Peter Rhodes

Légende :

citoyen étatsunien ami de Louis Aragon et Elsa Triolet.

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Faites entrer l'infini, n°31, juin 2001 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc argentique.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Donat-sur-l’Herbasse

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Analyse média

Photographie de Peter Rhodes, journaliste et écrivain, travaillant assis devant une machine à écrire. 


Contexte historique

Présentation de Peter Rhodes (1911-1965) :

Peter Rhodes fait partie de ces intellectuels américains progressistes qui œuvrent très tôt contre le fascisme endémique en Europe, en commençant par soutenir l’Espagne républicaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il met son intelligence et son talent au service de son pays en travaillant contre l’hitlérisme dans les services de l’action psychologique [1].

Aragon nous le présente :

« Quand ai-je rencontré pour la première fois Peter ? Je ne sais plus. J’ai l’impression, très fausse, de l’avoir toujours connu. Cela n’est pas possible puisque, né en 1911, il devait avoir vingt-cinq ans quand il est apparu à Paris, cela devait être un peu avant la guerre d’Espagne. Parce que c’est la guerre d’Espagne qui nous a fait amis.

[…] Il était de cette génération qui commençait la vie en croyant à quelque chose d’autre qu’au base-ball. Et puis voilà que s’était présentée l’aventure espagnole. Hemingway… d’autres. Tous les Peter s’enthousiasmaient pour des mots, semble-t-il, et puis ce n’étaient pas que des mots : la République, la liberté d’un peuple, le courage, se dévouer pour autrui. C’est alors, sans doute, plus à l’Université de Columbia ou, par la suite, à Oxford où Peter Rhodes avait une bourse américaine, puis correspondant de l’United Press pour le Vieux Monde, c’est alors que sa générosité se forma. […]

Un jour, à Paris, après notre retour d’Espagne, Peter Rhodes a surgi dans mon bureau. Il avait avec lui, une femme, sa femme, une Belge au visage si singulier, ses grands yeux, ses cheveux pâlis avant l’âge, qui portait un nom comme elle, Ione, un nom qui lui allait comme un parfum, […]. Ils s’étaient mariés en juin 1936. […]

Journaliste, écrivain, Peter a toujours rencontré sur son chemin l’histoire comme une boule jetée dans le jeu de quilles. Il y eut ces années où nous sentions venir le drame sans vouloir y croire un instant, puis ce fut l’irréparable, le dernier acte. Une tragédie suivait l’autre. La nôtre vint.

La guerre en France. L’occupation. Peter, retourné dans son pays, revint de ce côté du malheur comme correspondant de guerre. Pas à pas, il suivit l’espoir et la reconquête. Puis passé à la « Section de la guerre psychologique » du Bureau d’information américain de guerre, il travailla derrière les lignes ennemies, ce qui lui valut de la main de F. D. Roosevelt la Médaille de la liberté, la plus haute distinction des États-Unis. »
[2]

Rencontre à Saint-Donat :

Peter Rhodes débarque avec les troupes alliées qui prennent pied en Provence, le 15 août 1944. Il fait partie des services américains dont la mission est d’aider au rétablissement de la presse libre en France.

Voici comment Peter Rhodes parle de ses contacts et de ses premières impressions avec la France. Les extraits qui suivent sont tirés d’un recueil d’hommages et de traductions publié en décembre 1945 pour honorer Aragon, poet of the French Resistance.

« Les soldats américains qui arrivèrent sur les plages de la Côte d’Azur, au milieu du mois d’août 1944, furent très surpris de l’organisation minutieuse des forces de la Résistance française. L’habile coopération entre la Résistance française et les armées alliées de Libération avait rendu possible une rapide campagne de la Vallée du Rhône à l’Alsace en un mois à travers les Alpes. Nous avions été en liaison constante avec la Résistance et nous étions au fait de beaucoup de ses actions courageuses contre les envahisseurs allemands. […] Dans chaque ville, nous trouvâmes des responsables et du personnel à leur poste, prêts à publier leurs premiers journaux libres dans un délai de quelques heures après la Libération.

