Analyse média

Portrait de Lucien Dufour, "capitaine Paris" (1920-2002).

Contexte historique

Lucien Dufour est né à Paris dans une famille modeste dont il est le huitième enfant. C'est un autodidacte. Évadé de Paris en 1941, il s'engage dans l'armée de l'Air. Il en démissionne lors de l'Occupation de la zone Sud. Il est déporté en Allemagne. Au cours de tentatives de sabotage, il est blessé deux fois. Il s'évade en septembre 1943. Il gagne le sud de la France, saute du train près d'Orange pour éviter un contrôle, se rend chez P. Picq, un ami qu'il a connu à la base aérienne lors de son service militaire. Il a le crâne rasé, les poumons pris, porte une blessure à la tête. Picq lui fait connaître un docteur ; puis il le protège jusqu'à Nyons. Caché, réconforté, soigné, il est mis en contact avec le maquis FTP de La Chaboîte (Arpavon), où il prend le nom de "Paris", sa ville natale. Il a alors 23 ans.

Dès son arrivée, il est en présence de la Résistance communiste dont il parle dans ses ouvrages. Il sait aussi apprécier les femmes en Résistance, "la force redoutable qu'elles représentent", également "l'énergie insoupçonnée" qu'elles recèlent, "dont, d'ailleurs, l'ennemi n'eut jamais pleine conscience" ; il sait bien que l'adversaire se sert d'elles aussi "pour appâter les jeunes et obtenir des renseignements".

Mais Lucien Dufour parle très peu de lui, même s'il a beaucoup écrit (deux livres sur ce qu'il a vécu au maquis), ce qui ne facilite pas la réalisation de son portrait ni n'explicite son ascension. Cette gène a le mérite de souligner sa discrétion, une de ses qualités foncières.

Il crée le 1er bataillon FTP à Buis-les-Baronnies.

Le 25 février 1944, commandant cette formation, il attaque un train de militaires allemands (train de troupe) au défilé de Donzère (appelé aussi le Robinet) : déraillement du convoi, sous le feu des maquisards, nombreux morts et blessés chez l'adversaire pris par surprise ; celui-ci cependant se ressaisit, riposte, poursuit les assaillants, donne l'alerte. Quelques blessés légers chez les attaquants ainsi que deux véhicules endommagés et abandonnés. Une action comme "le coup du Robinet", ainsi appelé par la suite, déstabilise et accroît le sentiment d'insécurité chez l'occupant tout en fortifiant la conscience d'efficacité parmi les combattants de la Résistance.

En avril 1944, à la suite du nettoyage de Nyons par la Milice et la Gestapo, le maquis de "Paris" décide de réagir. Il entreprend une opération dans la nuit du 30, qui doit être annulée : Lucien Dufour fait une chute de moto dans les gorges de Saint-May dès les premiers instants de l'action. Il est immobilisé à l'hôpital de Buis : il a une fracture du bassin.

Fin mai 1944, L. Dufour, grièvement blessé par balle, est évacué dans une ferme, puis hospitalisé au Buis. Il est sauvé par soeur Thérèse d'Avila ; alors que les Allemands perquisitionnent l'établissement, elle le cache à la morgue, se met en prière auprès de lui et obtient de l'occupant le respect des morts.

Le 2 août 1944, le capitaine Dufour ("Paris") prend le commandement du 4ème bataillon FTPF (secteur du Diois), sur ordre de la région E3, qui forme à cette date le 1er régiment FTP Sud-Drôme. Cette unité est bientôt engagée dans la bataille de Montélimar.

Il participe ensuite, avec la Première Armée, à la campagne d'Alsace. Il est l'un des premiers officiers à franchir le Rhin. Il participe à la guerre d'Indochine. Il quitte l'armée à son retour et intègre le milieu médical. Au cours d'une retraite active dans le Vaucluse, il écrit notamment Mémoires de l'ombre en 1989 et Drôme Terre de liberté, "tu t'appelleras Paris", en 1994. Il décède en 2002.