattraper le retard français, le professeur Yves Rocard fait récupérer deux radars Würzburg en Allemagne. Installés à Nançay (Cher), ils vont servir au développement de la radioastronomie française jusqu’en 1962. L’un d’eux, restauré, est actuellement visible au musée de Douvres-la-Délivrande (Calvados) à quelques centaines de mètres en arrière des plages de débarquement Juno et Sword.

En 2005, en plus du socle de l’antenne radar Würzburg, on reconnaît, à une centaine de mètres de distance, les fondations de trois bâtiments de la station radar. Ces baraquements devaient servir d'hébergement pour les militaires de la station. Ils ont été terminés. Établis sur un socle maçonné, ils étaient en bois. Les vestiges d'un quatrième bâtiment, en forme de T laissent supposer qu'il était peut-être destiné à servir de salle d'opérations. Les bâtiments ont disparu après la Libération. Sur le socle de l’antenne, il n'y a pas de trace de boulonnage. En septembre 1944, la station était loin d'être terminée. Elle nécessitait encore plusieurs mois de travaux pour sa mise en fonctionnement.


Auteurs : Alain Coustaury, Paul Mathevet et Jean-Claude Mathevet

Contexte historique

Afin de surveiller l'espace aérien du sud-est de la France, les Allemands voulurent installer un radar à Autichamp. L'évolution de la guerre ne permit pas l'achèvement de cette installation. Le nom de code de cette station était : Mungo.

Les travaux débutent en 1943. Des travailleurs français sont réquisitionnés dans les environs, en particulier ceux de l'entreprise Reynier André, l'un des résistants de Crest. Au quartier du Rang, d’après le témoignage de la fermière (madame Lattard), dont la salle à manger était réquisitionnée, les travaux sont restés inachevés, les antennes jamais installées.

L’action de la Résistance consista à faire traîner les travaux. « Un sabotage méthodique était organisé et, avec 150 hommes, jamais plus de trois mètres cubes de béton ne furent coulés en une journée ». « Reynier s'était arrangé pour en faire passer les plans à Londres pour l'IS. Les plans furent également remis à M. Chapoutat qui devait les acheminer par une autre filière ». Cette station radar s'inscrit dans une ligne de défense aérienne construite à partir d'installations électroniques. Une première ligne couvre le littoral de Brest à la Norvège. En 1944, l'ensemble est pratiquement achevé. Doté de matériels fiables, de bonne qualité, précis, ses performances sont remarquables pour l'époque. Les bombardiers alliés en font la triste expérience. Mais à cause d'erreurs, de divergences doctrinales, ce système d'arme de détection lointaine n'est jamais utilisé au mieux de ses possibilités. À l'intérieur de la France, une deuxième ligne est prévue, devant couvrir le nord de la Loire et la vallée du Rhône. Une quinzaine de stations doivent être installées le long de la vallée du Rhône jusqu'à Marseille. En 1944, seule la station de Chazelles-sur-Lyon, dans la Loire, nom de code « Falter » fonctionne quelques mois. Entre Lyon et Marseille, les travaux ont commencé à Chambarran (Isère), Autichamp dans la Drôme, Devesset et Bidon (dans l’Ardèche). La station de Bidon (appelée station de Saint-Remèze) possède une infrastructure beaucoup plus importante que les autres. Le socle de l’antenne est parfaitement visible dans son intégralité, à la différence de celui d’Autichamp. Elle ne semble pas avoir été une cible essentielle pour la Résistance. Le matériel de détection prévu pour ces stations était celui de toutes celles de la « ligne Kammhuber », ligne de stations de radar du Danemark au centre de la France. Il était composé d'une ou de deux antennes de détection lointaine de type Freyda, de deux antennes Wurzburg Reise pour le guidage de l'interception. La zone d'action ne dépasse pas environ 90 km. Les informations fournies par le radar Wurzburg sont assez précises. Elles sont lues par les opérateurs sur trois tubes cathodiques installés dans une petite cabine solidaire de l'antenne. Les éléments de positions sont retransmis au centre de contrôle de la station et visualisés sur une table traçante. Le contrôleur peut alors choisir les caps d'interception et les diffuser par radio aux chasseurs en alerte, par exemple sur l’aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésorerie. L'effectif prévu pour chaque station est de 100 à 150 hommes. La chaîne de stations a également une mission de transmission de l'alerte aux autorités intéressées. Les raids aériens britanniques et états-uniens sont ainsi suivis par les différentes stations jusque sur leurs objectifs en Allemagne. Ils peuvent être interceptés tout au long de leur vol par les chasseurs de nuit. Le programme de construction des stations radar dans la vallée du Rhône a été entrepris trop tardivement. Mais même terminées, elles n'auraient guère modifié le cours des opérations.


Auteurs : Jean-Claude Mathevet, Alain Coustaury et Robert Serre
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.