Ils étaient prêts parce qu’ils avaient édité, depuis plus de trois ans, des journaux clandestins malgré la surveillance de Vichy et de l’occupant allemand, alors que la mort ou la déportation étaient le prix à payer pour ceux qui se faisaient prendre. Ils savaient comment éditer un journal sans n’importe quelles circonstances, et avec quel enthousiasme, ils se mirent à la tâche, une fois libres !
[3]

[…] À ce moment-là, le territoire montagneux entre Isère et Vallée du Rhône venait juste d’être libéré après la bataille de Montélimar. […] Nos avant-gardes tentaient difficilement d’entrer dans Lyon
[4]. Il était difficile de trouver un imprimeur ou journaliste qui connaisse exactement le lieu où demeurait Aragon. […] Aragon était encore le personnage insaisissable qu’il avait été pendant la période clandestine. Mais tout le monde nous assura qu’il était vivant et extrêmement actif. Il était apparu en personne chez un ami ou dans un restaurant, le temps d’un repas discret pour discuter un important pamphlet qu’il fallait écrire, imprimer et distribuer pour dénoncer les dernières atrocités perpétrées par les Allemands et la milice vichyssoise. Beaucoup de ces hommes avaient publié des journaux clandestins, confiant la rédaction d’articles à des écrivains qu’ils n’avaient jamais vu, assurés que le travail serait fait et livré à des imprimeurs qu’ils ne connaissaient pas. Aragon avait communiqué un peu de son propre feu à chacun de ces hommes. […]

Un jour, nous fumes envoyés en longue mission à travers les montagnes arides de la région, le long du Vercors et de la Drôme, jusqu’à Dieulefit afin d’aller chercher quelques écrivains dont Rousseaux avait besoin pour la marche de Radio-Grenoble, une des premières stations de radio lancées sur les ondes après la Libération. À Dieulefit, ils nous dirent que nous pourrions trouver Aragon et sa femme, Elsa Triolet, dans le petit village de Saint-Donat, attendant de partir pour Lyon, aussitôt que nos troupes y entreraient. Nous apprîmes également leurs pseudonymes
[5] et obtinrent les indications pour parvenir à leur maison.

De Dieulefit, nous voyageâmes plusieurs heures à travers l’une de ces chaînes de montagne alpines qui soudainement surgissent. Il faisait un froid glacial dans la jeep au mince toit de toile et des bourrasques de vent nous cinglaient le visage […]. Puis la pluie avait cessé et un soleil rouge sur l’horizon illuminait les nuées de nuages orageux s’étirant au-dessus des montagnes dénudées, tandis que nous gravissions les collines de Romans à Saint-Donat.
[6] »

Après la relation de cette approche de Saint-Donat par Peter Rhodes, laissons à Aragon le soin de nous narrer la rencontre :

« À la fin d’août 1944, dans le petit village de la Drôme où nous avions depuis un peu plus d’un an notre point d’attache, et dont personne n’avait l’adresse (à part Georges Sadoul et Georges Ternet), un matin, il se fit un grand bruit dans les rues, une jeep courait en tous sens et un grand diable d’Américain s’écriait vers les maisons : "Loo-ee ! Loo-ee ! " Peter Rhodes, passant par Dieulefit, y avait rencontré Andrée Viollis [7], laquelle par hasard venait de nous rencontrer,Elsa et moi (en plein milieu des combats de la Libération, nous avions circulé dans le département pour y porter le journal qu’Elsa faisait imprimer clandestinement à Romans) et à qui nous avions dit être à Saint-Donat. Donc Peter criait Loo-ee ! ne comptant que sur sa voix pour nous dénicher, et il nous enleva dans sa jeep pour nous mener d’un bond à Grenoble libérée. Je n’en finirais pas de raconter ces jours-là qui étaient d’ivresse et où, pour Peter, la France, le vieux continent, c’est comme une Espagne délivrée, et un peu plus, à cause d’Ione et des siens. » [8]

Peter Rhode poursuit son récit, tout en contredisant celui d’Aragon. Arrivé le soir, il n’a pu les emmener à Grenoble immédiatement. La version de Peter semble plus vraisemblable :
« Louis Aragon et Elsa Triolet étaient juste en train de corriger les épreuves de la dernière édition de leur journal La Drôme en armes quand nous arrivâmes [9]. Nous fûmes accueillis dans leur minuscule salle à manger au rez-de-chaussée. " Elsa ! cria Louis en direction de l’étroite cage d’escalier, interromps ton article et dépêche-toi de descendre, il y a du nouveau ! Regarde qui est ici ! " Elsa, dans sa hâte, tomba presque dans mes bras.

