Mémorial d’Espenel

Légende :

Mémorial d’Espenel en bordure de la route départementale 93 et de la rivière Drôme.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : cliché Alain Coustaury

Source : © Archives Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur, renseignée.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Espenel

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Analyse média

Le mémorial d’Espenel est implanté entre la Drôme et la route départementale 93, route touristique très fréquentée. Sur la rive gauche de la rivière, en hauteur, le village d’Espenel contrôle la vallée. Les trois murs qui constituent le mémorial symbolisent la topographie montagneuse du lieu accidenté propice à la guérilla. Le mémorial a une façade de 33 mètres et une profondeur de 26 mètres. Il est constitué essentiellement par un mur représentant la silhouette d’un navire. À la proue, dans une sorte d’écubier a été disposé l'insigne de la compagnie Pons, ancre de marine et croix de Lorraine formée par deux jas sur la verge de l'ancre. Cette architecture particulière rappelle que le capitaine Paul Pons, chef de la compagnie portant son nom, était un officier de la marine marchande.

Le mémorial est situé sur les lieux mêmes des combats de juillet 1944. Il a été inauguré le 21 juillet 1999. Cette date correspond à celle, en 1944, de l’attaque du Vercors, massif situé au nord de la rivière Drôme. Le lieu de mémoire, construit sur un terrain de la commune d’Espenel, est né d’une rencontre entre Max Liotard, conseiller général du canton de Saillans, Marie-Christine Darfeuille et Michel Eymas, respectivement maires d’Espenel et de Saillans, et Albert Fié président de l’Amicale de la compagnie Pons.

Le mémorial a été financé à hauteur de 3 000 € par les Anciens Combattants, 10 500 € proviennent de la réserve parlementaire, 1 500 € plus le terrain du District rural du Canton de Saillans et 30 000 € du conseil général de la Drôme.

Il est l’œuvre de Christian Vaude architecte à Saillans. L’ancre de marine, insolite dans ces régions montagneuses, a été réalisée par Jean-Claude Rambaud, ferronnier sculpteur à Châtillon-en-Diois. Elle a été dessinée et stylisée par Christian Vaude et Albert Fié. Elle a été confectionnée avec du carré de fer de 20 mm, garni de plaques de tôle, pour un poids total de 100 kg et une hauteur de 1,7 mètre. Les trois mâts de 6 mètres portant les drapeaux tricolores sont du même artiste.

Sur le mur portant l’ancre, on distingue des plaques sur lesquelles sont gravées les textes suivants :

Sur la plus petite :
Le 21 JUILLET 1944
… les Allemands montant à l’assaut du Vercors,
après avoir été attaqué par la Cie CHAPOUTAT et
subi de lourdes pertes au PONT des GRANDS CHENAUX,
entre AOUSTE et BLACONS,
se heurtaient en début d’après-midi à la Cie PONS,
en position rive droite et rive gauche de la rivière DRÔME
et le long de la D93, entre SAILLANS et ESPENEL
TOI QUI PASSES …
regarde le village d’ESPENEL
qui fut ravagé et brûlé par l’armée Allemande
REGARDE AVEC RESPECT …
… et si incroyant ou bel esprit
tu peux encore vivre librement, rire, parler, contester,
ironiser fier de ta LIBERTE,
n’oublie jamais, que seul le sacrifice de quelques uns,
t’a fait HOMME.


Sur une plus grande plaque sont inscrits les noms des Résistants des compagnies Pons et Chapoutat morts au combat et les victimes civiles d’Espenel et de Saillans.

D’autres plaques ont été ajoutées depuis la prise de la photo.

Une troisième porte les noms des résistants de la compagnie Pons tués pendant toute la campagne. Une plaque rappelle les circonstances de l'arrestation d'otages à la suite du sabotage du 22 décembre 1943. Le souvenir des trois compagnies qui ont opéré dans la vallée de la Drôme est inscrit sur une 5e plaque. Le 21 juillet 2010, en présence de sa fille, a été dévoilée une plaque en souvenir de Francis Cammaerts décédé en 2006.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

Le mémorial commémore le souvenir de deux épisodes importants.

Le premier est celui de la répression allemande à la suite du sabotage de la voie ferrée Livron – Veynes au niveau de la commune de Vercheny. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, la voie est sabotée entre Vercheny et Pontaix à la hauteur de Barsac.

Cinq jours après, les Allemands encerclent les villages et rassemblent les hommes de 18 à 45 ans. Sur les 80 hommes arrêtés, 57 sont déportés. 37 d'entre eux ne reviendront pas des camps.

Le deuxième épisode concerne les combats de l’investissement du massif du Vercors en juillet 1944 lors de l’opération Bettina. Le premier accrochage a lieu à Aouste-sur-Sye, au pont des Grands Chenaux le 21 juillet 1944.

Remontant la RN 93, la colonne allemande, assaillie aux Grands Chenaux le matin, est attaquée à nouveau dans l'après-midi entre Saillans et Espenel par la compagnie Pons. Onze Résistants sont tués. Le combat ne cesse qu'à la tombée de la nuit. Dans la bataille, une cinquantaine d'Allemands auraient été tués à la grenade Gammon. Les Allemands, qui occupent également Blacons en fin de journée, incendient le village d'Espenel et des fermes environnantes à titre de représailles.

Malgré la résistance opposée par les maquisards, les Allemands progressent et remontent la vallée de la Drôme jusqu’à Die. Puis, empruntant la route du col de Rousset, ils pénètrent au cœur du Vercors, faisant leur jonction avec les autres troupes qui avaient investi le massif.

Le 23 juillet 1944, l’ordre de dispersion donné par le commandement de la Résistance marque la fin de la résistance organisée du Vercors. La répression va s’abattre sur le massif et ses alentours.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.