Jean Moulin en tenue de préfet à Chartres
Légende :
Jean Moulin In His Prefect Uniform In Chartres
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Fin juin 1940
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Eure-et-Loir - Chartres
Analyse média
Pour rassurer sa famille après les événements dramatiques du 17 au 18 juin 1940, Jean Moulin se fait photographier par la secrétaire de la préfecture, le foulard dissimulant sa blessure à la gorge. A bout de force après un passage à tabac par les Allemands qui veulent lui faire signer un texte accusant à tort les soldat noirs de l’armée française de massacres sur les civils, Jean Moulin s’entaille la gorge. « Mon devoir est tout tracé. Les Boches verront qu’un Français aussi est capable de se saborder » écrit-il.
To reassure his family after the dramatic upheaval of June 17th-18th, Jean Moulin asked the prefecture secretary to take his picture, his neck wound carefully covered by his scarf. Exhausted after the Germans beat him for refusing to sign a document falsely accusing black soldiers in the French army of killing civilians, Jean Moulin cut his own throat. My duty is clear. The Boches (Germans) will come to find that the French are also capable of sabotage.” He wrote.
Auteur : Christine Levisse-Touzé
Traduction : Gabrielle Ciceri
Contexte historique
Après l’invasion de la Belgique le 10 mai 1940 et la percée du front français le 13 à Sedan, l’afflux des réfugiés commence et s’amplifie avec l’ordre du Gouvernement du 14 juin, d’avoir à se replier d’urgence. Jean Moulin dans son journal, rédigé fin 1940, souligne comment cette décision a provoqué la panique et contribué à la fuite des civils. Il n’ a plus de liaison avec le ministère de l’Intérieur. Jean Moulin, dépourvu de tous moyens a décidé cependant de rester à son poste pour montrer aux Allemands qu’il reste une structure administrative et pour aider les civils. Il n’y a plus ni gaz, ni électricité, ni téléphone, ni radio, ni eau.. Il ne reste plus que 800 habitants sur les 23 000 que comptait la ville. Mais un peu plus d'un million de réfugiés affluent sur le département.
Le 17 juin, des Allemands de la 8e division d’infanterie se présentent à la préfecture et conduisent le préfet au quartier général où ils lui intiment l’ordre de signer un document accusant à tort, les troupes sénégalaises de l’armée française de massacres sur les populations civiles. Le préfet est « tabassé » et se tranche la gorge dans la nuit du 17 au 18 juin pour ne pas céder sous les coups comme il l’explique dans son journal : « Je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination qui n’a pu être conçue que par des sadiques en délire. Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l’armée française et me déshonorer moi-même [..]. La mort ?[..] elle ne me fait pas peur [..] Mon devoir est tout tracé. Les Boches verront qu’un Français aussi est capable de se saborder. » Transporté à l’hôpital et soigné par Soeur Aimé Gesbert, Jean Moulin reprend ses activités fin juin.
Dans cette lettre prémonitoire datée du 15 juin, il avait écrit : « Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger. » Tout est dit : la conscience et le devoir. Son attitude est exceptionnelle dans ce climat d’abandon et de désordre. Ce geste héroïque isolé en fait un pionnier de la Résistance. Il exprime un refus individuel de ne pas céder à l’occupant. Jean Moulin qui n’a pas entendu « l’Appel » du général de Gaulle le 18 juin 1940, reste à son poste pour protéger la population des exactions des troupes et de l’administration allemandes.
After the invasion of Belgium on May 10th 1940 and the breakdown in the French front in Sedan on the 13th, the influx of refugees began and only increased after the Government Order of June 14th, calling for an urgent retreat. At the end of 1940, Jean Moulin stressed in his journal that this decision provoked panic and prompted civilians to flee. Despite being stripped of true authority, Jean Moulin remained in office to show the Germans that an administrative structure remained and to help the citizens. There was no longer any gas nor electricity, no telephone, radio or water… There were only 800 inhabitants out of the 23 000 that had lived in the city but a little more than one million refugees settled in the department.
On June 17th, the Germans of the 8th infantry division present themselves to the prefecture and are led to the prefect wherein they command him to sign a document falsely accusing Senegalese troops in the French army of massacring civilians. The prefect was beaten and his throat slit in the night of June 17th-18th for refusing to concede to the thrashing, as he wrote in his journal “I cannot be complicit to this monstrous conspiracy which could only be conceived by delusional sadists. I cannot sanction this outrage to the French army or dishonor myself in doing so [..]. Death? […] It does not scare me [..] My duty is clear. The Boches (Germans) will come to find that the French are capable of sabotage.” Transported and treated at the hospital by Sister Aimé Gesbert, Jean Moulin resumed his resistant activities at the end of June.
In his intuitive letter from June 15th, he had written “I didn’t know that it would be so easy to adhere to your duty when you are in danger.” All said, the conscience and duty were of the utmost importance. His attitude was exceptional especially given the current atmosphere of chaos and abandon. His heroic gesture elevated him to the level of a Resistance hero. He exemplified an individual’s ability to refuse the occupant. Jean Moulin didn’t hear General de Gaulle’s appeal of June 18th 1940, and remained in his post in order to protect the population from army reprisals and the German administration.
Source : Extraits de l'opuscule Jean Moulin (1899 - 1943) réalisé par Christine Levisse-Touzé, Directrice du Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin, et Isabelle Rivé, Directrice du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon.
Traduction : Gabrielle Ciceri