Avenue Rémond à Puget-Théniers
Légende :
Plaque "Avenue Adjudant-Chef Rémond" à Puget-Théniers
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Cliché J-L Panicacci Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 1945
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Alpes-Maritimes - Puget-Théniers
Analyse média
Cette plaque de rue, l'une des premières inaugurées dans le département maralpin en 1945, est intéressante puisqu'elle est surmontée par deux symboles métalliques de la Résistance : le V de la Victoire et la Croix de Lorraine. Elle évoque l'héroïsme dont fit preuve l'alors adjudant de gendarmerie Rémond le 3 mai 1944, durant un ratissage du gros village de la moyenne vallée du Var par des inspecteurs de la Gestapo et une compagnie de la Wehrmacht : afin de venger deux de leurs inspecteurs abattus sur la route du col Saint-Raphaël, les occupants avaient aligné le long de la balustrade de la voie ferrée Nice-Digne huit jeunes gens porteurs de chaussures anglaises ; le gendarme, d'origine alsacienne et parlant couramment l'allemand, sortit des rangs et affirma que ces jeunes ne faisaient pas partie du maquis et n'avaient pas participé à l'embuscade ayant coûté la vie à leurs compatriotes, obtenant leur grâce mais étant déporté avec eux et d'autres Pugétois.
Jean-Louis Panicacci
Contexte historique
Le village de Puget-Théniers fut l'un des bastions de la Résistance avec une équipe du réseau SOE Buckmaster, le maquis ORA du Groupe François, une dizaine de parachutages sur le plateau de Dina comme sur le col Saint-Raphaël, une proportion élevée de réfractaires au STO. Tout ceci conduisit les autorités allemandes à effectuer un ratissage en règle du village et de ses alentours, au cours duquel deux inspecteurs de la Gestapo perdirent la vie (tués par le capitaine François lors de la perquisition de la grange du Breuil), deux paysans membres de la Résistance locale étant abattus en représailles dans ce secteur, huit otages désignés pour être exécutés, l'usine Brouchier incendiée, tous les postes TSF saisis, enfin 67 hommes conduits à Nice en vue de leur déportation (deux furent exécutés à Saint-Julien du Verdon, quatre connurent les camps de concentration, vingt-huit transférés en Allemagne au titre du STO et dix autres à Cherbourg pour le compte de l'Organisation Todt) ; quant à l'Adjudant Rémond, il fut libéré du convoi de la Déportation à Dijon et interdit de séjour à Puget-Théniers. Il fut promu Adjudant-Chef à la Libération et trois sites l'évoquent dans le village : une stèle dans la cour de la gendarmerie, un monument sur le pont de la Roudoule, une fresque dans la salle des mariages de l'hôtel de ville.
Michel et Colette Bourrier, La Résistance au fil du Var, en remontant le fleuve de Nice aux Entraunes, Nice, Serre, 2003.
Gabriel Mazier, dit "Capitaine François", Un officier d'occasion dans le Haut-Pays niçois, Nice, Croix de Guerre, 1992.
Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire de la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Nice, Serre, 1997.
Rémi-Numa Stevelberg, La gendarmerie dans les Alpes-Maritimes de 1942 à 1945, Nice, Serre, 2004.