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Etienne Ferrari

Légende :

Etienne Ferrari, membre du groupe " action " choletais de Libération-Nord

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Joseph Ripoche Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Pays de la Loire - Maine-et-Loire - Cholet

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Contexte historique

Etienne Ferrari est né le 18 décembre 1924 à Nice (Alpes-Maritimes). Il est le fils de Louis Marcellin, Marius Ferrai (1885-1960) et de Joséphine, Honorine Martin (1887-date inconnue).

Membre du groupe « Action » de Libération Nord à Cholet, Etienne Ferrari, ouvrier métallurgiste, aide les parachutistes SAS de la base du bois d'Anjou à Somloire à réceptionner des parachutages d'armes. Le 7 août, il repart de la base dans une camionnette qui apporte des armes à Cholet pour les résistants. Lorsque des Allemands interceptent cette camionnette et son chauffeur, Michel Créac’h, près de Chanteloup, Ferrari parvient à s'échapper et au petit matin du 8 août à revenir à la base parachutiste. Tandis que les paras évacuent la base en anticipant sur une attaque allemande, Etienne Ferrari avec quelques résistants choletais qui s'y trouvent, tente de sortir du bois d'Anjou cerné par les Allemands. Il est fait prisonnier. Le lendemain matin il est torturé à la ferme de la Hardonnerie de Somloire. Son corps est retrouvé le 10 août près de Maulévrier. Sa mort, d'après un constat médical, remonte au 9 août en fin de matinée. Elle n'a pas eu de témoin connu.

Le 8 août 1944, après la découverte la veille d'une camionnette d'armes à la Boulaye de Chanteloup les Bois, les troupes allemandes sont persuadées de l'existence d'une base parachutiste alliée dans le voisinage et encerclent le bois d'Anjou à Somloire.

La fusillade dure toute la nuit, jusqu'au petit matin du 9 août. Les Allemands n'ont pas réussi à localiser les parachutistes SAS.  Par contre ils ont fait un prisonnier, conduit a la ferme de la Hardonnerie à la lisiere du bois.

Eugène Bouffandeau, un ouvrier agricole de Somloire otage depuis la veille avec l'équipe de battage qui se trouvait à la ferme reconnaît dans le prisonnier blessé un jeune homme de Cholet, Etienne Ferrari, ouvrier métallurgiste.

Les allemands ont pris un seau d'eau et un banc et se sont enfermés sans témoins avec lui dans la bergerie " se souvient-il. "On a entendu à plusieurs reprises des coups de feu. Puis vers le milieu de la matinée, ils ont pris une toile qui séchait dans la cour et dans laquelle on devait empaqueter la balle d'avoine après les battages. Puis ils ont chargé dans un camion un corps inerte emballé dans cette toile et le camion a pris la route de Maulevrier. "

 En tournée de courrier, la postière de La Plaine, Odette Genty, voit vers 11h le 9 août un camion allemand se diriger vers Maulévrier " avec à l'arrière un corps dont les jambes pendaient ".

Le 10 août 44 vers 11 h 30 en allant travailler dans un de ses champs, à Maulévrier,  Emile Boissinot, cultivateur, découvre le long d'une haie à 150 m de la route et à 500 m environ de la ferme du Bois Joly qu'il exploite, un corps recouvert d'un drap. Le maréchal des logis chef Henri Geffard et le gendarme Stéphane Musset de la brigade de gendarmerie de Maulévrier constatent qu'il s'agit " du corps d'un jeune homme de 20 à 25 ans qui gît recouvert d'un drap qui montrait avoir été traîné dans la poussière et présentait de nombreuses taches de sang. "  Ils relèvent " la trace de plusieurs balles à  la tête, au thorax, aux jambes, au pied et à la main gauche par des projectiles de même calibre, vraisemblablement tirés par une mitraillette, une autre blessure par balle de petit calibre au péronné de la jambe droite entourée d'une étoffe légère. L'état cadavérique démontre que la mort pouvait remonter de 24 à 36 heures " .

" Aucune pièce d' identité. Pantalon et chemise présentaient de nombreuses déchirures; sur les bras,manches retroussées, de multiples éraflures provoquées par des épines ou des ronces. A proximité du lieu de découverte, des traces de roues d'automobile. Il a été impossible de déterminer le sens suivi par cette voiture tant  à l'aller qu'au retour ".

