Georges Ronceray

Légende :

Georges Ronceray, membre de Libération-Nord et de Brutus (Manche)

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Association Libération-Nord Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Normandie (Basse-Normandie) - Manche

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Contexte historique

Georges Ronceray est né le 22 février 1922 à Granville ; il a 18 ans en 1940.

Lorsqu'en juin 1940, il fut manifeste que des réfugiés belges allaient arriver à Granville (Manche), Maurice Marland, professeur à l'Ecole Primaire Supérieure, fit appel à certains de ses élèves et anciens élèves pour l'aider, en accord avec la municipalité, à installer des logements à leur intention. Après le bombardement de la gare de Folligny et des troupes qui y étaient stationnées, le 16 juin 1940, il fut avéré que les troupes avancées allemandes qui coupaient déjà le sud du Cotentin, allaient arriver à Granville. Maurice Marland prit alors l'initiative de faire partir la quasi-totalité de ces élèves par les îles Chausey et les îles anglo-normandes vers l'Angleterre. Ceux-là, sauf le petit Mauduy, tué lors d'un bombardement sur les îles, furent les premiers à s'engager derrière le Général de Gaulle, et firent toutes les campagnes de la France Libre, notamment dans les Forces Navales Françaises Libres, et dans la 2e D.B.

Georges Ronceray, avec des élèves normaliens de Douai dont l'établissement scolaire était replié à Saint-Pair, et quelques familles du Portel, partit de Granville le 17 à l'aube à bord de deux bateaux, le Rose-Marie et l'Annonciation. Il lui est bien impossible de préciser sur lequel il était. Les deux bateaux furent arraisonnés en mer et conduits jusqu'au port de Douarnenez.

Civil, Ronceray revint à Granville, occupé par les Allemands. C'est alors que Maurice Marland le fit entrer à la mairie comme bénévole. Il fut plus tard employé rétribué. Le maire, à la demande de Maurice Marland, l'affecta au service administratif chargé du Ravitaillement et de son fichier des habitants, et, avec Charles Hubert, au Service des relations avec les occupants, avec l'interprète, Gaudet. Cela leur permettait officiellement de s'introduire dans les logements réquisitionnés par les officiers sous différents prétextes : apport de draps, remplacement de postes de radios, etc. Déjà s'était formée autour de Maurice Marland une équipe en relation avec d'autres professeurs de la Manche, plus spécialement de Cherbourg : Schmitt, Boscher, Leclerc, qui devinrent les piliers du mouvement de Résistance Libération Nord dans la Manche. Renseignements sur les mouvements vers les îles anglo-normandes sur les cantonnements des officiers et des troupes, sur les premiers ouvrages de fortifications allemandes "mur de l'atlantique", établissement de cartes d'identité, de laissez-passer de "pêcheurs qui permettaient la circulation de nuit, etc.

En novembre 1941, Marland fait entrer Ronceray, et pour un mois seulement, à l'usine à gaz et distribution d'électricité, afin de tenter d'en analyser les éventuels "défauts de la cuirasse". Aussitôt après, téléguidé par M. Waseige, ancien inspecteur du chemin de fer et responsable de Résistance-Fer, il est "aspiré" par le réseau Brutus et affecté à la gare d'Uranville avec mission de rendre compte des trains de TCO, et des transports vers les îles anglo-normandes. Contacté par M. Fournier (après-guerre Président de la SNCF), à l'époque directeur des services financiers du Chemin de Fer, à Saint-Lazare, et embauché comme "contrôleur technique", sur le réseau du P.L.M., il est muni d'une carte de service ayant la particularité de porter des cachets allemands l'autorisant à franchir "pour le service" la ligne de démarcation, à Chagny et Paray-le-Monial. Objectif : liaisons avec notre réseau en France non occupée.

Après le débarquement américain en Afrique du Nord en novembre 1942, les Allemands occupant la zone libre, retour à Paris où, sous couverture de banque, il se retrouve en charge d'une nouvelle responsabilité administrative celle-là, de coordination de différents chargés de mission. En même temps, sous cette couverture d'employé de banque, gestion dans l'agence des comptes allemands de l'organisation Todt, NSKK, etc, c'est-à-dire les relations économiques de certains services allemands avec de grosses entreprises françaises. L'arrestation de quelques camarades et la perquisition à la "planque", rue de Tocqueville, est suivie d'arrestations en masse: Oreste Dufour, Simon Cantarzoglou, Marius Ginoux, Perracca, Louis Dugourgeot... Une partie de l'activité du réseau, dénoncée à la Gestapo de Bordeaux, provoque alors une hécatombe dans le Sud-Ouest, et dans la région de Toulouse. (Une hypothèse ayant donné lieu à enquête et comparution de l'un de nos anciens camarades devant un tribunal militaire puis devant un tribunal civil a dû être abandonnée. Le colonel Fourcaud, pour ce qui le concernait, n'avait pas abandonné cette thèse et a laissé quelques documents concernant cette affaire).

Ronceray est arrêté le 9 mai au soir par deux agents de la Gestapo, alors qu'il passe chercher du courrier à son "logement". Sous son pseudo de "Le Héricy", après interrogatoires rue des Saussaies, il est condamné à mort par le tribunal allemand de la rue Boissy d'Anglas, le 20 juin 1944. Lorsqu'il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne, le 22 juin 1944, supposant, à juste titre, que son dossier le suit, il se fait enregistrer sous son nom de Ronceray, lors de l'enregistrement des arrivants. A cette date, bien que le débarquement ait eu lieu, Paris n'est pas encore libéré. Une éventuelle vérification d'identité pourrait donc justifier l'existence de ce Ronceray à l'adresse réelle donnée.

Il est déporté en Allemagne par le convoi du 2 juillet 1944, également appelé "du train de la mort", et connaît les camps de Dachau, Neckareltz et Vaihingen-sur Enz, ces deux derniers dépendant administrativement du Natzwiller-Struthof. Dans le camp, où il parvient à sauver quelques camarades atteints du typhus, il termine lui-même à l'hôpital militaire de Spire. Sa conduite lui vaudra la médaille d'honneur des épidémies.
Rapatrié dans un état de santé fragile, il lui faudra plus d'un an pour reprendre une activité quasi normale.


Site Internet http://brutus.boyer.free.fr/