Mémorial du cimetière du Cheylard, Ardèche

Légende :

Mémorial (œuvre du marbrier cheylardois ROS) implanté au cimetière du Cheylard, en 1974, sur une portion de la surface qui était occupée depuis la Libération par un carré militaire planté de croix de bois

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Raoul Galataud

Source :

Détails techniques :

Photographies numériques

Date document : Juillet 2012

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

La municipalité ayant souhaité à l’époque réduire le carré militaire, le comité local de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) obtint la mise à disposition d’une surface pour ériger un monument à la mémoire des soldats des F.F.I. morts au combat lors de la bataille du Cheylard des 5 et 6 juillet 1944. C’est par une souscription publique, sans aucune subvention, que le Comité d’anciens résistants put financer l’opération. L’inauguration, avec la participation d’anciens résistants venus de tout le département, eut lieu en 1994, à l’occasion du 30e anniversaire de la bataille du Cheylard.

Cette manifestation imposante fut à l’origine d’une cérémonie du souvenir se déroulant chaque année le 5 juillet, d’abord à l’appel de l’A.N.A.C.R, puis prise en charge par la municipalité. Après un dépôt de gerbe devant le mémorial (voir photos dans l'album), la foule se rend en défilé derrière les drapeaux à un lieu de rassemblement sur la place Saléon Terras. Les allocutions prononcées par M. le maire et le président départemental des anciens résistants ne manquent pas de rappeler le lourd bilan des journées des 5 et 6 juillet 1944. Ce bilan est résumé par un pictogramme (voir album) réalisé par l’O.N.A.C. et le Conseil général en 2002 afin d’être apposé à l’entrée du château joliment restauré de La Chèze, très fréquenté par les touristes. Ce château qui domine la ville (voir album) fut détruit au canon et incendié le 6 juillet par les Allemands avant leur repli vers la vallée du Rhône, car il avait été le siège de l’état-major et d’une unité locale de l’Armée Secrète.


Every year this impressive memorial service takes place on July 5th, first at the call of ANACR and now by local authorities, wreaths are laid at the base of the memorial, followed by a procession behind flag bearers, that ends in Saléon Terras square. The Mayor and the local chairman of the committee of former Resistance fighters give speeches, reminding the public of the heavy losses sustained by the Resistance in the Battle of Le Cheylard. A plaque summarizing the battle was placed by ONAC in 2002 at the entrance of the popular La Chèze ancient castle, destroyed by German forces during their retreat towards the Rhône Valley, as it had been the local base of the Armée Secrète.


Raoul Galataud

Traduction : Sarah Buckowski

Contexte historique

Dès la constitution fin 1943 du Comité Départemental de Libération, les différents mouvements de Résistance avaient convenu qu’au jour J de l’insurrection, la petite ville industrielle du Cheylard serait le point de ralliement des membres du C.D.L. et des états-majors des formations armées de la Résistance. Le choix était judicieux. La Résistance était localement bien implantée. Le Cheylard était un nœud ferroviaire sur les lignes du C.F.D. (chemin de fer départemental) en provenance de la vallée du Rhône et en direction du Plateau vers Le Puy. Depuis ce chef-lieu de canton, il était possible de rayonner soit vers le nord du département par St-Agrève et les routes du plateau, soit vers le sud et les Cévennes ardéchoises par le col du Mézilhac.

Dès le 6 juin 1944, Le Cheylard devint donc comme prévu une capitale de la Résistance ardéchoise bouillonnante d’activité, recevant la visite du Commissaire de la République Yves Farge et des envoyés des divers états-majors. Une délégation militaire parachutée assurait la liaison radio avec Alger.

Les deux-tiers du département étaient sous le contrôle de la Résistance, mais les occupants allemands étaient loin d’être vaincus. Ils ne pouvaient plus occuper l’arrière-pays mais ils restaient fortement cantonnés dans la vallée du Rhône, d’où ils pouvaient conduire des opérations répressives « coups de boutoir », comme le 15 juin à Saint-Donat dans la Drôme ou le 19 juin à Annonay.

Le 5 juillet dès 5 heures du matin, une colonne de la Wehrmacht forte d’un millier d’hommes part de Valence en direction du Cheylard. L’ennemi bien renseigné se garde d’emprunter la route sinueuse et encaissée de la vallée de l’Eyrieux. C’est un itinéraire par Privas et les routes de crètes qui est choisi. A Chomérac, on dénombre le passage de 154 véhicules, camions transport de troupes, auto-mitrailleuses blindées, plusieurs véhicules semi chenillés avec canons et mortiers. Les avions basés à Valence apportent leur appui.
La progression, malgré l’effet de surprise due à certaines carences dans le commandement des F.F.I., est plus lente que prévue, ralentie par des opérations de guérilla parfois improvisées. La plus réussie est celle à l’actif d’un groupe franc (groupe Cobu) d’une douzaine de garçons partis d’Antraigues pour dresser une embuscade au col des Quatre Vios, lieu-dit "Gambert". Deux véhicules  sont stoppés à la grenade et les mitrailleurs ont le temps de vider leurs chargeurs avant un repli en bon ordre. Mais l’affrontement est inégal entre des formations encore en état d’organisation et des troupes aguerries, coutumières des opérations répressives et des crimes de guerre, qui progressent en mitraillant au passage sur tout ce qui bouge, y compris sur des paysans au travail dans leurs champs. Arrivés à Mézilhac, les assaillants se répartissent en quatre colonnes avec l’objectif d’éviter toute possibilité de repli aux formations de la Résistance cantonnées au Cheylard.