Nous nous assîmes et discutâmes pendant des heures, tremblant d’abord de froid avant de nous réchauffer sous l’effet du marc qu’Aragon versait généreusement en cette grande occasion.
" Nous l’avons fait nous-mêmes, l’automne dernier [10] ", dit-il fièrement. " Nous n’avons pas de charbon et il est difficile de se procurer du bois. Je suis désolé que nous ne puissions vous offrir un bon feu pour vous sécher. Mais vous pouvez éviter un coup de froid avec ça. " Aragon commença par nous parler des dispositions d’esprit de la population. Avec des gestes éloquents et la hâte d’un homme qui voulait dire ces choses à un Américain depuis longtemps, il nous inonda d’un flot de paroles. Il nous avertit des traces que la propagande nazie avait laissées dans l’esprit de beaucoup de gens et de la sensibilité à fleur de peau engendrée par des années d’oppression. »

Peter Rhodes poursuit, se remémorant les paroles d’Aragon :
" Nous avons beaucoup souffert, surtout spirituellement. Vous ne pouvez pas savoir ce que ça signifie de vivre chaque jour sans savoir ce que demain va vous apporter. En sachant que les êtres que vous aimez, votre peuple et même vous-même, pouvez disparaître le lendemain. Voir ceux que vous connaissez, respectez et aimez, disparaître, apprendre seulement des mois plus tard qu’ils ont été tués ou emportés vers un destin encore plus cruel dans un lointain camp d’esclaves en Allemagne. Savoir que chaque mot, chaque pensée, chaque action accomplie ou non de votre pays, chaque protestation en faveur de la liberté peut devenir votre passeport pour un autre monde. Voir la force de votre peuple sapée savamment, hypocritement, goutte à goutte, par un ennemi adroit qui connaît l’importance du moral, qui a ingénieusement étudié les moyens de l’empoisonnement. Observer ce poison distillé par sa vaste machine de propagande et injecté partout dans l’esprit des simples hommes et femmes et constater l’effet corrosif du doute, de la peur et de la suspicion sur ceux qui sont assez courageux pour combattre. Vous ne pouvez pas savoir ce que ces choses veulent dire. Il aurait fallu que vous les viviez pour les comprendre.

N’oubliez pas de traiter notre peuple comme un allié qui a souffert, mais de confiance. Que vous oubliiez cela nous laisserait désillusionnés, briserait notre moral et notre courage déjà affaibli par les privations, la tension, l’attente et la misère. Dites aux Américains que vous connaissez, avec qui vous travaillez, de respecter ce que la France a fait. Aidez-la dans la dure reconquête de la vigueur et de la confiance. Accordez-lui l’égalité parmi les peuples qu’elle a gagnée par son combat. "
[11]

Peter Rhodes poursuit :
« C’était une supplique passionnée, une supplique pleine de poésie. Nous entendîmes cela de nombreuses fois, souvent exprimé de façon encore plus haletante. Personne ne mendiait notre compréhension. Tout le monde la revendiquait comme un droit.

Et cet après-midi-là, nous commençâmes à entendre de la bouche même d’Aragon, en réponse à toutes les questions dont nous le harcelions, les premiers détails de ces quatre années de lutte contre l’entreprise allemande pour briser l’esprit, la vaillance, le moral français. C’était une lutte dans laquelle lui-même avait joué un rôle important, du jour où il avait quitté son bureau de journaliste pour répondre à l’ordre de mobilisation lancé en août 1939
[12]. […] En dehors de son travail d’organisateur, la somme de sa production littéraire durant ces quatre années d’occupation était époustouflante. Et quand on considère les conditions dans lesquelles il était forcé de vivre et de travailler, traqué à la fois par les nazis et la milice fasciste française, son histoire apparaît comme encore plus incroyable. »

Peter Rhodes détaille ensuite longuement la vie et les activités d’Aragon pendant cette période de guerre et de résistance.

Au cours de la rencontre de cette fin d’été 1944, Aragon remet à son ami de nombreux documents montrant la réalité profonde de la Résistance française. Ces documents illustrent ce que Peter vient d’apprendre oralement.

Après son retour aux États-Unis, Peter Rhodes poursuit son travail d’écrivain, il publie notamment cette biographie d’Aragon, Aragon, poet of the french Resistance. Mais c’est le temps où sévit le maccarthysme. Aragon dans « Peter mon ami », nous renseigne succinctement sur cette nouvelle période : « Combien d’années se passèrent sans se voir, cinq, six ans ? Un beau jour, le voilà de retour à Paris, c’est que les amants de la liberté étaient devenus suspects, même rétrospectivement, au pays où la liberté éclaire le monde. L’histoire, une fois de plus, avait déraciné Peter et Ione. Il n’était plus question d’écrire, ou tout au moins de publier. Il y avait les trois enfants à élever. Pour eux, il travaillera dans une entreprise américaine de publicité, jusqu’à son retour au pays, malade, pour y mourir. » Peter Rhodes meurt le 1er septembre 1965 à Key West en Floride.

