André Vincent-Beaume en 1953
Légende :
un des créateurs du réseau Nestlé-Andromède, il a assumé des tâches importantes dans la Résistance. Il a, après la guerre, été correspondant pour la Drôme du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.
Genre : Image
Type : Portrait
Producteur : Inconnu
Source : © Collection de madame Mauricette Vincent-Beaume, sa belle-fille Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en noir et blanc, 6 x 5 cm.
Date document : 1953
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère
Analyse média
André Vincent-Beaume habitait au 45 rue de la République à Bourg-de-Péage. Il était professeur à l’école pratique de Romans-sur-Isère.
Ancien combattant volontaire de la guerre de 1914-1918, il est mobilisé comme capitaine au DI 144 en 1939-1940.
Pendant la Résistance, il a joué un rôle majeur dans la Drôme et a assumé des responsabilités multiples.
Cette photographie date de 1953.
Auteurs : Jean Sauvageon
Contexte historique
Fin 1943, le réseau Nestlé est issu du réseau Gallia. À la suite du décès de son chef, en décembre 1943, le réseau prend le nom d’Andromède.
Son organisation dans la Drôme est expliquée par André Vincent-Beaume :
« En août 1943, Chapelle et son gendre Grimaud, ainsi que Morand me demandent à plusieurs reprises de bien vouloir faire partie d'une organisation militaire qui se monte. Une entrevue avec un délégué de cette organisation a lieu dans le bureau de Grimaud. Il s'agit de Drey [ou Dret] dit "Amieux" (sous-officier de carrière dans l'aviation). Il expose qu'il est chargé de créer un réseau de renseignements dans le sud de la France et cherche quelqu'un pour l'organiser dans la Drôme. Ce réseau doit renseigner avec précision sur les Allemands, ce qu'ils font et ce qui leur profite. Je réponds à Dret que je fais de la Résistance par devoir et non par intérêt quel qu'il soit, que je suis engagé à fond dans l'affaire du Vercors et que j'estime n'avoir pas le droit de m'en dégager. Dret raille alors le maquis dont, d'après lui, l'importance et le rôle futur ne sauraient se comparer à l'influence du réseau qui est une branche de l'armée régulière. Dret me présente à "Mistral", sous chef du réseau, employé de la préfecture des Bouches-du-Rhône. J'aurai le titre de chef de secteur de la Drôme du réseau Nestlé. J'organise d'abord à Romans. Je charge des amis bien placés de me renseigner sur les différents cantonnements ou lieux de travail où logent la troupe et les officiers. À la gare, un jeune Lorrain, Diebold (Daure) me tient au courant du trafic, connaissant l'allemand et ayant de nombreuses occasions de parler avec les boches, il me signale de nombreux faits intéressants. Il sera arrêté quelques semaines plus tard, jugé par la milice à Vassieux, déporté, et mourra au camp de Ohrdruf. Ensuite c'est Chapus, chef de gare à Romans qui le remplacera. J'accompagne Grimaud à Alixan et à Montélier pour le présenter à deux amis (André, instituteur à Alixan, domicilié à Chabeuil, et Dye sous-officier de carrière, à Montélier) qui le renseigneront sur l'aérodrome de la Trésorerie. En novembre 1943, j'ai la visite du grand patron Nestlé accompagné de "Mistral". Nestlé me démontre que mes relations avec le maquis sont dangereuses pour ma sécurité et celle du réseau. Il refuse que je fasse exécuter des sabotages "Vous avez des yeux, des oreilles, mais pas de bras". Il a l'intention d'installer un réseau d'émissions par radio dans la région. Il me faut trouver une trentaine de points d'émission. Il me demande aussi de trouver des points d'atterrissage de 600 m, abords bien dégagés (cela n'aura pas de suite). L'adjudant Fougerat propose la gendarmerie comme point d'émissions radio. Le chef radio est un officier de marine, François. Il me répète souvent : "vous êtes dans un pays de cocagne pour la Résistance". L'un des radios, Pierre, s'installe chez Philibert Bouchier à Bourg-de-Péage, chez Mme Pierre à Pizançon et chez M. Estéoule à Romans. J'essayais de faire réparer un de leurs postes chez Chave à Charpey et chez Chiron qui ne purent réparer. Après l'arrestation de ... [responsable du NAP], suivie de coup de mains sur nos PC de Lyon et Marseille, notre réseau tout entier étant en sommeil, je rejoins le plateau du Vercors. »
Le réseau Nestlé-Androméde
Les responsables :
Henri Jacquier-Garnier ("Mistral"), sous-chef du réseau pour la vallée du Rhône, employé à la sous-préfecture des Bouches-du-Rhône ; Drey ("Amieux") sous officier d'aviation ; André Vincent-Beaume ; Chevalier, "Roland", qui remplace Ferlin à la fin décembre 1943.
Les correspondants locaux :
Margès : Chosson (instituteur).
Chabeuil : Roger Armand (vétérinaire) chargé de l'observation de l'aérodrome.
Montélimar-Ancône : Ferlin, second du réseau, lieutenant de réserve, professeur, chargé du renseignement militaire et de l’organisation du réseau autour de Montélimar et de l’aérodrome d'Ancône, puis il remplace Grimaud à la surveillance de l'aérodrome de Chabeuil.
Montélier : Dye (sous-officier de carrière) .
Nyons : Majoureau (sous-préfet de Nyons) s'occupe du Sud-Drôme.
Die : Pissère (sous préfet de Die) s'occupe de l'est du département.
Romans : Henri Grimaud (officier d'aviation), chargé de l'Air. Gilbert Chapelle, chargé du contre-espionnage à Romans, beau-père de Grimaud ; Diebold, Alsacien parlant allemand, chargé de la surveillance de la gare de Romans ; Chapus (chef de gare) ; Fougerat (adjudant de la gendarmerie) ; Combe (marchand de vin), prend en charge les radios du réseau qui sont concentrées dans la ville ; Doyon (lieutenant de réserve) ; Morand agent de liaison avec le PC de Lyon, remplace Vincent-Beaume en mai 1944.
Valence : Un chef de service travaille à la préfecture, assure la surveillance de Valence ; Jean Perdrix (entrepreneur valentinois), il renseigne sur les travaux effectués sur l'aérodrome de Chabeuil ; Fusch (restaurateur à Valence), Alsacien, écoute attentivement tout ce qui se dit dans son restaurant ; Nicolas (directeur de la Banque Populaire) ; Marty (travaille à la préfecture).
L'indicatif du réseau pour Drôme-Ardèche était « Zéphir-Verveine ». L'indicatif des agents variait suivant leur arme d'origine ou leur fonction. Dans le réseau Nestlé-Andromède, on conservait son prénom, prenant comme pseudonyme le nom de jeune fille de sa mère.
Vincent-Beaume va organiser son réseau à partir d'un groupe d'instituteurs syndicalistes, sympathisants ou membres de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière), de surcroît anciens condisciples de l'École normale d’Instituteurs de Valence. Il mobilisera même un de ses anciens élèves devenu à son tour enseignant : Henri Chosson.
Auteurs : Jean Sauvageon. Patrick Martin.
Sources : Thèse de Patrick Martin. Gilles Vergnon, Le Vercors. Histoire et mémoire d’un maquis. Les éditions de l’atelier. ADD Valence, Fonds Vincent-Beaume. État des services d’André Vincent-Beaume.