Auguste Gillot

Légende :

Auguste Gillot, "Manin", représentant du Parti communiste au Conseil National de la Résistance à la suite d'André Mercier, en août 1943, ici en compagnie de son épouse Simone Levasseur


Auguste Gillot, « Manin »,  representative of the Communist Party on the Conseil national de la Résistance (National Council of the Resistance, CNR) following the resignation of André Mercier in August 1943, here in the company of his wife Simone Levasseur. 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Maitron-en-ligne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né le 7 février 1905 à Dourdan (Seine-et-Oise, Essonne),  ; ouvrier forgeron en carrosserie ; militant communiste, membre du comité central du PCF ; maire de Saint-Denis (1944-1971) puis maire honoraire, conseiller général de la Seine (1945-1967), membre de l’Assemblée nationale consultative à la Libération. 

Fils de Lucie, Augustine, Juliette Gillot, âgée de vingt-quatre ans, lingère, et de père non dénommé, Auguste Gillot naît le 7 février 1905 à Dourdan (Seine-et-Oise, aujourd'hui Essonne) et connaît une enfance difficile. Son père, menuisier, abandonna sa compagne enceinte, repasseuse à domicile, qui mourut de tuberculose le 6 décembre 1905, jour de ses vingt-cinq ans. Orphelin, Auguste Gillot, qui ne vit jamais son père, fut placé en nourrice à Dourdan jusqu’à l’âge de sept ans, puis recueilli par sa tante, très catholique, qui habitait Longjumeau (Essonne). En 1915, âgé de dix ans, Auguste Gillot travaille douze heures par jour, payé 0,20 F de l’heure dans la corderie de Longjumeau. À douze ans, en avril 1917, il devient lecteur de l’Humanité. Il entre dans une carrosserie hippomobile qui devint automobile. Il la quitta en mars 1922 pour travailler à Paris comme compagnon forgeron-ferreur, limeur, monteur. Il adhéra au syndicat des Métaux CGTU, le 1er mai 1924.

Un an plus tard, il devenait soldat (10 mai 1925 - 4 novembre 1926) au 25e RAD (régiment d'artillerie divisionnaire) et participait à Essen à l’occupation de la Ruhr, et à Landau à celle de la Rhénanie. Participant à une réunion de soldats libérés de la classe 1925, il adhéra aux Jeunesses communistes. Il se maria à Longjumeau le 20 août 1927 avec Eugénie Broust et fut bientôt père d’une fille. Cette même année, il fonda la section SRI (Secours rouge international) de Longjumeau dont il fut le secrétaire en même temps qu’il appartenait au comité régional parisien. Dans un questionnaire biographique, il écrit : « En 1927, j’étais trésorier de la cellule de Longjumeau sans être officiellement adhérent. Les camarades Thomas, Deschamps, Delair qui dirigeaient pensaient qu’il valait mieux attendre. Aux élections municipales de 1929, j’étais candidat avec eux, sans avoir l’âge, ainsi il y avait un sans parti. » En effet, il figura en deuxième position à l’élection municipale de Longjumeau présenté sur une liste communiste.

Le 21 juillet 1929, Auguste Gillot est arrêté à la Maison du Peuple de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) au cours d’une assemblée qui discutait de la préparation de la journée du 1er août de lutte contre la guerre. Emprisonné à la Santé, il fait partie de la commission qui contrôle l’application correcte de la grève de la faim de 72 heures qui avait été décidée pour obtenir la libération. Devenu en novembre 1929 trésorier de la région parisienne du SRI, il passe ensuite secrétaire et c’est lui qui, au cours du Ve congrès de cette organisation (13-14 juin 1931), présente le rapport moral. En juillet, il effectue son premier voyage en URSS, travaille comme ouvrier qualifié à l’usine « Faucille et Marteau », contribuant ainsi à la formation de la main-d’œuvre paysanne (A. Gillot a conté cette expérience dans les Cahiers du communisme, n° 10-11, octobre-novembre 1967). Il assista au congrès international du MOPR (Secours rouge international), suivit un temps les cours de l’École léniniste internationale et revint en France en novembre 1932. Il resta un lecteur fidèle des classiques du marxisme-léninisme.

Aux élections municipales du 5 mai 1935, Auguste Gillot fut candidat aux côtés de Jacques Duclos contre la liste Doriot. Délégué de la région Paris-Nord au VIIIe congrès du PC à Villeurbanne (janvier 1936), il y présenta un rapport sur Saint-Denis et la région Paris-Nord. Mais il ne put être candidat aux élections législatives d’avril 1936 et fut remplacé par Fernand Grenier. Hospitalisé à la fin du congrès, il le demeura durant six mois. Toutefois, le 20 juin 1937, présent sur la liste d’Union du Front populaire lors d’une élection partielle pour cinq sièges, Doriot ayant été révoqué de sa fonction de maire, sa liste fut élue. Toutefois, la majorité du conseil municipal restait aux partisans de Doriot qui, depuis un an, avaient constitué le Parti populaire français (PPF). Dès l’interdiction, le 26 août 1939, de l’Humanité, Gillot tira, avec Georges Poupon et Fernand Belino, plusieurs milliers d’exemplaires d’une Humanité clandestine, diffusée dans la région Paris-Nord à la fin du mois d’août 1939 (introduction à l’édition des Humanités clandestines).

