Rue Louis Girard à Malakoff
Légende :
Louis Girard, l’un des déportés de Malakoff, est mort dans le camp de concentration nazi d’ Auschwitz. Aujourd’hui on se rappelle de lui car une rue et surtout un lycée professionnel portent son nom. Ce militant ouvrier a payé de sa vie ses engagements syndicaux et politiques et de résistant.
Genre : Image
Type : Plaque de nom de rue
Producteur : Claude Richard
Source : © Collection Claude Richard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleurc
Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Malakoff
Contexte historique
Louis, Georges, Henri, Girard, dit “Gigi”, né le 23 mai 1904 à Aix-les-Bains (Savoie) est arrivé à Malakoff vers 1934, il est domicilié au 14, rue Hoche (quartier du Clos Montholon) au moment de son arrestation. Marié avec Charlotte, ils ont deux enfants : Paulette et Claude, respectivement cinq ans et un an au moment de l’arrestation de leur père.
Louis Girard est jardinier communal à la ville de Malakoff (il travaille également un petit bout de terrain qu’il possède à la Cité-jardin). Secrétaire du centre intersyndical de Malakoff et du Syndicat CGT(U) des jardiniers de la Région parisienne, c’est un militant « bien connu des travailleurs pour son activité inlassable, pour son ardeur dans l’organisation de la lutte pour l’amélioration du sort des ouvriers. » Charlotte, son épouse, est ouvrière dans une usine de Malakoff et syndiquée à la CGT. En mai-juin 1940, au cours de l’ “exode”, la mère et les enfants partent se réfugier chez des amis en Eure-et-Loir (28). Sous l’occupation, Louis Girard diffuse des tracts. La police française le considère comme un « meneur très actif ». Le 6 décembre 1940, il est appréhendé par des agents du commissariat de Vanves lors d’une vague d’arrestation collective visant 69 hommes dans le département de la Seine. D’abord rassemblés à la caserne des Tourelles, boulevard Mortier à Paris 20e, ceux-ci sont le jour même internés administrativement au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise), créé deux mois plus tôt dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt. Pendant les quinze mois où Louis Girard s’y trouve détenu, son épouse et ses enfants peuvent lui rendre au moins une visite.
L’administration du camp lit systématiquement la correspondance des détenus et y relève toutes les informations concernant leur état d’esprit à titre individuel ou collectif… Le 7 mars 1942, Louis Girard est transféré au camp français (CSS) de Voves (Eure-et-Loir) en cours d’aménagement par un groupe de détenus, où il est enregistré sous le matricule n° ; 51. Il est “muté” à la place d’un autre détenu de Courbevoie, diagnostiqué porteur de la gale et qui est ramené le 28 février à Aincourt pour s’y faire soigner.
Le 10 mai 1942, Louis Girard fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise - 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 - Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Louis Girard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9h30.Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif. Le 8 juillet 1942, Louis Girard est enregistré à Auschwitz sous le numéro 45605 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée ; sa famille en a eu une copie). Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire - au cours duquel Louis Girard se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. Le 13 juillet - après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau - la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Louis Girard. Le 16 juillet, sans expliquer sa provenance, un gendarme apporte à Charlotte Girard un billet griffonné à la hâte : « Nous ne savons pas ou nous allons… Je vous embrasse. » Charlotte connaît par ailleurs l’existence des camps de concentration en Allemagne. Louis Girard meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp ; alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp au cours de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés… )
Après la guerre, la municipalité de Malakoff donne le nom de Louis Girard à la rue de Châtillon et au lycée professionnel de la ville. Son nom est inscrit, parmi les victimes du nazisme, sur le Monument aux morts de Malakoff, situé dans le cimetière communal et sur la plaque commémorative apposée à son ancien domicile.