Ce n’est cependant que vers 16 heures que les premiers assaillants parviennent à hauteur du château de La Chèze. La colonne empruntant la vallée de Dornas ne parvient au Cheylard que vers 21 heures. Les F.F.I, malgré de lourdes pertes, ont pu échapper à l’encerclement. Toute la nuit, les assaillants saccagent, pillent, incendient et se livrent aux exactions habituelles pour terroriser la population. Le 6 juillet au matin, ils achèvent "leur travail" en tirant au canon pour détruire la gare de chemin de fer et le garage Mandon à proximité qui était utilisé par les F.F.I. Avant leur repli définitif, ils tirent au canon contre le château de La Chèze et l’incendient.
Le bilan de la bataille du Cheylard est lourd : 73 tués, 200 blessés parmi les F.F.I. ; 40 civils assassinés et 58 blessés. Pas de prisonniers, les blessés civils ou militaires sont achevés, considérés comme des "terroristes".

(Voir dans le CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI 2004 les notices détaillées et les documents photographiques sur la bataille du Cheylard)


By the end of 1943 the Constitution for the Departmental Committee of Liberation, comprising of the various Resistance organizations, had agreed that the committee members and leaders of the armed Resistance forces would meet in the small industrial town of Le Cheylard to carry out their D-Day attacks. This proved to be a wise choice since the town held a well-established network of Resistance members. An additional advantage was also the location of Le Cheylard at the junction of the departmental railway system, which traversed the Rhône Valley towards the Plateau and Le Puy. Many major roads also converged at Le Cheylard, since it was the capital of the "canton" that allowed the Resistance forces to move northward by way of St-Agrève and on roads of the Plateau, or southward towards the Ardèche Cévennes through the Mézilhac Pass.

On June 6th 1944, D-day, Cheylard was teeming with Resistance activity as the Commissioner of the Republic, Yves Farge and his staff was to be received, as confirmed by a military radio liaison from Algiers.

By this time, two-thirds of Ardèche were under the control of the Resistance, but the German occupants were still far from defeated. Though they were no longer able to hold their posts inland, the Germans maintained control in the Rhône Valley. It was here where they carried out their repressive operations or, “coups de boutoir”, as carried out on civilian populations on June 15th in Saint-Donat and June 19th in Annonay.

At 5 o’clock in the morning, July 5th a line of German Wehrmacht forces of over 1,000 men left Valence moving towards Le Cheylard. Avoiding the sinuous winding roads of the Eyrieux valley the German forces take the safer route that passes through the town of Privas. Their forces included 154 vehicles carrying toops and machine guns, as well as tanks and other trucks mounted with heavy artillery all of which was supported by aircrafts from the German base in Valence.

Amongst the Resistance forces, movement was slow, due to some shortcomings in command from the F.F.I. where many guerrilla operations were carried out with little planning. Despite this one of the most successful attacks is carried out by the Cobu group, of 12 young men who were able to draw up an ambush on the German forces in the Four Vios pass, locally known as Gambert. The group of men was able to stop two German vehicles using grenades and machine guns, emptying their magazines and still was able to retreat safely. The battle was clearly uneven between the two forces, the men of Cobu young and inexperienced against the seasoned German soliders who were accustomed to carrying out repressive operations during which they would shoot anything in that moved, often including local farmers working in their fields. Upon arriving at Mézilhac the Germans divided up into four units and set out again aiming to avoid the Resistance units stationed in le Cheylard.

It was not until 4 in the afternoon that the first German forces arrived at the castle of La Chèze, the other unit that had taken roads of the Dornas valley did not arrive until 9 o’clock that night. The F.F.I. forces were able to escape the encirclement, though experienced heavy losses. Throughout the night the German forces tortured the local community; looting, burning and ransacking the village until there was nothing left. The following morning of July 6th the German forces destroyed the railway station and the Mandon garage which had been occupied by F.F.I forces, as well as destroying the castle of La Chèze before finally withdrawing from the town.         

The losses from the Battle of Cheylard were heavy: 73 killed, and 200 wounded amongst the F.F.I. and 40 killed and 58 wounded amongst the civilians. No hostages taken, military or civilian were killed, as it was considered an act of terror. 


Raoul Galataud

Traduction : Sarah Buckowski