Mobilisé le 2 septembre 1939 au 205e RAD, il revient le 5 août 1940 et entre en contact avec Jean Catelas, membre du comité central du PC qui le charge de reconstituer clandestinement, avec le colonel Dumont et Charles Désirat, le Secours populaire français. Auguste Gillot est déchu de son mandat de conseiller municipal le 29 février 1940 par le conseil de préfecture pour appartenance au Parti communiste. La direction du parti l’envoie dans l’Eure, du 16 mai à octobre 1942, réorganiser le parti, le Front national et les FT-PF puis, début mai 1943, le charge d’impulser le travail des « inter-provinces » dans la zone Nord et de participer au triangle national avec Auguste Lecœur et Jean Chaumeil. Il fut en liaison avec Camphin.

En août 1943, Auguste Gillot abandonne ces responsabilités pour devenir, au départ d’André Mercier en Algérie, le représentant du Parti communiste au Conseil national de la Résistance (CNR) sous le nom de "Manin". À ce titre, il participa aux discussions en vue de l’élaboration du programme du CNR. En août, il s’oppose à la trêve des combats. Désigné comme président de la commission de la justice au CNR en novembre 1944, il conserve ces mêmes responsabilités à l’Assemblée consultative. Il fait partie de la commission politique désignée par le comité central tenu à Ivry-sur-Seine du 21 au 23 janvier 1945. Le Xe congrès du Parti communiste, réuni du 26 au 30 juin 1945 à Paris, l’élit membre titulaire du comité central. Il y siége jusqu’au XVe congrès (juin 1959) ; il est alors membre de la commission centrale de contrôle financier et en demeur membre jusqu’en mai 1964. Désigné comme maire de Saint-Denis par le conseil municipal provisoire le 28 août 1944, il est réélu à la première magistrature municipale en avril 1945, novembre 1947, mai 1953, mars 1959 et mars 1965. Il siége au conseil général de la Seine de 1945 à 1967. Divorcé le 13 avril 1945, Auguste Gillot s’est remarié le 30 août de la même année avec Simone Levasseur, qu’il avait connue en reconstituant clandestinement le Secours populaire. Ensemble, ils content leur vie militante dans un ouvrage intitulé Un couple dans la Résistance, publié aux Éditions sociales en 1975 et réédité en 1976.

Auguste Gillot fut décoré notamment de la Croix de guerre, de la Médaille de la Résistance avec rosette et il fut fait chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance le 3 mai 1983. Il appartint au comité d’honneur de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance).

Auguste Gillot s'est éteint le 30 août 1998 à Gisors (Eure).

Œuvre :
Un couple dans la Résistance, Editions sociales, 1975.
Un Forgeron dans la cité des rois, Longjumeau-Paris, Halles de Paris, 1986.


Born on February 7th 1905 in Dourdan (Seine-et-Oise, Essonne); an auto body mechanic ; militant communist, member of the Central Committee of the PCF; mayor of Saint-Denis (1944-1971) then honorary mayor, general counsel of the Seine (1945-1967), member of l’Assemblée nationale consultative (National Consultative Assembly) after the Liberation.

Son of Lucie, Augustine, Juliette Gillot, who was 24 years old and a seamstress, and of an unnamed father, August Gillot was born February 7th 1905 in Dourdan (Seine-et-Oise, today named Essonne) and experienced a difficult childhood. His father, a carpenter, abandoned his pregnant girlfriend, an ironer from home, who died of tuberculosis on December 6th 1905, the day of her 25th birthday. Orphaned, Auguste Gillot, who never saw his father, was placed with a nanny in Dourdan until the age of seven before being taken in by a very Catholic aunt who lived in Longjumeau (Essonne). In 1915, at the age of 10, August Gillot was working twelve hours a day, paid 0.20 francs an hour in the rope factory in Longjumeau. At 12 years old, in April 1917, he was a reader of l’Humanité. He began working as a forger on horse drawn carriages and then later, with automobiles. He left in March 1922 to work in Paris as a blacksmith, filer and assembly line worker. He joined the syndicate of Métaux CGTU on May 1st 1924.

Much later, he became a soldier (May 10th 1925 and November 4th 1926) of the 25th RAD (regiment d’artillerie divisionnaire; artillery division regiment) and participated in Essen in the occupation of the Ruhr, and in Landau in its occupation of the Rhine. Taking part in a meeting of discharged soldiers from the class of 1925, he joined the Jeunesse communistes (Young Communists). He married Eugénie Broust in Longjumeau on August 20th 1927 and soon had a daughter. This same year, he founded the SRI (Secours rouge international; international red relief) section in Longjumeau, for which he was the secretary while at the same time becoming a member of the comité regional parisien (Regional Paris Committee). In a biographical questionnaire, he wrote: “In 1927, I was treasurer of the cell in Longjumeau without having officially joined. The men who managed it, Thomas, Deschamps, Delair, thought that it would be better to wait. In the municipal elections of 1929, I was a candidate with them, without maturity, but there was no party.” In reality, it appeared in the second position in the Longjumeau municipal election presented on a communist list.