Le corps est examiné par le Docteur Bochereau d'Yzernay avant d'être transporté à l'hospice de Maulévrier. Une inhumation provisoire est faite dans le cimetière de la commune. L'acte de décès note :

" taille l m 75, brun, imberbe, cheveux épais  et rejetés en arrière, tête nue, vêtu d'une chemise kaki, d'un pantalon de toile grise usagée, chaussé de brodequins usagés ".

Le défunt est identifié ultérieurement par son beau frère, le gendarme Roulet, comme étant Etienne Ferrari, dont Roulet s'efforce ensuite de reconstituer le parcours les jours précédents.

Le 7 août à l'heure du dîner, celui-ci s'est présenté les jambes en sang, griffées par les ronces à la ferme de Blain d'Yzernay chez les Audouit. " Il portait- se souvient Raymond Audouit, alors jeune homme,- une sorte de tee-shirt et un short marron. Mon père lui a donné un pantalon et une veste de travail en coton gris qui appartenaient a mon grand père et une fourche en lui disant de se présenter si les Allemands l'interpellaient comme ouvrier agricole revenant de battages. J'ai caché ses vêtements  dans le pailler. Il a dîné avec nous et on lui a proposé de rester à la ferme jusqu'au lendemain. Mais il nous a dit qu'il devait rejoindre le groupe de résistants dont il faisait partie au bois d'Anjou. On l'a alors envoyé chez le curé l'abbé Thomas qui faisait de la résistance et celui-ci lui a trouvé un guide, Plessis, pour le reconduire sur la route du bois d'Anjou. Ils sont partis vers 3 h du matin ".

" Le jour n'était pas encore levé' se rappelle Dazermont le commandant par intérim de la base SAS du bois d'Anjou - quand la sentinelle, Andrieu, me réveille en m'amenant un homme intercepté sur le chemin de la base. Je reconnais immédiatement un des convoyeurs de la veille, qui me déclare se nommer Ferrari... "

Ferrari fait partie du groupe amené  par le gendarme René Tournier - les résistants choletais Martin, Jean le Nantais et Devaud - quelques jours auparavant pour aider à la récupération des armes parachutées pour la résistance choletaise. En principe, Ferrari n'a rien à faire dans leur transport vers Cholet. Mais le 7 en milieu d'après midi, alors que le rangement des armes et munitions est terminé à la base, un habitant de Somloire, Louis Mainchain, a vu Etienne Ferrari dans le bas du bourg (attendant sans doute la camionnette venant chercher les armes pour la Résistance choletaise et le parachutiste Henri Lagarde l'a vu repartir de la base le chargement fini avec cette camionnette. Revenu à la base le 8 août avant l'aube, Ferrari la quitte ensuite avec le groupe Tournier.
René Tournier témoigne:

Les SAS m'avaient demandé de faire diversion pour leur permettre de décrocher avec leur poste radio qui était vital pour eux. Après avoir joué toute la journée à cache-cache avec les Allemands qui avaient encerclé le bois, dans la nuit j'ai décidé d'en faire sortir mon groupe. Nous sommes arrivés dans un champ en bordure d'un ravin et notre progression a été stoppée par une haie. Nous étions en file indienne. J'étais en tête, Ferrari derrière moi. Tout à coup nous avons été sous le feu d'une arme automatique. Personne n'a été touché, mais Ferrari a sauté la haie. Un peu plus tard nous avons entendu des coups de feu du coté où  il était parti. J'ai fait traverser la haie et un sentier au reste du groupe. Des armes automatiques tiraient au hasard du coté où était parti Ferrari. A mon tour j'ai tiré vers la lueur des tirs qui se sont tus; ce qui nous a permis de nous regrouper. Mais nous n'avons jamais revu Ferrari. Au matin une paysanne nous a dit que les Allemands étaient partis. Elle nous a apporté de la nourriture et pour moi, un pantalon.

 J'ai fait jeter leurs armes à mes hommes et décidé de nous disperser par précaution. Un curé m'a caché jusqu'au lendemain dans son clocher et m'a prêté un rasoir Gillette pour que je sois présentable pour rentrer à Cholet.

Seuls les Allemands savent comment est mort Etienne Ferrari ".

Etienne Ferrari est décédé le 10 août 1944 à Maulévrier,  à l’âge de 19 ans. Il fut inhumé le 12 septembre 1944 à Cholet.


Informations transmises par Héliane Martin.

Informations transmises par Jean-Claude Michon.

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