Roger Raoux, maire de Romans à la Libération

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © Collection madame Roger Raoux Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : automne 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Roger Raoux a 34 ans. Il semble que cette photo ait été prise lors d’une cérémonie. Roger Raoux, portant costume et cravate, regarde droit devant lui. En arrière-plan, on distingue des branches d’arbre, de platane semble-t-il.

Il est né le 6 octobre 1910 à Molières-sur-Cèze dans le Gard. Fils de mineur, mineur lui-même avant d’être géomètre, après des études, il devient inspecteur des contributions indirectes. En 1943, il est en poste à Valence. Recherché par la police, il se cache, avec sa femme et son fils, à Rochechinard dans le Royans. Il rejoint la Résistance dans le Vercors où il devient le lieutenant "Morgan" dans le bataillon Fayard.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Association de Sauvegarde du Patrimoine Romanais-Péageois

Contexte historique

Les compagnies de maquisards du Vercors, après la dispersion, se reconstituent autour du massif. Celles qui comportent des résistants de la région de Romans, en particulier, se regroupent à proximité de la ville. Après le débarquement de Provence du 15 août 1944, la libération de l’agglomération de Romans et Bourg-de-Péage est envisagée pour couper ou freiner la retraite allemande.

Les Mouvements unis de Résistance (MUR) doivent choisir le futur administrateur de la ville pour remplacer le maire. Le choix s’est fait entre deux hommes, Victor Boiron, entrepreneur à Romans, adhérent du parti radical, franc-maçon, bien connu dans la ville, et Roger Raoux, proche de la SFIO, non Romanais. C’est ce dernier qui est préféré. On peut penser que le choix est politique. Victor Boiron n’aurait pu accéder au poste de maire puisqu’il a été abattu par les Allemands le 28 août près de Saint-Nazaire-en-Royans.

Fort de cette responsabilité, Roger Raoux rencontre, le 21 août, à Bourdeaux, Pierre de Saint-Prix, futur préfet, et Claude Alphandéry ("Cinq-Mars"). À Crest, il croise les Américains. Un colonel lui déclare que l’artillerie et l’aviation alliées ont l’intention d’anéantir le lendemain la garnison allemande de Romans. Ne pouvant accepter la destruction de la ville, il s’engage à la faire libérer par les FFI (Forces françaises de l'intérieur) dès le lendemain. De retour sur Romans, dans la soirée, il rencontre, dans les bois de Charmes-sur-l’Herbasse, Geyer ("Thivollet") à la tête des maquisards du 11e Cuir qui, de son côté, avait préparé l’attaque de la ville.

Dès 6 heures du matin le 22 août, les résistants investissent Romans. Thivollet voulant en conserver l’initiative et le mérite n’avertit pas les autres compagnies. Cependant, l’information filtre et la compagnie Daniel, puis les FTP (Francs-Tireurs et partisans) se joignent à l’attaque. Romans est libérée dans l’après-midi après 4 heures de combat. Les FFI ont perdu 12 des leurs, le jour même ou dans les jours suivants, suite aux blessures. Il faut ajouter 12 morts parmi les civils. Les Allemands comptent une quarantaine de morts.

Roger Raoux entre dans le bureau du maire vichyste et le met en état d’arrestation. En fin d’après-midi, il reçoit le commandant de la garnison allemande pour un interrogatoire.
Le 24 août, Alphandéry confirme Raoux dans ses fonctions d’administrateur. À 19 heures, les 16 membres du Comité de Libération se réunissent à la mairie ; Raoux en assure la présidence. Parmi eux, se trouvent Marcel Armand, Victor Boiron, Bernard-Brunel, Gilbert Chapelle, Pierre Cuminal, notamment. Le 25 août, le Comité se réunit à nouveau. Ses membres doivent regagner la clandestinité le 27 car la ville a été reprise par les Allemands. Après le retrait des troupes ennemies, le 30 août, le Comité se réunit le 4 septembre. Roger Raoux gère la ville jusqu’au 10 octobre, date à laquelle il est nommé maire par le Comité de Libération, fonction qu’il exercera pendant 7 mois environ.

En mai 1945, Roger Raoux ne se représente pas aux élections municipales. Il est cependant candidat aux élections cantonales, en septembre 1945, mais c’est Maurice Michel, du PCF, qui est élu. Il abandonne alors ses implications politiques romanaises.
Il part ensuite à Paris où il devient un des plus proches collaborateurs de Marius Moutet, ministre de la France d’Outre-Mer.

Roger Raoux meurt en 1994, dans le Gard où il est revenu en 1969, après le décès de Marius Moutet.


Auteurs : Laurent Jacquot et Jean Sauvageon
Sources : Sauvegarde du Patrimoine Romanais-Péageois, La Libération de Romans et de Bourg-de-Péage, éditions Alan Sutton, août 2004. Laurent Jacquot, 1944, « Roger Raoux, le maire de la Libération », L’Impartial, 13 août 2009. Copyright lien partenaire : Sauvegarde du Patrimoine Romanais-Péageois