Leur fille, Alice, est restée à Paris où elle était interne dans les hôpitaux de la capitale.

Le fonds Peter Rhodes :

Après le décès de Peter Rhodes en 1965, puis celui d’Aragon en 1982, on oublia un peu Peter Rhodes. Cependant, grâce à la pugnacité de la Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet et, notamment de Jean Albertini et Daniel Bougnoux, le lien avec ce journaliste et écrivain américain a pu être renoué, en 2001. Daniel Bougnoux « eut l’idée, à tout hasard, de regarder l’annuaire téléphonique de Paris où il repéra plusieurs Rhodes. Et quelle ne fut sa surprise et sa joie d’entendre, au bout du fil, la voix d’une dame qui lui disait être Ione Rhodes, la veuve de Peter, elle-même belge, et vivant à Paris depuis la mort prématurée (à cinquante-trois ans) de son époux, en 1965 » (Jean Albertini).

Il apprit que Peter Rhodes avait conservé soigneusement un grand nombre de documents dont ceux que lui avait confiés Aragon, à Saint-Donat en 1944. Sur certains d’entre eux, il avait porté, en anglais des appréciations et des indications, notamment le rôle d’Aragon dans la rédaction de ces textes Grâce à la volonté de Ione Rhode, un inventaire a pu être dressé et un catalogue détaillé a été réalisé. Les documents sont un des éléments de connaissance de l’activité clandestine d’Aragon et d’Elsa. Ils rassemblent plus de 60 textes, tracts, journaux, publications diverses, ouvrages, textes politiques, classés par année et par genre.

On y trouve des textes littéraires d’Aragon, mais aussi de Paul Éluard, d’Édith Thomas, de Vercors, de Péguy et d’autres. Ces documents permettent de saisir une partie des activités clandestines, mal connues, d’Aragon, en particulier dans les milieux de la justice, de l’enseignement, du journalisme, et surtout de la médecine. On sait qu’Aragon avait eu une formation de médecin qu’il a abandonné pour l’écriture. En 1917, il avait été mobilisé comme médecin auxiliaire, ce qui lui avait valu quelques décorations. Il en est de même en septembre 1939. Là encore, il eut deux citations à l’ordre de l’armée, une croix de guerre avec palme et la médaille militaire pour son rôle de médecin au combat pendant toute la débâcle de 1940. Plusieurs documents du Fonds Rhodes concernent les problèmes de santé et les médecins : Vie des Martyrs – Pathologie des prisons allemandes en France, La Pathologie de la France malheureuse et asservie Le Médecin français, organe du Comité national des Médecins, le Guide des infirmiers destiné aux patriotes.

Le Guide des infirmiers destiné aux patriotes : 

Le Guide des infirmiers destiné aux patriotes figurait dans ces papiers remis à Peter Rhodes par Aragon. C’est à ma connaissance le seul exemplaire retrouvé, donc un document unique. 

Il veilla à ce que les médecins des petits villages fussent à leurs postes et prêts à intervenir en cas d’urgence dans chacun des périmètres où se trouvaient des unités du maquis, pour soigner les hommes blessés. Le Comité monta des hôpitaux cachés dans la montagne et les pourvut en jeunes docteurs volontaires et jeunes filles formées comme infirmière de terrain. Il prépara des listes de médecins et d’infirmières prêts à s’engager dans la Résistance militaire clandestine, quand le soulèvement national adviendrait. »


On peut penser qu’Aragon n’a pas été étranger à l’installation d’un hôpital de la Résistance à Saint-Donat, à l’arrière de la boulangerie Ronjat, en connivence avec son ami Jean Chancel dont la pharmacie était juste en face, de l’autre côté de la rue.

Ainsi, grâce à cet Américain débarqué en août 1944 sur les côtes de Provence, retrouvant Aragon et Elsa à Saint-Donat, nous découvrons un aspect important de l’activité de résistance d’Aragon, souvent ignoré. La résistance intellectuelle, elle-même, a pu prendre des formes très variées. On mesure mieux comment des hommes et des femmes qui, sans avoir de mitraillette à la main, ont contribué, avec leur arme, l’écriture, à la lutte contre l’occupant allemand et ses collaborateurs de Vichy.

