Prospectus de propagande du Maréchal diffusé à l’occasion du 1er mai 1941
Légende :
« fête du travail et de la concorde sociale ».
Genre : Image
Type : Document officiel
Source : © Collection Robert Serre Droits réservés
Détails techniques :
Format 21 x 27, plié en deux.
Lieu : France
Analyse média
Prospectus de propagande du Maréchal diffusé à l’occasion du 1er mai 1941.
Le 1er mai est ici représenté surtout par le brin de muguet sur la face avant. Mais au dos apparaissent, sur l’indestructible enclume, le bâton de Maréchal et son slogan « Je tiens les promesses … même celles des autres ».
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Le 1er mai, est devenu « la fête du travail et de la concorde sociale ». Dans le droit fil des orientations vichystes, patrons et ouvriers de l'industrie de la chaussure et de la tannerie de Romans et Bourg-de-Péage – tout au moins ceux qui vont adhérer quelques mois plus tard aux orientations de la Charte du Travail – adoptent en 1941 des « vœux communs […] sous le signe de la collaboration des classes et de la solidarité nationale » et « adressent respectueusement au Maréchal Pétain, Chef de l'État Français, l'hommage de leur profonde reconnaissance, et forment les voeux pour le maintien de sa parfaite santé, lui permettant de poursuivre l'oeuvre de redressement national qu'il a si courageusement entreprise ». En 1942, selon le rapport de gendarmerie, « les journées des 1er et 2 mai 1942 se sont passées dans le calme et dans la dignité ». Ordre a été donné de faire écouter aux travailleurs l’allocution du Maréchal. Le message du maréchal Pétain est diffusé dans toutes les usines de Romans, sur les places par haut-parleurs. À Crest, ces auditions ont eu lieu le vendredi soir, dans les entreprises : chez Aubert, chargé de la reconstruction du pont, on arrête le travail et on remonte le caisson à air comprimé pour écouter l’allocution sur un appareil de TSF installé sur le chantier, dans la manufacture Argod qui fabrique des vêtements religieux, l’audition a lieu dans une salle décorée, à la tannerie, en présence du maire, de son adjoint, du président de la Légion, du secrétaire du Secours national et de la famille de l’unique prisonnier de guerre de l’usine, dans une salle décorée par les ouvriers où trône le portrait du Maréchal, le directeur appelle à « l’union dans le travail entre patrons et ouvriers » et offre un bouquet de muguet à chaque ouvrier. Après l’allocution du maire, on écoute le discours du chef de l’État et on boit la Clairette. Cependant, de premières manifestations d’opposition apparaissent. À Nyons, malgré l'interdiction, le Comité du Front national organise une manifestation au monument de la République qui est couvert de fleurs. Le préfet signale des distributions de tracts en petit nombre mais sur une aire assez étendue.
Dix jours après, c’est Jeanne d’Arc qui est à l’honneur. En 1941, à Valence, les délégués des sections communales de la Légion viennent recevoir leur fanion qu’ils présenteront dès leur retour dans leur village. Des cérémonies religieuses se tiennent dans les églises et temples. On se rend en cortège au monument aux morts, on écoute la lecture du message du Maréchal. À Die, quelques papillons tapés à la machine et avec du papier carbone, ont été apposés sur les murs de la cité. « Ils faisaient l'apologie du Général de Gaulle et invitaient la population à suivre cet ex-officier ». En 1942, la ville de Valence célèbre avec éclat la fête de Jeanne d'Arc le 10 mai. Plusieurs cérémonies sont organisées à À Romans, à Nyons, à Montélimar, à Crest et dans le moindre village, avec cérémonie religieuse, cortège vers le monument aux morts, lecture du message du Maréchal. À Romans, pendant la cérémonie, des jeunes ont crié : "Vive Pétain", "Churchill au poteau". Mais, une nouvelle fois, un incident est rapporté : dans la nuit du 9 au 10 mai, à Romans, le buste de Jules Nadi a été enduit de ciment et cravaté d'un drapeau tricolore.
Auteur(s) : Robert Serre
Sources : ADD, 11 J 38 SHGN, rapport R4 Cie Drôme n°50/4, 22/05/1942. SHGN, rapport R4 Cie Drôme n°77/4 du 27/05/41, rapport R2 Section Die n°162/2 du 20/06/1941 puis n°178/2 du 05/07/1941. SHGN, Rapport R2 Section Romans n° 229/2 du 10/05/1942. Rémi Dalisson, Les fêtes du Maréchal, propagande et imaginaire dans la France de Vichy, Paris Tallandier, 2007. Histoire de la Bourse du travail de Romans et de ceux qui l'ont faite, édité par l'UL/ CGT de Romans, 1982, pages 56-57. Vilhet, La Résistance dans le Nyonsais, p. 22. Burles, la Résistance et les maquis en Drôme-Sud, p. 18. Jeanne Deval, Les années noires, éd. Deval, p. 65 Le Crestois n° 2 102 du 20 juillet 1940 du 10 et 17 mai 1941 n° 2 195 du 9 mai 1942. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.