La bataille de Bastia
Légende :
Bastia et sa région sont l'un des principaux enjeux des combats de septembre et octobre 1943 parce que c'est le port d'évacuation des forces allemandes vers l'Italie.
Genre : Image
Source :
Lieu : France - Corse
Contexte historique
A la différence d'Ajaccio, libérée dès le 9 septembre, Bastia fut tenue par les Allemands jusqu'au 4 octobre 1943. Au premier jour de l'insurrection qui suivit la nouvelle de la capitulation italienne, ils engagèrent le combat avec les Italiens. Le port leur était en effet indispensable pour réaliser leur retraite.
Le soir du 8 septembre, la nouvelle de l'armistice signé par l'Italie se répand en ville. Un témoin bastiais, ancien parlementaire, écrit :
" La journée avait été splendide. Suivant la coutume, un grand nombre de Bastiais s'étaient rendus au Pèlerinage de Lavasina. Tout était très calme. Le bruit court que l'Italie a signé l'armistice. Les soldats italiens se répandent dans la rue, exubérants et joyeux. Ils croient que pour eux la guerre est finie. Les Allemands qui, d'ailleurs, sont très peu nombreux à Bastia, paraissent mécontents mais ne se livrent à aucune manifestation. Vers 11 heures du soir une grande lueur éclaire soudain le nouveau port. C'est l'Humanitas qui flambe. Il est chargé de matériel et de munitions. S'il explose, ce sera une catastrophe. Près de lui un destroyer prend feu. "
Il s'agit d'une riposte allemande : les Allemands ont attaqué et incendié trois unités italiennes dans le port. 17 Italiens auraient été tués. Le 9, c'est une contre-offensive des Italiens sous les ordres du général Stivala, qui, avec l'appui des patriotes, reprennent le contrôle du port. Les prisonniers allemands ne seront pas retenus plus d'une journée. Ils peuvent quitter la ville où les patriotes défilent librement et procèdent à une distribution d'armes. Ils s'emparent des presses de Bastia Journal, se rendent à la mairie et à la sous-préfecture et proclament le ralliement de leur ville à la France libre. Ni le sous-préfet Murat ni le maire vichyssois, l'intendant Gherardi n'opposent de résistance. Un scénario qui, ce jour-là, est l'analogue de celui d'Ajaccio. Les patriotes sont alors conduits par Simon Vinciguerra, Dominique Poli, Jacques Faggianelli et Noël Fontana. Les officiers du PC allemand sont toujours à l'Hôtel de France. Ils prennent contact avec les patriotes pour obtenir une trêve, assurant que leurs seuls ennemis sont les Italiens qui les ont trahis. Cette offre, assortie de menaces, est rejetée. Les forces allemandes, regroupées au sud de Bastia, attaquent à partir de la soirée du 11. Le dépôt de munitions installé par les Italiens dans le cimetière est bombardé. Les explosions secouent le sud de la ville. Les habitants qui ont pu fuir se sont dispersés vers le nord et l'ouest dans les communes avoisinantes, Cardo et San Martino. La journée du 13 est décisive : la 90e Panzer a débarqué à Bonifacio et remonte vers Bastia. La Luftwaffe tire sur les routes et le fort Lacroix. Les Italiens font retraite vers le Cap. Les membres du comité d'arrondissement du Front national sont partis vers Ajaccio. La ville, reprise par les Allemands, restera dans leurs mains pendant trois semaines.
Hélène Chaubin, CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.
