Marsoulas, ville médaillée de la Résistance - plaque commémorative
Légende :
Plaque située sous le porche de l'église de Marsoulas (Haute-Garonne)
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Collection privée Droits réservés
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Marsoulas
Analyse média
Cette plaque rappelant l'attribution de la Médaille de la Résistance française à la commune de Marsoulas est située sur un mur extérieur de l'église. On y lit : "Ordre de la Libération. La Médaille de la Résistance française a été décernée à la commune de Marsoulas pour sa participation à la lutte contre le nazisme et en témoignage des sacrifices consentis pour la cause de la liberté". Il est à souligner qu'il n'y est fait aucune mention spécifique du 10 juin 1944.
Contexte historique
Au matin du 10 juin 1944, la 10e compagnie du 3e bataillon du régiment Deutschland de la division SS Das Reich se dirige vers Betchat. Elle est chargée de nettoyer le secteur des "terroristes" qui s'y trouvent, et elle a déjà multiplié sur son passage les scènes de terreur et de sauvagerie. Depuis 6 heures du matin, deux maquisards, un jeune de 16 ans et un Alsacien d'une trentaine d'années probablement germanophobe, sont installés dans le clocher et sur le toit de l'église de Marsoulas. Selon le témoignage du plus jeune des deux, ils sont chargés de " faire le guet [...], avec ordre de tout faire pour protéger le maquis et le village de Betchat ". Quand la colonne allemande se présente, ils ne voient au départ qu'un " camion d'Allemands non bâché " [...]. " Le camion à notre portée, nous attaquâmes par jet de grenades et tirs de nos armes. Vu notre position, il nous aurait été facile d'en éliminer son contenu. Hélas, l'arrivée de la colonne déchaîna le tir de toutes armes, nous arrosant d'un déluge de projectiles ". Le plus âgé des maquisards est tué ; le plus jeune, simplement blessé, se réfugie dans l'église et réussit à s'échapper. Dans un témoignage recueilli 50 ans plus tard, il avoue : " Ayant rejoint le maquis deux jours plus tard, j'y fus traité en héros, cette action ayant sauvé le maquis et le village " de Betchat. Mais à quel prix !
Dès les premiers coups de feu et lancers de grenade, les SS se sont en effet déployés dans Marsoulas. Ils tirent dans toutes les directions et lancent des grenades dans les maisons. Une ivresse sauvage s'est emparée d'eux. Des familles entières sont massacrées, c'est le cas de la famille Dedieu (le père et ses deux filles sont tués ; seule la mère survivra à ses blessures). Des personnes qui cherchent à s'enfuir sont exécutées froidement. Des enfants âgés de deux, cinq, douze, treize et quatorze ans sont tués. Même un bébé de trois mois n'est pas épargné dans son berceau. Le bilan est terrible : 27 morts, dont 12 enfants et 6 femmes. On peut s'interroger sur les raisons d'un tel massacre. Y a-t-il eu un concours de circonstances malheureuses ? Les initiatives des deux maquisards ont été pour le moins imprudentes, d'autant qu'ils étaient seuls et qu'ils occupaient une position difficilement défendable. Mais ont-ils agi sur ordre ou de manière spontanée ? De toute façon, personne ne pouvait imaginer la sauvagerie de la réaction de SS incapables de se contrôler ou désireux de faire un exemple décisif.
La tragédie de Marsoulas a beaucoup marqué les esprits. Ses auteurs n'ont jamais été retrouvés ou inquiétés. En revanche, le jeune maquisard survivant a eu l'impression de servir de bouc émissaire. Pendant longtemps on a perdu sa trace. Il a suivi le 1er régiment de la Haute-Garonne jusque dans les Vosges. Trop jeune, il n'a pu être amalgamé dans la Première Armée française. Il s'est engagé en avril 1945 dans la Légion étrangère : il n'avait que 16 ans et 9 mois. Il recevra plusieurs décorations militaires.
Marsoulas symbolise toute l'horreur nazie. Village martyr, il est le Oradour-sur-Glane de la Haute-Garonne. Il a reçu la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance (décret du 31 mars 1947).
Source : Michel Goubet, "La Tragédie de Marsoulas, 10 juin 1944" in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.