Un poème de Peter Rhodes : Do not think of me as
(Ne pense pas comme si)

Tu ne dois pas dire : il m'a quittée
Je suis simplement au delà du vallon
II n'y a pas de quoi se lamenter
Lorsqu'une seule voix s'éteint doucement
Désormais de ces lèvres les paroles au sens nouveau
Ne frétilleront plus semblables au vol léger
De l'oiseau car la joie le rire les mots
Leur souvenir aussi léger qu'un baiser
Ne tremblent qu'un instant au bord de l'abysse
Puis dans l'espace lentement s'évanouissent.


Peter C. Rhodes 1.


Notes :
[1] Chantal Girardin, « Le fonds Rhodes ».
[2] Aragon, « Peter mon ami ».
[3] C’est ainsi que Louis Aragon et Elsa Triolet, aidé de « journalistes » de circonstance comme René Montlahuc ou Pierre Lenoir, éditèrent La Drôme en armes, imprimé chez Gerin à Romans. On peut se reporter à l’article de Jean Albertini dans le n° 7 d’Études drômoises, d’octobre 2001.
[4] Ces indications permettent de situer approximativement la date de l’entrevue. La bataille dite de Montélimar se termine le 30 août. Lyon est libérée le 3 septembre. C’est le 7 septembre qu’Aragon prononce une allocution à Radio-Grenoble. C’est vraisemblablement au début septembre 1944 que Peter Rhodes a rencontré L. Aragon et Elsa à Saint-Donat.
[5] Elisabeth et Lucien Andrieux.
[6] « Peter Rhodes : Aragon, un chef de la Résistance ».
[7] Andrée Viollis, écrivaine et journaliste très connue a publié une vingtaine de livres dont Indochine SOS, Gallimard, 1935 (Préface de André Malraux). Elle mit son talent au service de la défense de l’Espagne républicaine et de la lutte antifasciste. Elle passa toute la guerre à la pension Beauvallon de Dieulefit. Elle participa activement à la Résistance.
[8] Louis Aragon, « Peter mon ami ».
[9] Le dernier numéro de La Drôme en armes est daté du 5 septembre 1944. La date de la rencontre devait se situer un ou deux jours avant.
[10] Il est vraisemblable que ce marc ait été produit par la famille Nivon de Saint-Martin-d’Août. Claire Bret, née Nivon, dont le mari était prisonnier, avait laissé son appartement de Saint-Donat où elle hébergeait Louis et Elsa. Elle était retournée chez ses parents chez qui se rendaient le couple d’écrivains. Aragon avait dû probablement y assister à la distillerie du marc de raisin à l’automne dernier. Le « nous-mêmes » signifie que c’est une production locale et non un achat dans le commerce.
[11] On peut remarquer ce grand souci d’Aragon, parlant à des Américains et sachant sans doute ce que leur commandement avait prévu pour la France libérée : la mise sous tutelle (Amgot).
[12] Petite erreur : Aragon partit le 2 septembre 1939.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Si l’on veut approfondir davantage ces questions, on peut consulter les publications suivantes :
Louis Aragon, « Peter mon ami », Faites entrer l’infini, n° 31, juin 2001 (reprise d’un article paru dans Les Lettres françaises de janvier 1966). Chantal Girardin, « Le fonds Rhodes ». Faites entrer l’infini, n° 30, juin 2002. Pages 18-19. Jean Albertini, « Aragon et Elsa Triolet résistants à partir des documents du Fonds Rhodes », non publié. Guide d’infirmiers destiné aux patriotes édité par le Comité National des Médecins (Z. sud) adhérent au Comité Médical de la Résistance. Bibliothèque française, 1944. 8 pages. « Peter Rhodes : Aragon, un chef de la Résistance », présenté par Jean Albertini et Daniel Bougnoux. Les Annales de la Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet (SALAET). n° 1, 1999. Pages 101-129. « Catalogue des documents du Fonds Ione et Peter Rhodes », établi par François Eychart. Les Annales de la Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet (SALAET). n° 6, 2004. Pages 382-396. Aragon, « Le rendez-vous de Valence », annoté par Bernard-Marie Despesse. Jean Albertini, « La Drôme en armes ». Études drômoises. n° 7, octobre 2001.