July 21st 1929, August Gillot was arrested at la Maison du Peuple de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) during the course of an assembly to discuss the preparation of the August 1st struggle against the war. Imprisoned at Santé, he became a part of the committee to control the correct execution of a 72 hour hunger strike which had been decided upon to gain liberation. In November 1929, he became treasurer of the Parisian region for the SRI and then was quickly promoted to secretary, and this is where, over the course of the 10th congress of the organization (June 13-14th 1931), he demonstrated his moral understanding. In July, he completed his first journey to the USSR, working as a qualified factory “Faucille et Marteau” (Sickle and Hammer), in this way contributing to the formation of the peasant labor (A. Gillot narrated this experience in the Cahiers du communism, n° 10-11, October-November 1967). He participated in the international congress of MOPR (Secours rouge international; international red relief), often over the course of l’Ecole léniniste internationale (International Leninist School) and he returned to France in November 1932. He remained a faithful reader of the Marxist-Leninist classics.

In the municipal elections on May 5th 1935, Auguste Gillot was a candidate beside Jacques Duclos against the Doriot list. Delegate of the Paris-Nord (Northern Paris) region at the 8th congress of the PC in Villeurbanne in January 1936, he presented a report on Saint-Denis and the region of Paris-Nord. But he couldn’t be a candidate in the legislative elections of April 1936 and was thus replaced by Fernand Grenier. Hospitalized at the end of congress, he rested there for six months. Nevertheless, on June 20th 1937, he was present on the union list of nominees for the Front populaire (Popular Front) in a by-election for five seats of office, Doriot was stripped of his responsibilities as Mayor, and Auguste Gillot’s list was elected. However, the municipal council majority remained in favor of Doriot, who the year before had formed the Parti populaire français (PPF). Since the ban of l’Humanité on August 26th 1939, Gillot, alongside Georges Poupon and Fernand Belino, pulled several thousand copies of the underground newspaper and dispersed them in the Paris-Nord region until the end of August 1939 (introduction of the edition of the clandestine Humanités).

Mobilized on September 2nd 1939 to the 205th RAD, he returned on August 5th 1940 and initiated contact with Jean Catelas, a member of the Central Committee for the PC who was in charge of covertly reconstructing, with Colonel Dumont and Charles Désirat, the Secours populaire français (Popular French Relief). Auguste Gillot was dismissed from his post as town councilor on February 28th 1940 by the administrative council associated with the Parti communistes (Communist Party). The party leaders were sent to Eure to reorganize the party, the Front national and the FT-PF then, in the beginning of May 1943, they took on the responsibility of encouraging the work of the “inter-provinces” in the North Zone and of a national triangle with Auguste Lecoeur and Jean Chaumeil. It was in liaison with Camphin.

In August 1943, Auguste Gillot left his responsibilities to become, after André Mercier left for Algeria, the representative of the  Communist Party  on the Conseil national de la Résistance (National Council of the Resistance, CNR) under the name of “Manin.” With this title, he participated in the discussions to draft a program for the CNR. In August, he opposed the truce in fighting. Appointed president of the Committee of Justice for the CNR in November 1944, he held the same responsibilities at l’Assemblée consultative (the Consultative Assembly). He became a member of the political commission designated by the Central Committee held in Ivry-sur-Seine from January 21st-23rd 1945. At the 10th congress of the Communist Party, convened from June 26th-30th 1945 in Paris, he was elected full member of the Central Committee. He sat there until the fifteenth Congress (June 1959); he was also a member of the Central Committee for Finance Control and remained there until May 1964. Appointed mayor of Saint-Denis by the Provisional Town Council on August 28th 1944, he was reelected to the first municipal magistrate in April 1945, November 1947, May 1953, March 1959 and March 1965. He sat on the General Council of the Seine from 1945 until 1967. Divorced on April 13th 1945, August Gillot remarried on August 30th of that same year to Simone Levasseur, whom he had met when restoring the underground Secours populaire (Popular Relief). Together, they published their activist lives in a book entitled “Un Couple dans la Résistance” (A Couple in the Resistance), published by Éditions sociales in 1975 and re-edited in 1976.

August Gillot was decorated with the Croix de Guerre, the Medal of the Resistance with rosette, and he was made Knight of the Legion of Honor of the Resistance on May 3rd 1983. He belonged to the comité d’honneur of the ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance; National Association of Veterans of the Resistance).

Auguste Gillot died August 30th 1998 in Gisors (Eure).  


D'après Jean Maitron et Claude Pennetier, site Internet Maitron-en-ligne.


Traduction : Gabrielle Ciceri