Place Maréchal Pétain à Crest

Légende :

La place de l’Hôtel-de-Ville et de l’Église est devenue la place Maréchal Pétain.

Genre : Image

Type : Carte postale

Producteur : Carte Narbo

Source : © Collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Carte postale sépia.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

La photo montre la place centrale de la ville de Crest. L’Hôtel de Ville, depuis, a été déplacé dans une construction nouvelle à une centaine de mètres. À gauche de la mairie, l’escalier permet d’accéder aux salles municipales, notamment à salle des mariages. Le rez-de-chaussée de l’édifice abrite la Justice de paix. L’église est aussi implantée sur cette place, à l’est de l’Hôtel de Ville.
Une fontaine monumentale, déplacée depuis, orne la place plantée de platanes comme dans la plupart des villes du sud de la France.

Le choix de la place publique baptisée, après l'armistice, Maréchal Pétain est certainement très intentionnel. Il s’agit d’un lieu où passent tous les habitants, devant deux bâtiments publics fréquentés. La mairie, dans cette période, est le bureau de distribution des papiers divers et, notamment, des cartes d’alimentation. Toutes les familles y viennent au moins une fois par mois. Bien qu’avec une proportion notable de protestants, la majorité de la population est catholique. Elle fréquente l’église, pour le moins, lors de la messe dominicale. On peut voir là la dimension religieuse de l’opération. Sur cette place se déroulent aussi les cérémonies officielles. C’est donc à une des places les plus fréquentées de la ville que le nom du chef de l’État français a été donné.

La place est devenue, à la Libération, la place Général de Gaulle.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Tout doit contribuer à mettre en avant le nom du maréchal Philippe Pétain. Un des moyens est de débaptiser une rue, une place et de lui donner son nom.

Les autorités pensent que c’est d’autant plus efficace que le nom précédent évoquait celui d’une personnalité dont les idées auraient été contraires à la Révolution nationale. C’est le cas à Romans-sur-Isère où la place Jean-Jaurès est devenue, fin 1940, place Maréchal Pétain. Elle a retrouvé sa dénomination initiale en 1944. 


À Bourg-de-Péage, le 30 octobre 1940, par décision municipale, l’avenue de Barbières devient l’avenue Maréchal Pétain. Dans la plupart des villes, le nom du maréchal Pétain est ainsi associé à un lieu public. La Drôme est en zone non occupée, mais tout est entrepris pour instaurer un culte de la personnalité du chef de l’État français, ancien vainqueur de Verdun, figure mythique du sauveur. On essaie de créer ainsi une relation particulière entre celui qui a fait don de sa personne à la France, « un vieil homme de 84 ans et un peuple à la dérive, déboussolé, convaincu d’avoir été trompé et abandonné ». Cette représentation populaire du « grand soldat… qui sacrifie la fin de sa vie pour servir une dernière fois son pays tient lieu de pensée politique ». « La vénération maréchaliste a anesthésié les esprits avant de s’effriter par paliers à partir de 1941 » (Pierre Laborie). Les campagnes de propagande envers la jeunesse, les enfants des écoles, les familles comme ces dénominations de rues ou de places pour leur donner le nom du maréchal Pétain contribuent à modeler la conscience des Français. Le tout est enveloppé dans un matraquage médiatique à la radio, aux actualités cinématographiques, par des affiches ou dans la presse acquise aux thèses gouvernementales.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Jeanne Deval, Les années noires, éditions Deval, 1984. « Pétain et Laval » de Pierre Laborie, Dictionnaire historique de la Résistance, (sous la direction de François Marcot), éditions Robert Laffont, 2006.