Roger Zoller

Légende :

Roger Zoller, chef d'état-major FFI de Seine-et-Oise Sud

Genre : Image

Source : © Service historique de la Défense, 16P607825 Droits réservés

Lieu : France - Ile-de-France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né le 26 décembre 1904 à Paris (10e), Roger Zoller est licencié en Lettres et lauréat du concours de langues étrangères. Sursiatire de la classe 1924, il est appelé au service armé avec la classe 1925 et incorporé au 46e régiment d'infanterie le 10 novembre 1935. Il fait la campagne de Syrie comme volontaire et est renvoyé dans ses foyers le 10 novembre 1926. De 1936 à 1939, il suit les cours de perfectionnement de l'EPSOR* de la Pépinière (section de Neuilly). 

Rappelé à l'activité par le décret de mobilisation du 2 septembre 1939 comme caporal au 415e régiment de Pionniers, en Alsace, il est nommé caporal-chef le 1er janvier 1940, alors qu'il faisait fonction d'officier dans son service. Le même mois, à la suite d'une note adressé par la Présidence du Conseil, il est nommé interprète de langue allemande, ayant rang d'officier, et affecté au bataillon de télégraphistes n° 808. 

Fait prisonnier le 1er juin 1940 à La Bresle (Vosges), il s'évade du stalag de Colmar le 21 juillet et rentre à Paris aux alentours du 15 août 1940. A son arrivée dans la capitale, Zoller trouve les ateliers de la FRANCAM, dont il était l'administrateur unique, réquisitionnés par les occupants. Alors qu'il était en situation irrégulière (évadé, non démobilisé et sans papiers),  et malgré l'interdiction des Allemands de laisser sortir quoi que ce soit de l'usine, il réunit rapidement son personnel et fait terminer au plus vite les vêtements à demi confectionnés et livre le tout au Val de Grâce pour être mis à la disposition des prisonniers de guerre. Ce fut son premier acte de résistance à un ordre allemand. Une enquête effectuée par les autorités allemandes ne permit pas à celles-ci de se rendre compte du rôle exact joué par Roger Zoller dans cette affaire, grâce à l'aide que lui a apporté l'Intendant Amicel du Val de Grâce. 

Engagé dans la Résistance dès son retour de captivité, il organise un service d’aide aux évadés : faux actes de démobilisation, cartes d’identité, cartes de travail, aide matérielle, placement dans des usines françaises. 

En 1942, par l'intermédiaire de Jean-Marie de Frémonville, il prend contact avec le SR "Dominique" puis en 1943 avec le SR "Pellerin" à qui il fait parvenir notamment le plan des poudreries utilisées par les Allemands en France, tous les renseignements industriels concernant les passations de commandes officielles allemandes effectuées par le Commandant en chef de l'armée d'occupation et bien d'autres précisions sur les divers services administratifs. 

Au début de l'année 1943, il rejoint le mouvement Ceux de la Résistance sous le pseudonyme de "Noë" et y intègre le groupe qu'il a déjà constitué. Pierre Commin, chef départemental de CDLR pour la Seine-et-Oise, le nomme délégué du mouvement pour la région Mantes-Poissy. 
Il forme une compagnie FFI dans la région de Houdan puis une seconde dans le secteur de Poissy. A la tête de sa compagnie, il dirige plusieurs attaques de convois allemands et de sabotages de voies ferrées dans la région Septeuil-Orgerus.
En décembre 1943, Roger Cocteau-Gallois le nomme chef militaire de CDLR pour la Seine-et-Oise avec le grade de capitaine.

Au moment où la question des équipements de la Résistance s'est posée, Zoller a mis immédiatement son personnel et ses moyens techniques à disposition. A la demande l'état-major national FFI, 60.000 brassards et calots furent ainsi fabriqués en pleine clandestinité dans son usine. Ces brassards tricolores portaient le V et la croix de Lorraine, un numéro d'ordre et le tampon du Chef d'état-major. Pour mener à bien cette opération, les équipes de Zoller volèrent aux Allemands plus de 10.000 mètres de tissu. Dans son usine réquisitionnée, il réussit à créer un local de stockage clandestin. La fabrication lui paraissant trop lente, Zoller décide d'assurer l'exécution du timbrage dans un atelier désaffecté lui appartenant, 134 rue de Tocqueville. Les brassards et calots confectionnés à l'usine partaient dans un camion sur l'arrière duquel étaient disposés des uniformes allemands, puis estampillés rue de Tocqueville. Souhaitant faire courir le moins de risque possible à ses employés, Roger Zoller prend en charge personnellement la livraison des équipements sur une période de trois mois environ.

Vers le mois de juillet, la Résistance ayant besoin d'argent, Zoller fournit aux trésoriers de CDLR, trois millions de francs et, en plus de ce don personnel, il obtint 1,5 million de francs en dérobant aux Allemands du tissu immédiatement revendu.

Sur l’initiative de Zoller, des manifestations patriotiques eurent lieu à Courgent et Septeuil entre le 8 et le 10 juillet 1944. Plus de 600 personnes, venues des enivrons, participèrent aux funérailles de six aviateurs britanniques abattus au cours d'un combat aérien le 8 juillet. Ce sont les troupes commandées par Zoller qui assurèrent les funérailles militaires de ces aviateurs alliés. Recherché à la suite de cette manifestation, il quitte son domicile le 10 juillet 1944. 

En juillet 1944, Pierre Commin, devenu entre temps, vice-président du Comité départemental de libération de Seine-et-Oise, le propose à Serge Léonard, Commissaire de la République, pour exercer la fonction de sous-préfet de Mantes. Zoller commence alors à organiser la future administration de l’arrondissement de Mantes. Sur proposition du général Koenig, il est promu chef de bataillon à compter du 7 août 1944. Pendant les combats de la libération, il est chef d’état-major FFI de Seine-et-Oise Sud. Le 19 août 1944, il est aux côtés de Rol-Tanguy dans son PC de la place Denfert puis il participe quelques jours plus tard avec Lecompte-Boinet à la prise du Ministère des Travaux Publics. 

Zoller est officiellement nommé sous-préfet de Mantes le 24 août 1944. Alors qu'il aurait pu rester à son poste de sous-préfet et même devenir préfet, jugeant sa mission terminée, il demande en janvier 1945 à réintégrer l'Armée pour poursuivre la guerre. Le 1er octobre 1944, il avait déjà contracté un engagement pour la durée de la guerre. 

Après un court stage au bureau de l'état-major de la 1ère Armée, il est affecté à la Mission Militaire Française de Liaison auprès du 65e Groupe d'armées. Grièvement blessé le 24 avril 1945, le général de Lattre lui remet la croix de Guerre à l’ordre de la Division. Affecté le 1er août 1945 comme chef de section alliée au cabinet militaire du général commandant en chef en Autriche, il est démobilisé le 11 décembre 1945 et reprend ses activités professionnelles : gérant de la Manufacture française de confection ex-FRANCAM (confection de costumes militaires et administratifs) et de la société France-Coloniale (exportation et importation de textile).


* Ecole de perfectionnement des sous-officiers de réserve


Auteur : Fabrice Bourrée
Source : Service historique de la Défense, 16P 607825