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Stèle de Tavaux

Légende :

Stèle à la mémoire des victimes du massacre de Tavaux
La Ville a reçu la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1947

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Alain Nice

Source : © Collection Alain Nice Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique

Date document : 2009

Lieu : France - Hauts-de-France (Picardie) - Aisne - Tavaux

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Analyse média

Le monument des Massacrés, indépendant du monument aux Morts qui se trouve sur la place près de l’église, se trouve à un carrefour près de la caserne des pompiers dans la zone où a eu lieu le massacre des civils à 500 mètres environ de la place. Au pied de la stèle, une dalle sculptée symbolise une croix gammée brisée. 

Sur le monument d'origine figurait, sous la première liste de noms, la mention "fusillés". Celle-ci a été remplacée en 2007 par une plaque, en superposition, portant l'inscription "massacrés".


Contexte historique

30 AOUT 1944: ACCROCHAGES ENTRE RESISTANTS ET SS

Le 30 août au matin, en plein cœur du village, près du Café de la Place, un accrochage oppose de jeunes soldats SS à une dizaine de résistants du groupe de Tavaux partis vers le village voisin de Saint-Pierremont pour tenter d’empêcher le dynamitage du pont. Cet accrochage tourne très mal: si un soldat allemand est capturé, un autre parvient à s’enfuir à travers les jardins en direction de Montcornet. Arrive alors venant de Marle, un camion allemand chargé de fûts d’essence. Nouvel accrochage, échange de tirs, les deux Allemands à bord du camion réussissent à s’enfuir vers Marle, non sans avoir blessé mortellement un jeune résistant lancé à leur poursuite. Toujours au même moment, à l’autre bout du village, un résistant ouvre le feu sur un véhicule allemand de reconnaissance venant de Montcornet. Nouvelle fusillade, le véhicule fait une embardée et se retourne, un officier est tué mais le chauffeur s’enfuit et court prévenir ses camarades dans le village voisin d’Agnicourt. Après cette série d’escarmouches, les résistants se regroupent et décident de déménager leur dépôt d’armes vers la forêt du Val-St-Pierre. Pierre Maujean, leur chef de groupe, est inquiet : il redoute une opération de représailles. Il donne l’ordre à l’un de ses hommes de partir chercher du secours auprès des autres groupes de Résistance voisins.

OPERATION DE REPRESAILLES ET MASSACRE DES CIVILS

Vers 14 h, en tout début d’après-midi, les Allemands, des soldats SS de la division Adolph Hitler et de la division Hitlerjugend venus de Marle et du secteur de Montcornet, arrivent à Tavaux qui est alors bouclé par des chars Tigre, des auto-mitrailleuses et des camions de troupes. L’opération de représailles commence. Systématiquement, toutes les maisons et plusieurs fermes sont incendiées les unes après les autres. Des otages et des civils sont rassemblés dans la maison du percepteur et à la Poste face à la mairie. La chasse aux « Terroristes » est ouverte ! Dans la partie est du village, c’est le carnage, le massacre : les jeunes SS, furieux, tirent sur tout ce qui bouge. Malheur aux habitants qui n’ont pu s’enfuir ou se cacher. Des vieillards sont abattus en pleine rue, des grenades sont lancées dans les caves… Dans une maison de la Rue à l’Eau, quatre personnes dont deux enfants de 6 et 11 ans, réfugiés dans une cave, sont abattus froidement d’une balle dans la tête. Au total, 20 civils, 20 vieillards et enfants sont massacrés froidement. 86 maisons, dont plusieurs fermes, sont totalement détruites. Dans la nuit, Henri Mourain, le jeune résistant blessé le matin même, mourra faute de soins. Tavaux brûle, les fumées se voient partout alentour. Tous les survivants demeurent terrés dans leurs abris, dans les bois ou les bosquets alentour, où ils vont rester ainsi cachés pendant près de 48 h. L’avant-garde américaine est pourtant toute proche, elle est arrivée à la fin de la journée du 30 août à la ferme de l’Espérance, à un kilomètre de Tavaux, sur la hauteur. Un jeune résistant de Sissonne, Gabriel Vasseur, venu les guider, sera tué près de cette ferme, car les Allemands sont toujours présents en embuscade.

31 AOUT 1944 : LA RESISTANCE LIBERE TAVAUX
En pleine nuit, l’homme envoyé par Pierre Maujean a donné l’alerte à Sissonne et à St-Erme. Au matin du 31 août, tous les résistants du voisinage s’équipent et partent en direction de Tavaux. Arrivés à la ferme de l’Espérance, accompagnés d’une automitrailleuse américaine, ils se regroupent et approchent de Tavaux, qui finit de brûler. Dans Tavaux, la Résistance se heurte aux Allemands encore présents. Des combats sporadiques ont lieu alors que l’on découvre l’ampleur du massacre. Les services sanitaires sont alertés, on commande des cercueils à la hâte. Au total, ce sont près de 300 résistants qui, spontanément venus au secours de Tavaux, libèrent le village. Les chars américains, ayant enfin reçu l’ordre d’avancer et de passer la Serre, venant de Marle, feront leur entrée dans Tavaux en fin de journée.


Auteur : Alain Nice