Plaque en hommage à Jean Doinel

Légende :

Plaque attribuant le nom de Jean Doinel à un square de la ville de Brunoy, inaugurée le 8 mai 2010.

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Société d'Art, Histoire et Archéologie de la vallée de l'Yerres et des environs Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleurs

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Essonne - Brunoy

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Jean Doinel naît le 1 er février 1911 à Orléans. Il demeure à Brunoy depuis 1937 où son père est receveur des Postes. En 1940, après sa démobilisation, il reprend son travail à la Poste au service des télécommunications et devient père de famille. À cette époque, à la suite de l’appel à la radio du général de Gaulle, il prend contact avec la Résistance de Brunoy. Madame Scaffa le présente à Pierre Frichet ; il intègre le mouvement Résistance et rejoint l’état-major paramilitaire de Seine-et-Marne. Il organise un service de renseignements et apporte ses connaissances à l’organisation du département de Seine-et-Marne. Grâce à lui, de précieuses informations pourront être adressées à Londres, en particulier celles qui concernent les mouvements de trains militaires allemands sur la ligne PLM, les dépôts d’essence et même les bateaux sur la Seine. Il facilite le passage de la ligne de démarcation à des prisonniers évadés et leur fournit des papiers d’identité. Jean Doinel fait parti du Réseau Béarn comme agent P2 de renseignements. Il est aussi membre du Réseau Marco Polo (source : AERI). Ses noms de résistant sont "Dourot" et "Douane".
En 1943, Doinel rejoint le mouvement CDLR ; il collabore avec le lieutenant Cailleux dans la région de Fontainebleau. Au mois de novembre, il est nommé chef du 3e Bureau de la région P2 avec Henri Rivoire. En janvier 1944, il entre au réseau de renseignements du CDLV avec le colonel Douget et participe avec les patriotes des PTT de Paris à l’organisation du réseau téléphonique Roquette, en vue de la Libération. En février 1944, Doinel est nommé chef régional de la région de Brunoy, en remplacement de Pierre Frichet qui vient d’être arrêté. Il organise alors des groupes de résistance avec Henri Devarenne, sous les ordres directs du lieutenant-colonel Yves Masiée.

Quelques mois plus tard, le 17 mai 1944, il est arrêté à Paris chez Salviny, à la suite d’une dénonciation lors d’une réunion de résistants, en même temps que le colonel Douget (Cosson). Il est emmené à Fresnes où il restera du 17 mai au 20 juillet 1944 ; puis on le transfère à Royallieu (jusqu’au 17 août 1944), camp prison de Compiègne ; il y porte le matricule 4611. Le bombardement de la gare de Compiègne par l’aviation alliée en août 1944 impose aux nazis une réorganisation du trafic ferroviaire. La gare étant devenue inutilisable, c’est au cœur de la forêt de Compiègne, près du carrefour Bellicart, que stationne le train avec ses wagons de marchandises. Le 16 août 1944, les déportés de Royallieu dont fait partie Jean Doinel, sont chargés dans les wagons à bestiaux. Le 17 août 1944 au matin, le convoi s’ébranle pour Buchenwald. Ce sera le dernier train de déportés en partance de Compiègne à franchir la frontière allemande. Doinel y sera du 22 août 1944 au 11 mai 1945.

Lors de l’insurrection du 11 avril 1945 pour la libération du camp de Buchenwald, sous les ordres du commandant Louis Artous, du colonel Frédéric-Henry Manhès (ancien adjoint de Jean Moulin en zone occupée), chef du Comité des Intérêts Français et de Marcel Paul (principal responsable communiste qui deviendra ministre de la production industrielle dans le second gouvernement du général de Gaulle en 1946), le lieutenant Jean Doinel prend le commandement d’une compagnie clandestine de patriotes et participe à la libération du camp lors de l’avance des troupes alliées (source : Médaille de la Résistance).

Jean Doinel est très marqué par sa déportation en Allemagne. Il est rapatrié en France par un train sanitaire le 28 avril 1945, en compagnie de Pierre Frichet ; il arrive à Paris, passe par l’hôtel Lutétia et rentre à Brunoy. Dès son retour des camps, Doinel est élu maire de Brunoy, au cours des élections municipales de mai 1945, avec vingt voix contre deux au docteur André Froissant. Il succède comme maire à son camarade résistant des corps francs Vengeance, Henri Devarenne, mobilisé dans l’armée Leclerc. En 1945, Jean Doinel refuse de marier un concitoyen déporté civil rentré d’Allemagne avec sa fiancée enceinte. Le sous-préfet de Seine-et-Oise lui impose de procéder à la cérémonie et de marier ce couple. Doinel procède au mariage contraint et forcé, en tenue de déporté avec le triangle rouge sur la poitrine et l’écharpe tricolore. Cet évènement est relaté dans les journaux, dont Paris- Résistance du 23 décembre 1945 et jusqu’aux États-Unis dans un article du Time et de Life Magazine. En 1947, Jean Doinel ne se représente pas à l’élection municipale. Il habite à cette époque une maison au numéro 1 route de Brie à Brunoy. Il obtient le grade de Capitaine d’armée blindée et cavalerie (Journal Officiel du 19 juillet 1947).

Membre du parti gaulliste, il se consacre aux déportés de l’Ile-de-France dont il est le vice- président, puis de l’Essonne au même poste. Jean Doinel décède le 20 mai 2002 à Quincy-sous-Sénart. Il est inhumé au cimetière de Brunoy.


Jean Lerault, "Jean Doinel, résistant et maire de Brunoy de 1945 à 1947" in Le Monmartel, n°35, décembre 2008