Mémorial de Saint-Julien-du-Verdon (Alpes-de-Haute-Provence)
Légende :
Mémorial de Saint-Julien-du-Verdon, Alpes-de-Haute-Provence
Genre : Image
Type : Mémorial
Source : © Collection MRA Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en couleur.
Date document : 11 juin 2004
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Alpes-de-Haute-Provence - Saint-Julien-en-Verdon
Analyse média
Le monument est situé quelques centaines de mètres avant le carrefour N202 (Annot)/D955 (Castellane) en venant de Saint-André-les-Alpes.
Transcription :
« Ici, le 11 juin 1944,
ont été lâchement abattus et dépouillés de tout par les Allemands
11 patriotes français des groupes de Résistance "corps francs de la Libération et Combat"
de la région de Nice et de Puget-Théniers
CAMPAN Gilbert
AUBÉ Césaire
GALLO Francis
DEMONCEAUX Roger
MAGNAN Roger
ADAM Jacques
GIORDAN Félix
MAGNAN Aimé
CASIMIRI Nonce
BALDO Georges
BANDINI Albin
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
couchés dessus le sol, à la face de Dieu
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. »
Péguy
Contexte historique
Le 6 juin 1944, le chef de l’antenne Sipo-SD de Digne, son chauffeur et neuf soldats de la Wehrmacht furent abattus dans deux embuscades tendues à proximité du village de Saint-Julien-du-Verdon. La Gestapo de Digne souhaita effectuer des représailles mais elle ne voulut pas sanctionner le village en tant que tel, qui aurait pu être brûlé ou voir une dizaine d’otages être passés par les armes. Elle souhaita que les victimes fussent d’authentiques résistants. Elle disposait à Digne d’un certain contingent de prisonniers, mais l’insécurité était telle sur les routes du département avec la mobilisation générale des FFI consécutive au débarquement en Normandie qu’un transport sur place était aléatoire et aurait pu entraîner la mort ou la capture d’Allemands supplémentaires.
Elle choisit donc de solliciter l’antenne niçoise, chargée de faire parvenir sur place en fourgon cellulaire onze résistants azuréens liés aux organisations militaires. Furent donc désignés Jacques Adam, Césaire Aubé, Georges Baldo, Albin Bandini, Gilbert Campan, Nonce Casimiri, Roger Demonceau, Francis Gallo, Félix Giordan, Aimé et Roger Magnan. Après un voyage effectué de nuit, les onze détenus parvinrent au petit jour sur le territoire de Saint-Julien-du-Verdon et reçurent l’ordre de se disperser dans un pré situé sous le village perché sous le prétexte qu’ils étaient désormais libres et pouvaient rentrer à pied à Nice. En fait, ils furent fauchés dans le dos par des rafales de mitraillettes et des coups de fusil.
Les villageois découvrirent les corps un peu plus tard et les transportèrent jusqu’à la chapelle, essayant de recueillir quelques indications de la part de deux mourants n’ayant pas reçu le coup de grâce, qui purent indiquer à l’abbé Isnard qu’ils provenaient de Nice. Le lendemain, la gendarmerie de Castellane se rendit sur les lieux et put identifier dix des onze victimes.
Un premier monument fut édifié à l’initiative de la commune grâce à une souscription des mouvements de résistance et inauguré le 23 juillet 1945. Il s’implanta sur un champ planté de onze drapeaux tricolores, le long de l’ancienne RN 202 (aujourd’hui RN 207) à proximité de l’intersection avec l’ancienne route départementale 955 (aujourd’hui 552) provenant de Castellane.
Le monument, rectangulaire, comprend une croix de Lorraine en haut relief. Signalons qu’au cours de l’un de ses déplacements en province, le président de la République, Charles de Gaulle, visita le site le 10 décembre 1960.
En 1996, d’importants travaux de réduction de point noir eurent lieu de la part des Ponts et Chaussées, le monument se trouvant désormais à une quinzaine de mètres de la route, bénéficiant d’une grille métallique entourant le site depuis 2004, année où furent posées onze dalles de granite noir formant une croix de Lorraine servant de support aux noms des martyrs. Signalons que, jusqu’en 1996, le onzième martyr était anonyme sur la plaque (X…). Cette année-là, avec l’autorisation du tribunal de Digne, le nom d’Albin Bandini (identifié dans des documents allemands en 1991) fut gravé dans le marbre.
La cérémonie du 11 juin à Saint-Julien-du-Verdon est particulièrement suivie, avec le sous-préfet de Castellane, les directeurs de l’ONAC des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, des représentants des communes d’origine des fusillés (Nice, Saint-André, Coaraze, Puget-Théniers), une délégation du lycée Masséna (cinq martyrs étaient encore scolarisés en juin 1944), des représentants des associations d’anciens combattants des deux départements, la musique des sapeurs-pompiers de la Ville de Nice et le conseil municipal du village.
Auteur : Jean-Louis Panicacci
Sources :
Archives du musée de la Résistance azuréenne, Martyrologe et dossier Saint-Julien-du-Verdon.
Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, Digne, imprimerie Vial, 1992.
CDIHP des Alpes-de-Haute-Provence, Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale, Digne, 1992.
Jean-Louis Panicacci, Les lieux de mémoire de la Deuxième Guerre mondiale dans les Alpes-Maritimes, Nice, Serre, 1997.
ONAC des Alpes-Maritimes, 11 juin 1944, les fusillés de Saint-Julien-du-Verdon, Nice, Service départemental de l’ONAC, 2006.