Plaque en hommage à Théophile Potreau et Roger Le Forestier
Légende :
Plaque en hommage aux FTP Théophile Potreau et Roger Le Forestier, fusillés par les Allemands en 1943 et 1944, située au n° 2 impasse Nungesser et Coli à Versailles.
Au verso, portrait de Théophile Potreau (collection famille Potreau).
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Geneanet Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleurs
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Versailles
Contexte historique
Roger Le Forestier
Le 4 août 1944, la ville de Rennes vient d'être libérée par les Américains. Des soldats pénètrent dans la caserne du Colombier. Ils découvrent de nombreuses petites croix blanches plantées en désordre contre un mur, là où se trouvaient les écuries. A proximité, se trouve une petite baraque grillagée dans laquelle les suppliciés ont probablement été enfermés en attendant le moment de leur exécution. Certains ont vu ainsi leurs camarades fusillés. Le 8 juin 1944, 32 résistants dont 9 espagnols avaient été sortis des geôles de la prison Jacques Cartier pour être exécutés. Parmi eux se trouvait Roger Le Forestier. Né le 18 avril 1924 à Pleumérit-Quintin, il demeurait impasse Nungesser et Coli à Versailles. Responsable des FTP de la région versaillaise, il est arrêté le 16 mai 1944 par les Allemands.
Théophile Potreau (et non Potereau comme orthographié sur la plaque)
Théophile Isidore Potreau est né le 25 avril 1895 aux Forges, canton de Ménigoute (Deux-Sèvres). Le 17 décembre 1914, il est incorporé au 135e régiment d'infanterie puis passe au 217e le 22 juin 1915. Le 15 décembre 1917, il passe dans la réserve de l'armée d'active mais est maintenu sous les drapeaux avant d'être démobilisé le 11 septembre 1919. Il est affecté le 5 mai 1921 à la 4e section des chemins de fer de campagne où il occupe un poste de graisseur de trains, puis à la gare de Paris-Invalides. En 1937, il adhère à la section de Versailles du Parti communiste. Il est surtout actif dans le quartier des Chantiers où il réside. Il milite également au sein du syndicat cheminot. Enfin il appartient au Secours rouge international. Parti en exode le 10 juin 1940, il revient à Versailles le mois suivant.
En avril 1941, contacté par un camarade d'avant-guerre nommé Herniox, employé à la gare de Versailles rive droite, il rejoint le PC clandestin. Théophile Potreau commence à distribuer des tracts et des journaux, notamment L'Humanité et Le Journal des cheminots. Il confectionne également chez lui des papillons avec une imprimerie d'enfant. Ces tracts et journaux sont jetés dans les rues de Versailles et dans les bureaux SNCF de la gare des Chantiers. En décembre 1942, Potreau est sollicité pour rejoindre les rangs des FTP. En janvier 1943, il est nommé commandant FTP pour la région Ouest de Versailles sous le pseudonyme de Jean II.
Le 16 janvier 1943, il participe au jet de bouteilles incendiaires sur un train transportant des troupes allemandes à Jouy-en-Josas. Lors de son interrogatoire par la BS2, il évoquera cet attentat en ces termes : "J'avais repéré au cours de mon service le passage journaliser, vers 20h, ou plutôt périodique, de convois de troupes allemandes se dirigeant vers Massy. J'avais également remarqué que du pont Albert il était facile de projeter des engins sur ces convois. Le 16 janvier 43, j'ai retrouvé "Raymond" vers 19h à proximité de la gare des Chantiers. Il était muni de deux bouteilles incendiaires. Nous nous sommes rendus au pont Albert où nous avons attendu le passage du train repéré. Lorsque le train est passé sous le pont nous avons jeté simultanément nos bouteilles sur les premiers wagons. Les bouteilles en se brisant ont pris feu et ont incendié les premiers wagons". (Archives de la PP, affaire Guyonnet).
Le 26 février, il attaque seul une plate forme transportant du matériel allemand au Pont Colbert avec des bouteilles incendiaires : "A 20h15, un wagon plate-forme chargé de munitions et de paille a pris feu à la sortie de la gare des Chantiers à hauteur du pont Colbert. Les employés s'étant aperçu assez tôt du sinistre ont pu isoler le wagon et limiter ainsi les dégâts. A la suite de l'explosion des munitions, le wagon a sauté, provoquant une rupture du fil de haute tension. Les autorités allemandes ont pris la direction de l'enquête" (AN, F60 1526).
Au mois d'avril, il attaque seul, couché dans un remblai, un train de munitions recouvert de paille, toujours avec des bouteilles incendiaires. En juin, il incendie un train de fourrage destiné à l'organisation Todt. Un mois plus tard, le 31 juillet, il incendie un avion transporté sur un train à la gare des Chantiers à Versailles. Enfin, le 11 juillet, il provoque l'explosion d'un train transportant des munitions en gare de Massy-Palaiseau. C'est sa femme qui confectionnait les engins incendiaires, tandis que leurs deux fils, Bernard et Jean, servaient d'agents de liaison au sein des FTP. Théophile Potreau dissimulait ses engins incendiaires dans son casier personnel à la gare des Chantiers.
Il est arrêté le 9 août 1943 par trois inspecteurs de la Brigade Spéciale n°2, à la suite d'une dénonciation. Jugé le 9 novembre 1943 au tribunal de Saint-Cloud, il est condamné à mort puis fusillé le 24 novembre au Mont Valérien. Théophile Potreau a été homologué le 22 mai 1947 au grade de capitaine FFI.
En 1979, la cellule communiste de la gare des Chantiers à Versailles prend la dénomination de cellule "Théophile Potreau". Son nom figure également sur une plaque apposée à la gare Montparnasse.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
Archives nationales, 72 AJ 195 (résistance en Seine-et-Oise), F60 1526 (rapports de gendarmerie).
Archives départementales des Yvelines, 1 W 175/1 (Cabinet du Préfet. Sabotages, attentats, menées antinationales. Juillet 1940-juin 1944), 1 W 177 (Attentats, sabotages. Rapports de police. 1943), 1 W 273 (Rapports du préfet aux autorités d'occupation, janvier 1943 - août 1944), 300 W 55 (Répression des menées communistes et terroristes).
Archives départementales des Deux-Sèvres, registre matricule.
Archives de la Préfecture de Police (rapports des RG sur les menées communistes, semaine du 8 au 15 août 1943 ; archives des BS, affaire Guyonnet).
Bureau Résistance, dossier individuel de Théophile Potreau.
ONAC de Versailles, dossier de CVR.
Archives de la famille Potreau.
Liste des 32 fusillés au Colombier le 8 juin 1944